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Blog : Léviathan

La tentation obscurantiste

Caroline Fourest nous présente ses réflexions suite à la publication de « La tentation obscurantiste » (où elle décortique la tendance d’une partie de gauche à s’allier avec les nouveaux obscurantistes, en particulier les islamistes et leur rhétorique antisémite)  dans une conférence donnée à la Fondation Gabriel Péri (c’est une fondation créée à l’initiative du PCF qui définit comme une structure libre de toute instrumentalisation politique et se veut « espace de rencontre [et] de confrontations pour favoriser l’émergence […] de propositions utiles à la construction d’une Europe et [d’]un monde démocratique et de progrès social »).

Dans cette conférence, Caroline Fourest revient sur la conférence de Durban consacrée à l’antiracisme, organisée par les Nations Unies, en Afrique du Sud.

Mme Fourest s’aperçoit, en effet, que « des militants antiracistes, européens, principalement, étaient prêts à manifester avec militants clairement islamistes, à cette conférence, en tenant des propos clairement antisémites ». Non pas antisionistes mais antisémites puisque les tracts qui circulaient regrettaient Hitler et que les livres vendus à cette conférence « antiraciste » n’étaient autres que les Protocoles des Sages de Sion, déclare la conférencière.

Pour la fondatrice de Pro-Choix (avec Fiametta Venner et Moruni Turlot) et d’autres militants demeurés imperméables à la « tentation », ce fut un choc. C’est ce choc qui a poussé Caroline Fourest à écrire ce livre, celui cité en tout début de texte, destiné à comprendre, à faire comprendre. Peut-être mais c’est une pensée personnelle, Caroline Fourest a-t-elle voulu tenter de soigner, un peu à la manière de Raymond Aron dans « L’Opium des intellectuels », publié en 1955 et qui s’en prenait à la tentation stalinienne, plus largement totalitaire, de nombreux intellectuels de gauche de l’après-guerre.

Ce cadre ne serait pas complet sans évoquer le contexte général qui se matérialisa après Durban : en effet, il y a eu les attentats du 11 septembre 2001. George Walker Bush, qui n’est le chouchou de personne ou presque, c’est peu de cas de le dire, incarne la lutte contre l’islamisme, la « guerre au terrorisme » pour reprendre l’expression consacrée. C’est alors, nous dit Fourest, que deux tentations émergent : l’une estimant que l’islam est la seule source de l’extrémisme et donc du terrorisme, l’autre, plus élaborée, vient de la gauche et estime que puisqu’il existe un risque réel d’amalgame (islam=islamisme, arabe=musulman, musulman=terroriste) « alors il va peut-être falloir un tout petit peu arrêter de critiquer l’intégrisme musulman, voire même il va falloir tisser des passerelles avec ces gens qui incarnent la résistance, finalement, à l’impérialisme américain et au sionisme ».

Notre conférencière ajoutera (je le précise par souci d’honnêteté) que le processus suivi par nombre de consciences de gauche n’a sans doute pas été aussi conscient mais il n’a pas non plus été gêné de la présence de militants des Frères musulmans au sein de différents Forums Sociaux Européens.

Ce cadre posé – je viens, en réalité, de résumer les deux premières parties de la conférence – j’aimerais vous faire part de quelques réflexions quand à ce que je viens de reproduire des deux premières parties de la conférence de Caroline Fourest, avant de vous laisser écouter la suite.

 

La tentation obscurantiste à l’assaut d’Israël

La première réflexion c’est que la gauche a, de tous temps été divisée (c’est une lapalissade, je vous l’accorde) mais elle l’a été, notamment autour d’une ligne de clivage essentielle depuis la fin de la Seconde guerre mondiale: d’une part la gauche anti-impérialiste, de l’autre la gauche anti-totalitaire.

Bien sûr, certaines individualités de gauche peuvent cumuler les deux mais je souhaite surtout revenir sur ces mots qu’a eus George Orwell, il y a près d’un demi-siècle : « la gauche est antifasciste, elle n’est pas antitotalitaire » (paraphrase). Cette citation de circonstance (elle n’est pas toujours valable) à le mérite de fournir un début d’explication : la gauche anti-impérialiste s’acoquine avec les totalitaires pour les besoins de la cause.

La deuxième réflexion, concerne le lien entre antisionisme et antisémitisme. Il me semble que dans l’écrasante majorité des cas, un antisioniste cache un antisémite. Certes, intellectuellement, les deux principes peuvent être dissociés et l’on trouvera certainement un ou deux antisionistes qui ne sont pas du tout antisémites. Or, le point que je voudrais aborder n’est pas celui-ci même s’il m’y conduit : le sionisme étant l’idée nationale, juive israélienne, être antisioniste c’est souhaiter la destruction de l’État d’Israël en tant que patrie des Juifs.

Les antisionistes ont beau jeu de déclarer que l’État d’Israël est raciste puisque c’est une patrie qui, explicitement du moins, est exclusivement destinée aux Juifs. Ce à quoi nous pourrions répondre que la France est la patrie du peuple français et que nul n’y voit la preuve d’un racisme ontologique. C’est alors qu’un antisioniste rétorquera que Israël est une théocratie puisque le juif est celui qui professe sa foi dans le judaïsme. Au secours, Maimonide!

Une amie historienne m’a appris récemment que Maimonide avait fait la distinction, précisément, entre juif/peuple et juif/religion. Théodore Herzl, pour sa part, destine Israël aux juifs qui se sentent la fibre nationale juive/israélienne et tandis que les autres juifs restent, bien entendu, libres d’être des « français israélites », par exemple (renonçant à leur appartenance au peuple juif sans pour autant renoncer à leur foi) et pour reprendre son expression dans « De l’État de Juifs ». À charge de preuve, l’on peut devenir citoyen israélien si l’on a un parent (ou un de ses grands-parents) juif quelque soit son sexe. Autrement dit, si votre père est juif mais pas votre mère, vous n’êtes pas religieusement juif mais vous pouvez vous réclamer du peuple juif et, à ce titre, vous pouvez acquérir la nationalité israélienne.

Il va donc sans dire que l’antisionisme paraît, d’emblée, suspect, notamment parce qu’il charrie dans son sillage nombre de préjugés à l’égard des juifs et d’Israël avec la mauvaise foi caractéristique de nombre d’antiracistes dont la « pureté de la foi » dispense de l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire.

D’un autre coté, il est vrai que Israël n’est pas une démocratie exemplaire mais quand vient le temps de se faire le redresseur de torts, en France nul ne souhaite la destruction de la France (quoique des fois, la question se pose), dès lors pourquoi souhaiter la destruction d’Israël au lieu d’engager une lutte pour les droits civils dans le respect de sa constitution (i.e. de ses lois fondamentales puisqu’il n’y a pas de constitution israélienne)?

Dernière réflexion : Rabin (juif, probablement agnostique, sioniste et partisan de la paix) disait qu’on ne fait la paix qu’avec ses ennemis. Que ceux qui aiment la paix sachent qu’ils doivent la faire avec leurs ennemis et non pas en souhaitant leur destruction. 

En conclusion, dénoncer le colonialisme israélien n’autorise pas à prétendre que Israël est, dans son essence, un État colonial. Israël est colonial uniquement en Cisjordanie et au Golan comme la France a pu l’être, hors de la métropole, à un moment de son histoire. D’autre part, l’anti-impérialisme de cette gauche qui s’acoquine aux totalitaires est effectivement aveugle au totalitarisme du Hamas et de nombre d’ennemis d’Israël et préfère combattre une démocratie imparfaite en s’alliant avec de parfaits fascistes.

 

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La conférence de Caroline Fourest donnée à la Fondation Gabriel Péri

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 59 minutes