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Blog : Sérum de Liberté

Quelques réalités sur l'Iran par Alexandre Del Valle

Interview d'Alexandre Del Valle (géopolitologue et spécialiste de l'Islam) par France Soir, le 18 juin 2009

FRANCE-SOIR. Qui est réellement au pouvoir en Iran ? Ahmadinejad ? L'ayatollah Khamenei ?

ALEXANDRE DEL VALLE. Depuis la révolution islamique et la Constitution de 1979 instaurée par l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, le pouvoir en Iran découle de Dieu (principe de « gouvernement jurisprudentiel ou religieux », en perse Vilayet al-Faqih), par l'intermédiaire du clergé chiite. Au sommet de la République islamique se trouve le Guide, autorité politico-religieuse suprême. Celui-ci, Khomeiny hier, Ali Khamenei aujourd'hui, commande le pouvoir exécutif visible, détenu par le président de la République, actuellement Mahmoud Ahmadinejad.

Aujourd'hui adversaires, Moussavi et Ahmadinejad ont-ils réellement deux idéologies opposées ?

Pas réellement. N'oublions pas que Moussavi a du sang sur les mains, qu'il fut Premier ministre du tyran révolutionnaire Ruhollah Khomeiny, et qu'il n'aurait pas pu se présenter comme candidat s'il ne faisait pas partie du « système ». On peut ainsi le comparer à un autre leader khomeyniste « historique », lui aussi « modéré » ou « réformateur », Mohammed Khatami, qui fut le président de l'ouverture et qui tendit la main, en 1997, aux Etats-Unis. Mais certains ont analysé les années Khatami comme le moment où l'on a « endormi l'Occident » et où la révolution islamique a relancé en toute quiétude son programme nucléaire. D'autre part, Moussavi n'a pas pardonné à ses successeurs et au guide d'avoir supprimé la fonction de Premier ministre qu'il occupa.

Jusqu'où la contestation peut-elle s'étendre ?

Même si Moussavi vient du « système », il se peut qu'il entame une rupture plus ou moins forte avec le régime, si le Guide Khamenei, le Président Ahmadinéjad et les Gardiens de la Révolution décidaient d'engager des répressions sans précédents, ce qui n'est pas inévitable. Les jeunes iraniens qui défilent ne sont pas tous des contre-révolutionnaires : ils revendiquent la légitimité semi-« démocratique » du régime. Je n'exclus certes pas le basculement du pays dans la guerre civile, mais ce scénario pourra être du moins encore quelques temps compromis par le sentiment nationaliste, et l'esprit de corps sur lequel table Ahmadinéjad face aux « pressions occidentales ».

Quel avenir pour le programme nucléaire iranien, civil et militaire ?

L'accès de l'Iran au feu atomique est difficilement évitable. La question est de savoir si l'Occident l'en empêchera militairement, ce qui est peu probable. Alors Israël en tirera les conclusions qui s'imposent et interviendra seule - si cela est encore techniquement possible - comme en Irak à Osirak en 1981, pour le plus grand bonheur des Européens et de l'administration Obama, qui ont tendu la main à l'Iran et rechignent à intervenir. Une fois de plus, Israël, qui joue là sa survie même, et qui est contrainte d'être plus lucide que l'Europe et les Etats-Unis, devra faire ce que ses « alliés » n'osent pas faire' D'autant que le tandem israélien Bibi Netanyahou-Avidgor Liberman n'est pas du tout sur la ligne américaine et européenne actuelle visant à dialoguer coûte que coûte avec les Mollahs' A cet égard, on peut noter que la France de Nicolas Sarkozy est l'un des pays occidentaux les plus ouvertement solidaires des insurgés iraniens et les plus vigilants face à la dérive négationniste, militariste, totalitaire et nucléaire de la république islamique iranienne, menace pour Israël, pour les pays arabes, pour l'Europe, pour les approvisionnements énergétiques et pour le monde libre.

Quelles conséquences peut avoir un nouveau mandat d'Ahmadinejad sur la sécurité dans la région ? Dans le monde ?

Des conséquences extrêmement graves. Premièrement parce qu'il est le candidat « choisi » par le Guide, les Pasdarans et la ligne dure du régime, deuxièmement parce qu'il adhère à la vision guerrière et messianique chiite de son maître l'Ayatollah Mohammad Taqi Mesbah Yazdi, l'un des membres du Conseil des Gardiens de la Révolution, qui envisage une sorte d'apocalypse guerrière entre l'Islam et l'Occident' Le régime islamiste et le Président iraniens constituent une menace pour Israël et pour ses voisins sunnites arabes et turcs, qui redoutent tant la nucléarisation de l'Iran que l'exportation de la révolution chiite dans les pays arabes sunnites. Téhéran est en effet très populaire au Liban, en Syrie et à Gaza, en raison de son soutien au Hamas et au Hezbollah. « Héros » de la cause palestinienne contre le « Satan sioniste », Ahmadinéjad soutien le phénomène de conversion massive de sunnites au Chiisme. Le régime iranien constitue également une menace pour l'Europe, dont les frontières sud sont déjà les cibles possibles des missiles Shéhab III et Séjil II (d'une portée de 2000 km) qui transporteront d'ici deux ans des ogives nucléaires'

EN PLUS: L'islam radical a un allié à la Maison blanche par Guy Millière.
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 51 minutes