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Blog : Carnets d'actualitéDu mauvais usage de l'Iran
Ce mois de septembre a enchanté l'âme des Français. Au point que mon épicier djerbien en est devenu philosophe. Au lieu de me dire simplement que l'on ne savait plus de quoi demain serait fait, il m'a dit qu'il fallait profiter à plein de cette bénédiction climatique car il n'y avait plus d'avenir. Un beau titre pour un poème d'Aragon ou une chanson de Léo Ferré. En attendant, ne boudons pas l'adhésion des Irlandais à un projet européen, fût-il imparfait. Pour vivre ensemble, l'Europe, c'est ce que les hommes auront fait de mieux depuis qu'ils sont apparus sur notre continent. Alors, l'avenir ? On sait qu'il dépend de la baisse du chômage, du retour à la croissance, de la diminution de la dette et du comportement de ces financiers qui nous ont fait tant de mal et qui se comportent comme s'ils n'avaient rien appris ni rien oublié. Mais il dépend en même temps de la façon dont les alliés vont sortir du bourbier afghan et répondre à la menace iranienne. Or il y a plusieurs choses dont on pensait qu'elles étaient devenues évidentes depuis le désastre irakien dont George Bush, Dick Cheney et tous les idéologues « neocon » avaient pris l'initiative pour rebâtir un monde qu'ils ne connaissaient pas. D'abord,le fait que, si le devoir d'assistance restait plus que jamais défendable, c'en était pratiquement fini du droit d'ingérence, exercé par un seul sous quelque prétexte que ce soit. Ensuite, que, parmi ces prétextes, il ne pouvait plus y avoir celui d'exporter et d'imposer la démocratie. Et cela parce qu'elle est conçue différemment selon les civilisations, parce que les peuples refusent qu'on leur impose quoi que ce soit de l'extérieur, enfin, parce que la démocratie n'a pas forcément abouti, dans un certain nombre de pays, à un progrès incontestable. Israël est sans doute une vraie démocratie pour les Israéliens mais pour eux seuls. Par ailleurs, il est maintenant admis que le monde est devenu multipolaire. C'est aussi ce que les Américains, les Chinois et les Russes, sans oublier les Indiens et les Brésiliens, considèrent comme la clef de l'avenir. Autrement dit, il n'y a plus une superpuissance qui pourrait s'arroger le droit d'être le gendarme du monde. Sans doute suis-je convaincu, comme Elie Barnavi, que dans le conflit israélo-palestinien, la paix devra être imposée et ne pourra l'être que par les Américains ? lesquels disposent d'ailleurs pour cela de l'accord des autres grandes puissances. En tout cas, l'idée jusqu'ici admise d'une « logique d'hégémonie » attribuée à une « hyperpuissance » a fait long feu. D'autres idées reçues sont également ébranlées. D'abord, le principe de la « préemption », qui est le nom hypocrite et noble que l'on a donné à toute intervention militaire préventive. On dit qu'il convient de s'opposer à la détention de l'arme nucléaire par un Etat qui menace d'en rayer un autre de la carte. On nous dit qu'Ahmadinejad est encore plus franc qu'Hitler et qu'il n'y a pas lieu de lui faire la moindre concession. Et dès qu'il s'agit de préparer une offensive contre le régime iranien - depuis que Barack Obama a été contraint de troquer son discours pacifiste contre une attitude plus adaptée aux provocations de Téhéran - on voit se regrouper quatre nations « occidentales » dont deux, la France et la Grande-Bretagne, sont les héritières d'empires coloniaux, dont la troisième, les Etats-Unis, est responsable de la guerre d'Irak, et la quatrième, Israël, l'enjeu même de la guerre projetée. Mais restent absents pour le moment l'ONU, l'Union Européenne en tant que telle, la Russie, la Chine, l'Inde' et l'ensemble du monde arabe. C'est-à-dire que quelques nations récupèrent pour elles seules le droit d'ingérence. Or, il y a eu, dans le passé, un précédent qui a marqué l'histoire. Ce fut la malheureuse intervention à Suez, en 1956, de la France, de la Grande-Bretagne et d'Israël après la nationalisation du canal par le régime égyptien de Nasser. Le monde arabo-islamique et tout le tiers monde y ont vu la preuve que le colonialisme occidental n'avait pas désarmé. C'est depuis cette date qu'Israël apparaît complice de l'entreprise occidentale, blanche et judéo-chrétienne. Sans doute George Bush père, lors de la première guerre d'Irak en 1991, avait-il eu le privilège incomparable, quelques années après la chute du Mur de Berlin, de bénéficier du soutien de tous les pays des Nations Unies à l'exception de deux abstentions pour décider de ce premier conflit dans le Golfe lorsque Saddam Hussein avait cru pouvoir annexer le Koweït. Arabes et musulmans - c'était essentiel ! - avaient donné leur caution. En revanche, il faut se rappeler les conditions dans lesquelles ont été décidées toutes les dispositions stratégiques qui ont abouti, en 2003, à la désastreuse et seconde guerre d'Irak. Ces conditions avaient en commun une seule caractéristique : ni l'ONU, ni l'Union Européenne, ni bien sûr la Russie ni la Chine n'avaient donné leur caution, même indirecte, à cette intervention. Le fils Bush a fait exactement le contraire de son père, pour le malheur de tous. Enfin, c'est à cette époque qu'Ariel Sharon devait accomplir ce que ses partisans ont appelé « un coup de génie » : faire du seul interlocuteur d'Israël, à savoir Yasser Arafat, non pas un modéré difficile par rapport au Hamas mais un chef terroriste aussi dangereux et coupable que Ben Laden. En amputant le leader palestinien de sa capacité et de sa volonté de négocier et en le présentant comme un islamiste déchaîné, Sharon renvoyait aux calendes grecques toute espèce de négociation de paix au Proche-Orient. Or c'est exactement la stratégie que poursuit aujourd'hui Benyamin Netanyahou. Sans doute n'est-il plus possible de discréditer Mahmoud Abbas, le leader palestinien dont Shimon Peres a fait solennellement l'éloge. Mais avec, hélas, le soutien de la majorité des Israéliens, leur Premier ministre s'oppose avec une obstination aveugle à la stratégie de Barack Obama selon laquelle la lutte contre l'Iran ne mobilisera les Arabes et les musulmans que si l'on obtient une paix entre Israéliens et Palestiniens. Pour une partie des juifs américains, Obama est pourtant le salut d'Israël. Mon épicier avait raison : il n'y a, pour l'instant, plus d'avenir, de ce côté-là en tout cas. J.D. 1 commentaire
Y'en a qui décidément comprennent tout à l'envers ! C'est presque encore pire que de ne rien comprendre.
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