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Blog : Carnets d'actualitéLE "GENIE" EN SUSPENS
LE « GENIE » EN SUSPENS
Sans doute fallait-il s'y attendre. Un miracle comme celui dont a bénéficié Barak Obama, je dis bien miracle, ne pouvait se prolonger indéfiniment. Je disais que je m'y attendais, surtout, en fait, pour conjurer le sort. Mais depuis ces dernières semaines la réalité s'impose : ce n'est pas seulement la fin de l'état de grâce, ce n'est pas encore la curée mais c'est le règne de l'incertitude. L'homme providentiel est toujours « génial » mais il paraît absent. La popularité du nouveau président à chuté auprès d'un grand nombre de ceux qui lui avaient permis d'accéder à la Maison Blanche. Les explications sont connues et personne ne manque de les ressasser : récession, chômage, Afghanistan, Iran etc. L'humiliation infligée par Benjamin Netanyahu à Barack Obama et à Hillary Clinton n'est pas passé inaperçue. Et personne ne peut jurer qu'il ne se passera rien avant Noël face aux provocations nucléaires iraniennes. Mais ce qui m'a, sur place, personnellement frappé, c'est que la révolution raciale qu'a représenté son élection à la présidence a été en quelque sorte dédramatisée, intégrée dans les esprits. C'est tout juste si l'on concède qu'il y a eu révolution. Comme si ce « changement » n'était même plus à mettre à son crédit. Pourtant, nous n'avons pas rêvé : il s'est bien agi d'un Afro-américain, issu, du côté de son père, d'ancêtres musulmans du Kenya et marié à une Noire de Chicago. Les belles familles noires se comportant comme des membres de l'aristocratie bostonienne, nous avions l'habitude de voir cela au cinéma, mais nous n'avions jamais pensé qu'il pouvait s'agir d'autre chose que d'une fiction. Cela ne veut pas dire que le racisme ou, disons, la distance à l'égard des Noirs aient disparu. Ils sont plus vivants que jamais chez 30 % au moins des Américains du Sud et, dans certains Etats que l'on connaît bien, ils dépassent les 60%. Le phénomène est si ancien, si enraciné qu'il ne pouvait disparaître par un coup de baguette magique. Mais enfin, le chemin parcouru par Barak Obama, de son premier livre sur son père jusqu'à ses discours de Philadelphia, du Caire et d'Accra, avec tant d'élégance, tant de conviction, tant de capacité de convaincre, est aujourd'hui reconnu par la grande majorité des Américains comme faisant partie, presque naturellement, de leur histoire. Si les choses se sont passées ainsi, c'est qu'elles devaient se faire. D'abord modérées, ironiques mais bienveillantes, les critiques sont cependant devenues féroces : Barak Obama ferait la preuve qu'on peut être parfaitement intelligent, visionnaire et homme d'Etat, maîtriser souverainement tous les dossiers et pourtant risquer d'échouer. J'écris après quelques jours passés à Washington, alors qu'Obama se préparait à partir pour Copenhague et que l'on s'attendait qu'il donne son feu vert aux généraux qui réclament des renforts en Afghanistan. C'est un fait qu'il a mis du temps pour prendre une décision difficile. Il a mis du temps parce qu'il prend son temps. C'est viscéral chez lui, c'est son tempérament et sa stratégie. Il interroge sans cesse, réfléchit sur les réponses ? et ne décide pas. Je caricature, sans doute, mais les anecdotes qui illustrent cette indécision sont trop nombreuses. D'ailleurs, comme il est d'usage dans une capitale où règne le Prince, il est de bon ton pour chacun des courtisans de poser des questions aux visiteurs plutôt que de leur apporter des réponses. Washington est ainsi devenu une ville ou les gens se posent inlassablement des questions les uns aux autres. Je me souviens d'avoir lu une nouvelle, de Marck Twain, je crois, sur ce genre de comportement. Lorsqu'il s'agit de l'Afghanistan, on peut comprendre. Il n'y a pas de bonnes solutions. Mon vieil ami Stanley Karnow - dont le livre sur le Viêtnam s'était vendu à 2 millions d'exemplaires - a reçu un coup de téléphone dont il n'est pas encore revenu. C'était la veille de notre entretien. On l'appelait de Kaboul, c'était son ami le diplomate Richard Holbrooke, qui lui a dit : « Stan, bonjour, je vais te passer le général en chef des Forces américaines en Afghanistan » . Stan a cru a une plaisanterie mais c'était bien le général en chef, Stanley Mc Chrystal, qui souhaitait lui parler : « Holbrooke m'a fait lire votre livre, et je vous pose la question : « Quelles sont les erreurs que nous avons faites au Viêtnam et qu'on ne doit pas refaire en Afghanistan ? » Stanley, qui a du bon sens et de l'humour, a répondu : « La seule erreur que nous ayons faite au Viêtnam, c'était d'y être ! ». Après m'avoir raconté cela, mon ami m'a invité à retenir de cette boutade ce qu'elle contenait de sérieux : en Afghanistan, rien n'est facile. Les Américains savent tout aujourd'hui sur l'Afghanistan et trouvent dans leurs journaux des études d'une expertise et d'une érudition impressionnantes. Ils savent tout, y compris le fait que les Afghans n'ont jamais été vaincus par aucune nation. Il y a, bien sûr d'autres sujets que l'Afghanistan sur lesquels les Américains font un bilan douloureux. Par exemple, le fait que ce soit les banques qui ont été à l'origine de la crise financière mondiale qui en aient tiré le plus de profit. Et qui affirme cela ? Tout simplement les banquiers eux-mêmes qui ne font pas mystère du retour à leurs pires pratiques avec, pour les traders, des bonus multipliés par 10 ou par 100. Mais l'obsession de la plupart des Américains c'est tout de même la pauvreté et plus exactement le chômage. A New York, où me conduisait mon amoureux pèlerinage, tout était triste y compris le temps, il pleuvait et il ventait. Certains restaurants et certaines librairies devant lesquels j'avais l'habitude de passer ont fermé. New York ne m'est plus apparue comme « la ville debout » celle que décrivait Céline. Peut être parce qu'on a vu trop de grattes- ciels s'élever plus hauts encore à Tokyo, Shanghai ou Abu Dabi. Peut être aussi parce que les passants y redressaient moins la tête. A Washington, au contraire, le temps était radieux. Une belle prolongation de l'été indien offrait au regard, sur les arbres, toutes les tendres déclinaisons de la rousseur. Il m'a semblé que cette ville en majorité noire ne s'était pas encore détachée d'Obama. Les hommes importants vous y invitent à la patience et refusent l'idée que leur « génie » ait dit son dernier mot. Un monde sans Obama ? Ce serait revenir à ce qu'il était avant lui : souvenez-vous ! J.D. | Membre Juif.org
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