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Blog : Sandrine Ben David

« Comme les nuits de Canaan sont belles »

C'est le titre du cinquième et très attendu album du groupe israélien Gaya, qui achève une grande tournée en France organisée en partenariat avec le Keren Kayemet Leisrael. Adi Fromovitch (chant), Gili Liber (guitare, pipeaux et chant), Ronen Barak (percussions), Nimrod Lakhish (basse), Doron Dangur (clavier) et Ihav Nimer (violon), auteurs et interprètes de la chanson « Yahad » (ensemble) qui a fait le tour du monde et les a rendu célèbres, travaillent à un double projet musical inédit, dont le disque va sortir aux alentours du 10 mars 2009. Ils ont accepté d'évoquer pour le Jérusalem Post Edition Française leur expérience du public français et de révéler les secrets de ce cinquième opus en préparation.

Qu'est-ce que représente la chanson « Yahad » pour le groupe Gaya ?

Ayelet Tsioni (directrice artistique du groupe) : C'est ce que l'on appelle un « Hit » au sens propre. Je crois que nous n'avons jamais imaginé le succès qu'aurait « Shir la Ahava » (titre original de la chanson, qui veut dire « chanson pour l'amour »), au moment où nous l'avons créé. Elle est devenu une sorte d'hymne national. C'est cette chanson que le public étranger réclame en premier, que ce soit à Los Angeles, à Paris, à Berlin ou à Madrid. C'est avec elle que nous terminons, en rappel, la plupart de nos concerts encore aujourd'hui. Il nous est arrivé de rencontrer des gens qui nous reconnaissaient dans la rue et qui nous racontaient, émus aux larmes, avoir célébré leur mariage sur l'air de « Yahad ». C'est très touchant et c'est aussi un mystère. Je crois que le secret de cette chanson est dans sa simplicité, dans le message d'espoir et d'amour qu'elle porte en elle, et peut-être surtout dans le caractère profondément israélien de notre musique.

Quels sont vos rapports avec le public français ?

Adi Fromovitch : Cette tournée n'est pas notre première visite en France, où le public nous connaît déjà assez bien. C'est vrai que nous sommes renommés pour faire bouger les gens et mettre beaucoup d'ambiance ? A Nice et à Paris, plusieurs personnes sont même montées sur scène pour danser avec moi. En réalité, le public en France est très réactif à notre style de musique, très inspiré de la musique orientale. Les gens  se lèvent, prennent des foulards pour danser, les femmes font des « youyous »? C'est difficile de rester assis sur sa chaise avec Gaya.

Vous avez entamé cette tournée française à la fin de l'opération israélienne contre le Hamas à Gaza et à une période où l'antisémitisme et la haine d'Israël n'ont jamais été aussi forts. Est-ce que vous avez ressenti la peur ?

Ronen Barak : Pour la première fois depuis que nous venons jouer en France, nous avons reçu des consignes très strictes des services de la sécurité nationale, comme celle de ne pas parler hébreu dans des lieux publics. Nous n'avions encore jamais eu besoin de toutes ces précautions. Il y a eu une femme dans le public de Nice, qui est venu raconter à Ayelet que les juifs traversent une période très difficile en ce moment et lui demander de tout faire pour apporter un peu de joie à ce public. C'était très émouvant. Nous ne faisons pas de politique, mais nous aimons profondément Israël et nous sommes très attachés à elle. Une semaine après le 11 septembre, nous étions venus jouer avec la « Sohnout Hayehudit » pour jouer à New York. C'est triste pour nous de voir les communautés juive de la Gola menacées. Nous voudrions les voir tous venir vivre en Eretz. Mais je crois que la meilleure réaction à donner à ces menaces c'est justement de ne pas se cacher, de rester fiers, et de ne pas laisser la peur nous vaincre, même lorsqu'il faut être prudent.
Doron Dangur : Ce qui est important, c'est l'union de toutes les communautés juives de part le monde. Entre elles et avec Israël. Cela nous donne la sensation d'être en « Shlihout », en « mission », lorsque nous venons jouer en France et dans d'autres pays, rencontrer les gens et leur apporter un peu d'Israël avec nous. C'est un honneur pour nous.

Comment qualifiez vous votre style musical et le fait que des organisations comme le KKL vous aient choisi pour représenter Israël à l'étranger'

Gili Liber : Je dis toujours de moi que je suis un bédouin ashkénaze. C'est un peu la même chose avec le groupe. La musique de Gaya s'identifie très fortement avec Israël et avec une certaine tradition hébraïque qui remonte à la nuit des temps' C'est quelque chose qui se ressent dans le rythme de notre musique, profondément oriental, dans le choix d'instruments comme les pipeaux ou la derbouka, dans la spiritualité de nos paroles. De nombreuses chansons de Gaya sont en fait des prières adressées à D-ieu. Nous essayons de transmettre la joie, l'espoir et aussi une certaine tradition. Je crois que même les personnes qui ne comprennent pas l'hébreu dans le public étranger peuvent ressentir cela.
 
Parlez-nous de votre nouvel album.

Gili Liber : C'est un projet extraordinaire, et notre premier album qui n'est pas original . Il s'agit de l'adaptation de chants de bergers, écrit par des compositeurs venus d'Europe de l'est en Israël, dans les années 1920-1930, et qui ont créé un mélange avec la musique hébreu et la musique occidentale. Ce sont des airs classique du répertoire israélien que nous avons adaptés à notre style, avec des instruments acoustiques, des percussions vivantes, des voix orientales, pour leur redonner vie. Nous travaillons depuis plus de six mois sur cet album, que nous venons d'enregistrer. Certaines de ces chansons sont très célèbres en Israël, certaines n'ont pas eu le succès qu'elles méritaient. C'est un grand honneur et un grand bonheur pour nous de les faire revivre. Ce projet  a donné une nouvelle impulsion à Gaya et nous nous sommes unis plus que jamais dans ce travail d'adaptation ou chacun a pu exprimer pleinement ses idées et ses qualités musicales individuelles. C'est aussi un spectacle musical, mis en scène par Hamotal Ben Zeev, où les chansons sont séparées par des scènes bucoliques dans lesquelles un jeune homme, interprété par l'acteur israélien Lior Hakun, tente de séduire Adi Fromovitch qui joue le personnage d'une bergère et de la ramener vers son époque, celle de la création de l'Etat d'Israël'

Ce spectacle vous a-t-il apporté un public nouveau ?

Ayelet Tsioni : Oui, c'est un changement très enthousiasmant. Nous avons joué au Théâtre de Jérusalem il y a quelques semaines et j'étais émue aux larmes de voir un public plus âgé que notre public habituel, plus cultivé, qui s'était mis sur son trente et un pour venir voir le spectacle, comme s'il allait voir du théâtre où à l'opéra. Ce public, qui a grandi en écoutant ces chansons de bergers, en est très nostalgique et apprécie énormément le fait que nous faisons revivre pour lui toute une époque de son histoire. C'est comme si nous construisions un pont entre les générations. « Yafim Haleylot Be Cannaan » est typiquement un spectacle auquel un grand-père israélien peut aller avec son petit fils. Peu nombreux parmi les auteurs et compositeurs classiques de ces chansons sont encore vivants. Nous avons rencontré Amos Etinger et Ehud Manor, qui nous ont exprimé toute leur estime pour notre travail. Nous avons par ailleurs lié des liens très chaleureux avec les familles de Yossef Adar et Emmanuel Zamir, qui ont disparu. Leurs enfants nous sont très reconnaissants de redonner vie aux chansons de ces merveilleux compositeurs classiques. C'est un projet qui, en réalité, et sans que nous nous en rendions compte réellement, a largement dépassé le simple nouvel album pour devenir une aventure affective et spirituelle.
 
« Yafim Haleylot Be Cannaan », de Gaya, dans les bacs mi-mars 2009.
www.gaya-group.co.il

Sandrine Bendavid (Jerusalem Post Edition Française, novembre 2008)

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 49 minutes