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Blog : Carnets d'actualité

QU'ILS DISENT

QU'ILS LE DISENT !

 

J'aurais dû le savoir : lorsqu'un texte est important, il faut le lire intégralement, même et surtout s'il est très long, même et surtout si les commentateurs unanimes et autorisés l'ont jugé sévèrement. Les résumés que j'avais trouvés dans la presse du discours d'Obama dans lequel, à Oslo, recevant le Prix Nobel de Paix, il avait voulu justifier l'envoi de renforts en Afghanistan, m'avaient fait craindre qu'il n'ait pas réussi à se sortir d'un exercice aussi difficile. Là, en effet, il ne s'agissait plus ? comme à Philadelphie, à Accra, au Caire ? de rompre avec le passé mais de poursuivre ce que son prédécesseur avait commencé : s'enfoncer dans le bourbier afghan, comme l'Amérique l'avait fait jadis au Viêtnam. Qui plus est, le désenchantement général, la sinistrose due à la récession et au chômage, les impasses des autres chantiers, tout cela me préparait à la résignation.

Et voici qu'avec une lecture complète du discours d'Oslo, je retrouve l'écrivain, le penseur politique, l'homme décidé à rester fidèle à lui-même dans l'épreuve, dans l'adversité et dans la confrontation. Sur les rapports entre l'idéalisme moral et le réalisme politique, entre les rêves de la non-violence et l'exigence de l'usage de la force, il dit que l'on ne peut pas être à la fois Gandhi et Churchill, Martin Luther King et Kennedy .Il dit qu'il est conscient du paradoxe qu'il y a à recevoir un prix de la paix au moment où il accentue l'effort de guerre. Mais il dit que s'il accepte ce prix qu'il mérite peut-être moins que les autres, c'est pour se sentir plus engagé que les autres. La mission est-elle impossible ? Est-ce que l'Afghanistan, c'est vraiment le Viêtnam ? Nombreux sont les esprits aussi informés que lucides qui pensent qu'on ne peut, là-bas, ni vaincre ni partir ?

 

II

Je n'en ai pas encore fini avec Barack Obama. Du point de vue de la symbolique politique, son premier échec, c'est au Proche-Orient qu'il l'a essuyé. Son exigence première et solennellement affirmée d'un renoncement à toute implantation nouvelle de colonie israélienne en territoire palestinien était peut-être, on le découvre maintenant avec complaisance, une erreur stratégique. En principe, c'était le minimum que l'on pouvait normalement exiger des Israéliens. Mais Barack Obama et Hillary Clinton ont cédé sur ce point dans des conditions qui ont eu de graves conséquences. Les engagements d'Obama auprès des Etats arabes étaient clairs : à partir du gel des implantations, tout était possible, surtout après le discours du Caire. Ce discours annonçait une révolution dans les rapports des Etats-Unis avec tout le monde arabo-musulman. C'était tout le visage de l'impérialisme occidental, atlantiste et américain qui disparaissait d'un seul coup. L'impact des propos tenus au Caire par Barack Obama a été considérable et le demeure encore parfois plus ou moins dans certains milieux .Et à partir du moment où  l'exigence d'un gel des implantations avait été si solennellement formulée et où l'on en voyait partout les conséquences positives, il fallait surtout ne pas céder. C'était compter sans la puissance des lobbies pro-israéliens et la force du Likoud dans les coulisses et les couloirs du Capitole. En tout cas, Obama et Hillary Clinton ont sur ce point piteusement échoué.

Je voudrais cependant souligner ici le scandale que représente à mes yeux le refus par Benyamin Netanyahou de la demande américaine. Au milieu d'un océan de puissances hostiles dans le monde arabo-musulman et s'adressant à elles, un homme s'est levé, le président de la nation la plus puissante du monde, pour affirmer que le négationnisme était une abjection, l'antisémitisme une lâcheté et que les liens des Etats-Unis avec Israël étaient inaliénables. Cela se passait devant les étudiants de l'université du Caire. Aucun autre homme au monde ne pouvait se permettre, dans un tel milieu et dans un tel contexte, de formuler ces condamnations dans un discours destiné au surplus à réconcilier les Etats-Unis et l'islam. C'était d'une audace sans précédent. Tous ceux qui se font un devoir d'assurer la survie d'Israël, de lutter contre l'antisémitisme et surtout d'empêcher que ne se propage sur toute la planète le moindre doute sur la réalité du génocide et de la Shoah, tous ceux-là auraient dû se lever comme un seul homme pour saluer en Barack Obama, un sauveur des peuples juifs et israéliens, le prophète des monothéismes. Je l'ai déjà écrit, clamavi in deserto, et je veux le redire ici : tous ceux qui ont un nom dans la défense du judaïsme et dans la fidélité à la mémoire de la Shoah portent une responsabilité que rien ne pourra effacer dans le fait de n'avoir pas soutenu Barack Obama et d'avoir contribué par leur silence à ce que l'actuel président des Etats-Unis soit devenu le plus impopulaire en Israël de tous les présidents antérieurs. C'est comme cela que l'on assassine les sauveurs. Pour moi, c'est aussi grave que l'assassinat d'Itzak Rabin.

 

III

Retour au débat sur l'identité nationale. Je trouve très modérées, très responsables et très constructives les réactions, trop rares peut-être, des personnalités musulmanes en réponse au dernier discours de Nicolas Sarkozy, car ce discours était consternant. Il devait s'agir dans ce débat, au moins dans l'esprit de quelques uns, d'esquisser une silhouette historique et intellectuelle de la France et de dire aux musulmans : « Venez parmi nous pour la continuer dans le même sens », et non pas, comme l'a fait Sarkozy, « Voici ce qu'elle est, si vous la refusez vous n'êtes pas des nôtres». Il ne devait pas s'agir de nationalisme mais de la forme républicaine de la Nation (1).

La modération des musulmans montre qu'ils ont conscience qu'il y a un problème et c'est pourquoi j'ai approuvé le débat .Encore une fois, c'est s'enfouir la tête dans le sable que de ne pas voir qu'il y a une force musulmane qui s'affirme dans le monde, qu'elle est présente en Europe et en France et qu'elle peut poser des problèmes. Je crois surtout qu'il y a dans ce phénomène de civilisation des courants qui le traversent et dont l'un est éminemment favorable à une véritable symbiose franco-musulmane. C'est lui qu'il faut aider. Mais je crois aussi que cette aide ne peut venir que des musulmans eux-mêmes et, à l'instar de l'incitation faite aux juifs de prendre chacun leur responsabilité et de s'investir, il faut que les musulmans en France s'engagent davantage. Une peur mystérieuse s'empare des uns et des autres. Nombre de juifs dont la voix pourrait compter déclarent en privé qu'ils souhaitent qu'Obama fasse pression sur Israël. Soit. Mais qu'ils le disent, au nom du ciel, qu'ils le disent ! Nombre de musulmans désavouent de toutes leurs forces les virtualités intégristes de l'Islam. Mais qu'ils le disent tout haut, au nom du ciel, qu'ils le disent !

J.D.

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 11 minutes