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Blog : Anna Watch

Pitié pour les Suisses

Ce texte, co-signé par Alain Destexhe et Claude Demelenne,  a été proposé en carte blanche, ce mercredi 9 décembre, à plusieurs journaux francophones. Aucun n'a accepté de le publier. Il nous semble pourtant qu'il exprime un point de vue partagé par un grand nombre de Belges. Et qu'il tente d'analyser, sans langue de bois, le malaise suscité par l'apparition dans la sphère publique d'un islamisme politique. Dans le débat lancé maladroitement par mon collègue socialiste Mahoux sur l'interdiction des croix "même dans les cimetières" (sic), la croix comme le sapin ou la crèche de Noël relèvent  de notre histoire et de la tradition et ne sont plus nécessairement un signe d'appartenance religieuse.

 

PITIE POUR LES SUISSES !

 

Le conformisme des réactions au référendum suisse sur les minarets est spectaculaire. Tous les milieux dits « progressistes » se sont surpassés dans l'invective : « Vote honteux, barbare, dégueulasse, insultant, raciste' ». Rarement lynchage politico-médiatique a été aussi parfait. La stigmatisation des Suisses est désormais le sport numéro un, à gauche. Condamnation radicale, donc, mais aussi ? radicalement déconnectée de l'avis des citoyens. Sur les blogs, les forums internet, dans les courriers de lecteurs, ceux-ci soutiennent massivement le peuple suisse. Certes sans valeur scientifique, tous les sondages réalisés sur la Toile suggèrent qu'une majorité d'Européens, s'ils étaient consultés, refuseraient la construction de nouveaux minarets. Comme l'a déclaré Tareq Oubrou, l'imam de la mosquée de Bordeaux, « les Suisses ont voté tout haut ce que beaucoup de nos concitoyens européens pensent tout bas ».

Dans notre livre Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac (*), nous avons établi ce que nous appelons « le top 30 des accommodements déraisonnables » : autrement dit, la liste des concessions que certains « progressistes » sont prêts à faire, en Belgique, pour satisfaire les exigences d'une minorité de musulmans rigoristes. Figurent en bonne place dans ce hit-parade, l'autorisation du port du voile à l'école et dans la fonction publique, la tolérance pour le port de la burqa en rue, l'établissement d'horaires d'ouverture séparés pour les hommes et les femmes dans les piscines, l'adaptation des jours fériés en fonction du ramadan, l'acceptation d'un brossage des cours de gymnastique et de natation par des élèves musulmanes, la remise en cause de la mixité du corps médical dans les hôpitaux, la création d'une « finance islamique », c'est-à-dire l'adaptation de certaines règles bancaires afin qu'elles soient compatibles avec le Coran, la politique de l'autruche face à certains prêches haineux dans les mosquées et les dérives antisémites lors de manifestations pro-palestiniennes sur le territoire belge' Dans cette liste, pas de trace des minarets. En toute honnêteté, nous ne pouvons estimer que la Belgique ? ou la Suisse ? est menacée d'une déferlante de ces (parfois) élégantes constructions.

 

Alors, haro sur les Suisses ? Bien sûr que non. Davantage que contre les minarets, les Suisses ont exprimé un refus bien plus général, non pas de la religion musulmane, mais d'un certain islam politique, en tant qu'idéologie totalitaire, de plus en plus à l'offensive, y compris dans notre pays. Les peuples perdent patience et manifestent leur mécontentement parce qu'une partie de nos décideurs ? en clair, les partis de gauche ? ferment les yeux dès que l'islamisme pointe le bout du nez. Ils adoptent face à cet islamisme la même attitude que certains intellectuels, jadis, devant les crimes du communisme : ils campent dans le déni du réel. Ils considèrent « irrationnelle » la peur que suscite dans une très large part de l'opinion, l'islam réactionnaire, qui n'est pas tout l'islam, mais trop souvent hélas, celui qui occupe le devant de la scène.

La pensée unique répète en boucle que tout va bien. Il nous suffirait d'être ouverts aux Autres et de prôner une société multiculturelle. D'accepter avec humilité de questionner le bien-fondé de nos valeurs occidentales. De mettre sur le grill quelques principes prétendument universels mais, paraît-il, marqués du sceau d'un impérialisme culturel qui n'ose pas dire son nom. Ainsi pontifient nos islamo-gauchistes et leurs compagnons de route. Obstinément, ils brandissent le même slogan : l'islam est une religion de tolérance, de paix et d'amour. Ce slogan est suicidaire. Il dresse les peuples contre les « élites ». Il est suicidaire, parce qu'il est faux. Il fonde une posture politique soi-disant progressiste sur le mensonge.

 

Il existe un problème avec un certain islam qui fait peur. Tournons le dos à l'angélisme : objectivement, il existe des raisons d'avoir peur, non pas de l'islam, mais de ses radicaux. Aux côtés d'une grande majorité de musulmans de ce pays, eux aussi effrayés par la montée de l'intégrisme, osons affronter cette peur. Cela implique, d'abord, d'en reconnaître le bien-fondé et les raisons. Contrairement aux autres religions, un certain islam affiche son ambition de dominer le monde. Ce n'est pas politiquement correct de le dire, mais il existe un islam impérialiste et conquérant. L'islam est trop souvent cruel et guerrier. Presque chaque soir, au journal télévisé, nous voyons des images de musulmans qui assassinent des « infidèles » mais aussi ? et surtout ? d'autres musulmans. L'islam est la seule religion qui est resté figée, qui n'a pas fait sa rénovation. Un islam des Lumières ? Il est, pour l'heure, embryonnaire.

 

Un certain islam n'est pas une religion « ouverte », il ne tend pas la main. D'un côté, les « purs », de l'autre, les « impurs ». Une musulmane ne peut épouser un non-musulman, à moins que celui-ci se convertisse à l'islam. Dans la plupart des pays arabo-musulmans, le loi punit très sévèrement toute personne qui tente de détourner un musulman de sa foi ou de le convertir à une autre religion. En Belgique, les modérés de l'islam sont peu audibles. Ceux qui s'expriment sur la place publique sont surtout les leaders des groupes de pression - le MRAX , Vigilance musulmane, les relais des mosquées dans les partis de l'Olivier' - qui défendent les militants de l'islam rigoriste, revendiquant le droit de porter le voile à l'école, partisans d'un retour à la séparation des sexes, réclamant des adaptations de nos règlement e t lois pour permettre une islamisation des comportements. A qui la faute, si l'image de marque de l'islam est trop souvent détestable ? Aux « beaufs racistes » - aujourd'hui les Suisses, demain les Belges ou les Français ? Ou à ceux qui instrumentalisent leur religion à des fins politiques ? Aux non-musulmans qui ont peur de leur ombre ou aux fondamentalistes qui accusent d' « islamophobie » tout qui ose critiquer l'un ou l'autre aspect de l'islam ?

 

Pitié pour les Suisses ! Les caricaturer en quasi nazis, c'est ouvrir un boulevard à la vraie extrême droite, prête à surfer sur l'inquiétude légitime des peuples, partout en Europe. Les démocrates doivent s'emparer des vrais débats de fond. Parmi ceux-ci, figure le débat sur la place des signes religieux ostentatoires à l'école et dans les administrations. En Belgique francophone, ce débat est systématiquement encommissionné, depuis de longues années, par le PS, Ecolo et Le CDH. Les partis de l'Olivier, surtout dans leur composante bruxelloise, n'osent pas légiférer car ils craignent de mécontenter leur électorat musulman rigoriste. Cette attitude est peu glorieuse. Les progressistes autoproclamés se tirent une balle dans le pied. Un scénario suisse ? Voilà ce qui pend au nez des bien-pensants de gauche, amis des rigoriste s musulmans et des relativistes culturels qui minimisent la portée de l'envahissement de la sphère publique par l'islam politique et la crainte légitime qu'elle suscite dans une large partie de la population.

 

Alain Destexhe, sénateur MR

Claude Demelenne, journaliste

(*) Octobre 2009, éditions du Cerisier

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 54 minutes