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Blog : Anna Watch

[Pie XII et les juifs] : Réponse à lovefan

31 Décembre 2009 - Anna Watch

Sur mon billet [Pie XII et les juifs] : Réponse de Lady Gaga à Elie Mel, le chat [pardon : ...l'ours!] mal élevé de l'Ouximer, j'ai reçu un commentaire de "lovefan" (de Lady Gaga, je suppose), qui pose une question intéressante :

Lovefan : « Je ne m'y connais pas assez sur les campagnes de diffamations de Pie XII, mais je pense qu'elles venaient d'abord et surtout de catholiques progressistes, non ? »

Voici, ci-après, la réponse de Naibed

Ce n'est pas tout-à-fait exact, Lovefan.

Il faut se rappeler que Pie XII était d'abord et avant tout un véritable anti-totalitaire, un anti-totalitaire dans tous les sens du terme : c'est-à-dire qu'il était aussi vigoureusement anti-communiste, qu'il était anti-fasciste et anti-nazi, et c'est ce qui dérangea particulièrement les communistes et les progressistes. Dans un contexte de guerre froide, l'agit-prop d'après-guerre ne pouvait donc manquer d'en faire une de ses cibles favorites. On trouve donc, dans les poubelles de l'Histoire (que l'on retrouve aujourd'hui, soixante ans plus tard, sur le Nain Ternet, et auxquelles s'est alimenté l'Ouximerde) un tas de divagations foireuses et de calomnies malsaines. Mais, en dehors de quelques cercles communistes français et italiens, dans les années '50, l'agit-prop était encore prise par nos aïeux pour ce qu'elle était : de la merde sur laquelle on tire la chasse. Là -> |_/

Mais vous avez, néanmoins, raison en pratique : les premières campagnes de diffamation efficaces commenceront en 1963, et seront l'?uvre de progressistes, et notamment de progressistes catholiques. Mais, avant d'aller plus loin, petit détour par les « Golden Sixties » : continuant sur la lancée d'une vigoureuse reprise économique dès le milieu des années '50, suivent dix années de coïncidence presque parfaite entre croissance économique généralisée, plein emploi, et progrès social, assurant une prospérité continue, qui semble ne pas devoir s'arrêter. Ainsi par exemple, en Belgique, entre 1953 et 1973, le niveau de vie aura doublé ! Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, et cette prospérité se fracassera sur le premier choc pétrolier.

Petite visite guidée : Come inside, come inside !

Au début de ce qu'on appellera plus tard les « Golden Sixties » apparaissent les premiers adultes d'une génération qui n'a pas connu la guerre: des jeunes, issus du « baby boom » d'après guerre, qui ne disposent plus, ...disons: des « anticorps anti-idéologiques », des défenses immunitaires de leurs ainés. Ceux-ci ont été trop pressés de tourner la page sur les horreurs de la guerre, pour faire goûter leur progéniture, et goûter eux-mêmes, à la paix et à la prospérité retrouvées ! ...quitte à omettre d'inculquer à ladite progéniture les dures leçons des pages d'histoire qu'ils ont eux-même vécus.

C'est ainsi que la génération hippie (1) , par exemple, se met en place, d'abord aux États-Unis, puis en Europe : une génération stupidement hédoniste et pacifiste, qui croit qu'il suffit de se démarquer par son aspect extérieur, par ses tenues vestimentaires extravagantes, par ses chevelures échevelées, par sa défonce (ses « joints », quand ce ne sont pas des drogues plus dures) et par la liberté ostentatoire de ses relations amoureuses (permises par cette invention révolutionnaire qu'est la pilule), pour rompre avec le « politiquement correct » (il n'y a pas plus politiquement correct qu'un hippie !) et la culture « bourgeoise ». Une culture pourtant à son apogée, mais déjà minée de l'intérieur, suite à la lutte culturelle initiée par les communistes gramsciens, qui la déclarent haïssable « par principe », car ils la considèrent comme une « culture de dominants » !

Cinq ans plus tard, cette génération montante et confite dans le consumérisme (qu'elle dit abhorrer, mais tout en ne se gênant pas pour en profiter un max, comme tous les petits bourgeois anti-bourgeois (2)) et le pacifisme bêlant (qui a repris du poil de la bête, depuis 1939) donnera en France ce monument de bêtise et de contradiction de "Mai 68". La génération gaucho-gnangnan est née, une génération pacifiste, bêtifiante et nihiliste qui - à défaut d'intelligence et de lucidité - braille ! Y compris des slogans aussi absurde et ridicules que contradictoires, comme « il est interdit d'interdire ! »

La gauche des cons-bandits et autres apôtres autoproclamés du « Bien » et du « Progrès » a trouvé son public, avec ces bobos (bourgeois bohèmes) et bobonnes (bobo bolcheviques), prêts à avaler les slogans les plus simplistes, les bobards les plus énormes, comme la « fraternité universelle » l' « antiracisme » (3), le multiculturalisme (4) et le relativisme culturel) et surtout, prêts à avaler les pires couleuvres idéologiques du progressisme. Ainsi, on verra des cons intégraux (comment les appeler autrement ?) de « progressistes » brandir le petit livre de Mao (un des pires mégalomanes totalitaires et génocidaires qui soient !) et traiter de fascistes tous ceux qui s'opposent à leur vision pacifiste bêtifiante et nihiliste, en notamment ceux qui soutiennent les peuples qui luttent pour leur indépendance nationale et refusent les « bienfaits » du joug communiste soviétique.

C'est dans ce contexte qu'il faut replacer la première campagne de calomnie vraiment efficace contre Pie XII. Une campagne qui commence en 1963, avec la première de la pièce "Le Vicaire" à Berlin. La pièce est une fiction assez médiocre, écrite par un gauchiste et ancien membre des jeunesses hitlériennes, Rolf Hochlucht. Ce dernier va bâtir son succès, non sur la qualité (médiocre) de sa pièce, mais sur son caractère hautement polémique. Pour cela, il ne va pas hésiter à accuser ignominieusement Eugenio Pacelli, devenu Pie XII en 1939, d'être un pape froid, avare, et lâche, qui collaborait avec les nazis, et avait - selon lui - gardé un silence inexcusable pendant que les nazis massacraient les juifs.

Dix ans plus tôt, une telle fable grotesque et méprisable, qui contrefait complètement l'Histoire, n'aurait suscité que le mépris, et aurait subi le sort qu'elle méritait : la poubelle ! Mais avec l'apparition de la nouvelle génération gaucho-gnangnan, la donne change : plus c'est gros, plus ça passe !!

Cette campagne allait être suivie de nombreuses autres attaques calomnieuses, provenant d'une meute d'«intellectuels» gauchistes cherchait à dénigrer non seulement le catholicisme, mais le christianisme en général, et même le judaïsme. Et il est exact que, parmi les attaques les plus fielleuses et les plus farouches, on trouve nombre de chrétiens de gauche, dont un prêtre défroqué comme James Caroll, auteur de "Constantine's Sword" (l'épée de Constantin)), et des anciens séminaristes comme Gary Wills, auteur de "Papal Sin" (le péché du Pape), qui attaque d'ailleurs de la même manière Jean-Paul II, et John Cornwell, auteur de ce tissu de mensonges et d'ignominie qu'est "Hitler's Pope" (Le Pape d'Hitler) etc. ..

Comme le note le rabbin David Dallin (auteur de Pie XII et les juifs - Le mythe du Pape d'Hitler), les campagnes de calomnie et de diffamation contre Pie XII, et leur cortège d'attaques outrancières mensongères et malhonnêtes sont typiques « de cette lutte du progressisme contre la tradition, qu'il faut bien reconnaître pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une agression contre l'Église catholique en tant qu'institution, et contre la religion traditionnelle » (p.21). Ainsi, Goldhagen est « devenu l'un des nombreux produits de base pour les laïcs de gauche qui haïssent le Catholicisme à cause de l'opposition de l'Église à l'avortement, aux droits des homosexuels, à l'ordination des femmes, et à tous les autres thèmes des militants de la "libéralisation" » (les guillemets autour du mot libéralisation sont de moi)

Une chose est de s'attaquer, de manière intellectuellement honnête et ouverte, aux dogmes, de montrer, d'un point de vue exégétique (comme l'ont fait les protestants, et comme je n'ai pas moi-même hésité à le faire, à l'occasion) que l'Église catholique établit un catéchisme qui est en contradiction avec les Saintes Écritures dont elle se prétend dépositaire, et donc, en contradiction avec le christianisme lui-même (5). Une autre est de calomnier bassement les représentants de cette Église qui a toujours mis en avant la charité, avant la foi (même si c'est en contradiction avec les Écritures), des représentants, comme Pie XII, qui sauront se tenir - avec courage - à leurs préceptes de charité !!!

Pie XII fut exactement le contraire de tout ce que dénoncent ses détracteurs : courageux, honnête, généreux, grand ami des juifs, pour lesquels il fit énormément, (sans exagérer, on peut raisonnablement estimer que son intervention a permis - directement et indirectement - de sauver, au minimum, un demi-million de juifs). Les accusations d'antisémitisme à son sujet sont particulièrement odieuses, lorsqu'on sait que ses détracteurs n'ont jamais le moindre reproche à formuler à l'encontre d'autres antisémitismes (comme l'antisémitisme soviétique ou l'antisémitisme musulman, et que les plus odieux d'entre-eux cherchent même à dédouaner les nazis de leurs crimes, en les rejetant sur Pie XII et l'Église catholique !

Même les accusations sur le « silence du Pape » sont odieuses, quant on sait qu'aucun gouvernement, aucun homme politique n'a été aussi loin que lui - malgré les risques qu'il faisait courir à son réseau de soutien, et aux catholiques dont il avait requis la participation - pour dénoncer la nature totalitaire du régime nazi, et les nombreuses victimes civiles, principalement juives, mais aussi catholiques et autres, de celui-ci.

Il n'existe, à ma connaissance, qu'un cas où on ait été plus loin que lui, et ce fut l'Église de Hollande, où les évêques locaux ont choisi de s'opposer ouvertement et frontalement au nazisme. Une initiative, dont l'intention était bonne, mais qui donna des résultats désastreux ! Comme le remarque Pinchas Lapide : « Ce qui est le plus attristant et qui fait le plus réfléchir, c'est que le clergé catholique de Hollande protestait plus fort, plus expressément et plus souvent, contre la persécution des juifs, que la hiérarchie religieuse de tout autre pays occupé par les Nazis, mais que malgré cela, il y eut en Hollande bien plus de déportations vers les camps de la mort, quelques 110 000, soit 79 % de la population juive ». (51) Les protestations des évêques hollandais ont ainsi provoqué les plus sauvages représailles de la part des Nazis. Les juifs de Hollande furent, pour la plupart, déportés et tués, et, de toutes les nations d'Europe occidentale occupées par les Nazis, c'est le pays où, proportionnellement, il en disparut le plus.

Pie XII sut toujours ne pas dépasser la ligne rouge avec Hitler: il savait bien que ce dernier n'aurait pas hésité à le kidnapper ou à envahir le Vatican, et que ceux qui en pâtiraient les premiers seraient les juifs qu'il avait tant à coeur de protéger, ainsi que leurs protecteurs catholiques. Quant à Hitler, craignant probablement d'ouvrir un conflit inutile avec les États-Unis, il supportait, tant bien que mal les remontrance et l'action diplomatique occulte du Vatican, tout en sachant que celle-ci contrariait ses projets, et ralentissait la 'Solution Finale'.

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(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Hippie

(2) comme le mythique "couple" Sartre-de Beauvoir (dont il s'avérera qu'il est plus lamentable que mythique, d'ailleurs) qui leur servira d'étendard...

(3) ce qui les rendra plus tard résolument aveugles à la nature fondamentalement raciste et totalitaire de l'islam et de ceux qui s'en font les vecteurs, les musulmans !

(4) si toutes les cultures se valent, alors l'antropophagisme n'est plus qu'une question de goût !

(5) Les arguments objectifs ont justement ceci de particulier, qu'ils sont ...objectifs. Indépendants donc, du sujet, de celui ou de celle qui les a formulé. Si on veut rester sur le terrain objectif, on peut répondre aux arguments objectifs par d'autres arguments objectifs, si on en a. Ou reconnaître son erreur, et corriger, voire abandonner, sa thèse ou sa position en conséquence. C'est, par exemple, ce que tentent d'obtenir les églises chrétiennes protestantes et évangéliques, via le dialogue ? parfois difficile ? qu'elles entretiennent avec le catholicisme, sur des questions de dogmes et d'écritures.
Rien à voir avec les calomnies de cette gauche entriste, qui cherche à noyauter le catholicisme de l'intérieur pour le détruire, et qui s'arroge le droit de dire le bien tout en faisant le mal !