Les Américains ont-ils réellement menacé Israël de réduire l'aide qu'ils lui apportent et de limiter leurs garanties si les pourparlers avec les Palestiniens n'avançaient pas au rythme souhaité ?
C'est en tout cas l'impression qu'a laissée George Mitchell, émissaire des USA au Proche-Orient, lors d'une interview accordée à une chaîne télévisée américaine. A quelques jours à peine de son
voyage dans la région, Mitchell a laissé entendre que Washington pourrait sanctionner les deux camps si les négociations ne reprenaient pas rapidement.
Au cours de la même interview, Mitchell a cru bon de préciser que les Américains cherchaient à encourager les deux camps à revenir à la table des négociations « en tentant de les convaincre
qu'ils agiraient pour leurs propres intérêts ». Il a encore estimé que des progrès sérieux avaient déjà été enregistrés et qu'il fallait poursuivre les efforts pour que les discussions
reprennent au plus tôt.
Ces propos ont, bien entendu, suscité l'indignation en Israël: le porte-parole du gouvernement a rappelé que c'était l'Autorité palestinienne qui refusait de relancer les pourparlers alors
qu'Israël, de son côté, avait fait des efforts considérables pour que le processus reprenne.
De son côté, l'administration américaine, tenant visiblement à calmer le jeu, a souligné que les déclarations de Mitchell ne devaient, en aucun cas, être considérées comme des menaces. Et
d'expliquer qu'il s'agissait en fait d'une réponse à une question d'un journaliste qui demandait comment les Américains réagiraient si Israël refusait de reprendre les discussions avec les
Palestiniens.
Le Premier ministre Netanyahou a accusé pour sa part l'Autorité palestinienne et ses dirigeants d'avoir violé, de façon flagrante, leurs engagements vis-à-vis d'Israël et de n'avoir rien
fait pour mettre un terme aux incitations à la haine contre l'Etat juif. Rappelant que l'AP avait accepté que le nom d'une terroriste, auteur d'un attentat meurtrier contre des Israéliens, avait
été attribué à une place de Ramallah, il a estimé qu'en agissant ainsi, la direction palestinienne soutenait le terrorisme. Et de poursuivre: « Ceux qui proclament que les meurtriers du Rav
Haï (assassiné récemment près de Shavei Shomron) sont des martyrs (Shahids) rendent la paix de moins en moins accessible ».
Netanyahou a souligné également que ces incitations se retrouvaient également dans les programmes scolaires palestiniens. Il a demandé aux dirigeants palestiniens de mettre fin à ces
provocations, en précisant que c'était une des conditions à remplir pour que les pourparlers reprennent entre Israël et les Palestiniens.
Quant au cabinet palestinien, il a repoussé l'appel des Etats-Unis. Salam Fayyad a précisé qu'il fallait avant cela que la communauté internationale exerce des pressions sur Israël afin que cesse
complètement la construction dans les « implantations », y compris à Jérusalem.
par Claire Dana-Picard