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Blog : Carnets d'actualité

Ce vif désir d'être français

 

 

Ce vif désir d'être français

 

Faut-il déjà parler de Sarkozy au passé ? Pure hypothèse de travail puisque personne n'envisage que le président ne puisse pas aller au bout de son mandat. Il faut donc vivre avec lui et on le voit avec la mobilisation sociale sur les retraites. Plus question d'évoquer le débat sur l'identité nationale. Le plus grave, ce n'est pas l avalanche des réformes, c'est le fait qu'après de tels échecs, il va devenir suspect de parler à nouveau de leur objet. Il va être difficile de parler lucidement et courageusement de la sécurité, de la nation, de l'immigration et de l'islam. On va retrouver le discrédit qui pesait, du fait de Pétain, sur les mots « travail », « famille », « patrie », ou, du fait de Le Pen, sur les notions de France et de nation.

 Alors il faut tout reprendre

1)   A propos de la sécurité, par exemple, je me souviens d'une conversation à laquelle j'ai assisté entre François Mitterrand et Pierre Bérégovoy. Le premier était président, le second secrétaire général de l'Elysée. Bérégovoy était le plus souvent intimidé, mais cette fois-ci, il a osé dire, avec la conviction de son origine ouvrière, que la sécurité n'était pas une vraie préoccupation pour les riches, pour les nantis, pour les classes sociales à l'aise, pour les habitants des quartiers protégés, pour les écoles des grands et des petits bourgeois, bref pour tous ceux qui étaient à l'abri des agressions. C'étaient les plus pauvres, les plus démunis, les habitants des quartiers sensibles, des fermes isolées, des provinces menacées qui avaient le plus besoin d'être rassurés. C'éraient ceux-là qui risquaient de voter Le Pen ou pour une nouvelle extrême droite si l'on ne s'occupait pas d'eux.

 D'ailleurs, les élus locaux le savent bien. Entre les mesures prises par le maire de n'importe quel parti de gauche et le député de ce même parti à l'Assemblée, il y a un abîme. Autrement dit, ce qui favorise l'extrême droite, ce n'est pas la démagogie sécuritaire, c'est bien la réalité de l'insécurité. Encore faut-il lutter contre elle en ne tolérant aucune espèce de violation des libertés publiques, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.

2) Prenons maintenant la nation, avec tout ce gâchis autour du thème tout à fait défendable de l'identité nationale. Que ce soit l'Etat qui s'en préoccupe était peut-être la plus mauvaise idée. Mais on pouvait très bien comprendre que le président de la République invite les Français à en débattre. Qui avons-nous été, qui sommes-nous, que serons-nous ? Comment faire désormais pour vivre ensemble et au nom de quelles valeurs ? Ce ne sont pas seulement des questions pour les historiens, les sociologues, les hommes politiques en général, les assemblées, mais elles s'imposent à chacun d'entre nous. Fallait-il un ministère ? Il s'avère que c'était une erreur. En tout cas, il ne fallait pas que le ministre fût M. Besson, dont le dernier livre, pourtant, n'est pas la pire des choses qu'il ait faite. Mais le fait que la gauche  ne soit pas unanime sur la nation (pas plus d'ailleurs qu'elle ne l'est sur les retraites), quelqu'un l'a mieux exprimé que les autres. C'est François Ewald, dans une tribune des « Echos », lorsqu'il écrit : « Il y a ceux, souvent à gauche, qui ne veulent pas du débat tellement il leur semble que l'identité française va de soi. Et ceux qui au contraire considèrent qu'il faut rappeler la norme à ceux qui ne l'ont pas suffisamment intégrée ».

Mais François Ewald rappelle surtout, comme il m'est souvent arrivé de le faire dans le passé, que ce sont les Français de l'immigration récente et les  minorités qui souhaitent que l'on précise les raisons pour lesquelles il est important de se sentir français. Pour eux, «  l'identité française se conquiert par un arrachement à soi, à son origine géographique, communautaire ou raciale ». Cet arrachement, cet exil assumé exprime une certaine « vitalité du désir d'être français ». Personnellement, j'éprouve autre chose et qui concerne la langue. Sans prétendre être, comme François Mauriac, la personne la plus « mono-glotte » de France, je ne me trouve vraiment à l'aise que dans la langue française. C'est pour moi un élément d'identité presque aussi fort que le message de la Révolution ou la lecture des grands écrivains. Donc, pour ce qui est d'inciter les nouveaux immigrés à apprendre le français, je suis résolument pour.

3) Reste l'immigration et l'islam. J'aime bien l'idée de Martine Aubry qui consiste à préconiser la recherche de « la France qu'on aime ». C'est la meilleure formulation d'une bonne pensée. A la condition, comme le précisent certains éminents réformateurs musulmans, qu'il s'agisse de la France des Lumières .Car la France qu'on aime doit être évidemment une terre d'accueil respectueuse de la diversité. Mais il convient d'admettre que lorsque l'Assemblée nationale promulgue une loi, elle n'a pas à se préoccuper de savoir si cette loi est conforme aux Évangiles, à la Thora ou au Coran. C'est aux fidèles de vérifier que la pratique de leur religion n'est pas contraire aux valeurs de la République. Cette phrase, c'est le professeur Mohamed Arkoun qui l'a prononcée. Elle concerne toutes les femmes et les hommes qui résident en France et qui désirent mieux savoir ce que signifie « vivre ensemble » dans un pays devenu multi-culturel et multi-ethnique.

Pour ce qui est du sort réservé aux autres, c'est-à-dire aux candidats soit à la résidence, soit au permis de travail, soit à la nationalité française, et qui sont encore à l'extérieur, personnellement, je rêve, d'un discours qui s'adresserait directement à eux. Ainsi nous n'aurions plus le souci de dire aux Français « Voici ce que nous allons faire des étrangers », mais  de dire aux étrangers qui nous fait l'amitié de vouloir venir vivre avec nous « Voici ce que nous pouvons faire ou ne pas faire pour vous »

Dans le discours que j'imagine, on considérerait comme un hommage à notre passé de vouloir construire l'avenir avec nous. Et c'est grâce à la référence à ce passé que nous pourrions mieux inviter nos nouveaux concitoyens à rendre fraternelle et non séparatiste les signes ostentatoires de leurs différences lorsqu'ils seront chez nous. Et d'abord à renoncer aux risques d'une aventure clandestine qui ne peut être tolérée par aucun Etat de droit.

J.D.

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 32 minutes