Un peu partout de par le monde, mais surtout en Grande-Bretagne et en Irlande, Israël se voit demander des explications au sujet de son éventuelle responsabilité dans l'élimination, à
Dubaï, du terroriste et cadre du Hamas, Al-Mabhouh.
Mais ce qui assez inédit dans cette affaire est lié à l'emprunt d'identité auquel aurait possiblement procédé le Mossad, reprenant les noms de sept citoyens possédant la double nationalité
anglaise et israélienne sur les passeports utilisés par les membres de l'expédition en charge de l'élimination.
En effet, un service chargé de ce genre de mission, habituellement, crée des identités fictives au lieu d'emprunter celles de personnes existantes.
Par ailleurs, le fait qu'elles aient toutes la double nationalité rend plus aisée la faille par laquelle Israël se trouve ainsi mis en difficulté ; dans une époque où la judiciarisation du
domaine politique devient presque chaque jour plus patente (et on l'a vu aussi avec le rapport Goldstone et sa manière très partisane de mêler droit et politique), on aurait attendu ? en
supposant donc que l'élimination soit bien le fruit du Mossad ? que cet aspect des choses soit lui aussi étudié par l'institution sécuritaire et intégré à une stratégie d'ensemble.
Quelque soit le commanditaire réel ou supposé de l'élimination d'Al-Mabhouh, l ?absence de cette réflexion au croisement du politique, de l'action confidentielle et des juridictions
internationales, laisse penser que la nouvelle génération de stratèges ayant, dans cet exemple, préparé l'élimination en question à Dubaï, n'a pas intégré de précautions préalables face au
recours juridique des amis d'Al-Mabhouh.
Or, il aurait dû paraître clair depuis longtemps à tous décideurs réels ou potentiels en Israël que le monde arabe est en train de devenir le plus professionnel des requérants aux
diplomaties et institutions internationales.
Quant au fait d'un éventuel emprunt de leurs identités à des citoyens existants, la chose inquiétante réside dans le fait que cela témoigne d'un manque d'imagination ou d'une tendance à aller au
plus facile (ce qui est souvent mauvais signe) au lieu de créer des noms fictifs comme cela aurait dû être le cas et aurait évité des complications sur une accusation qui, rappelons-le, reste à
prouver.
Enfin, on ne manquera pas de critiquer aussi une vaste hypocrisie de certaines nations, pourtant elles aussi victimes de terrorisme, et qui ont fait de leurs sermons une spécialité.
..A moins qu'elles se sentent tout simplement obligées de jouer un certain jeu'
par Daniel Gandus
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