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Blog : Philosémitisme

Terra Incognita : le lobby européen en Israël, Seth J. Frantzman

"Réalisant qu'elle ne pourrait pas obtenir un changement de son système législatif par des moyens diplomatiques, l'Union européenne s'est résolue à créer localement un lobby pour faire plier Israël, de confortables financements d'ONG à l'appui."

"Shatil, qui prétend aider les Juifs éthiopiens, a demandé 1 million de dollars pour les Bédouins et 1 million de dollars pour "éduquer et sensibiliser les résidents arabes de cinq villes d'Israël dont la population est mixte, arabe et juive". Il n'a rien demandé pour les Éthiopiens."

Source: Lessakele
Titre original : Terra Incognita: The European lobby in Israel, The Jerusalem Post
Traduction : Danielle Elinor Guez

Depuis la publication de l'ouvrage "Le lobby israélien" de John Mearsheimer et Stephen Walt il y a eu beaucoup de discours sur le "lobby." En Angleterre, la Chaîne 4 qui appartient au courant d'opinion majoritaire et respectable a diffusé toute une émission, Le lobby israélien en Grande Bretagne, où on a prétendu que le "lobby" était "propriétaire" du parti conservateur. Tout au long de ces discussions sur l'existence d'un lobby israélien en Occident, on a totalement passé sous silence le développement d'un lobby, implanté en terre sainte cette fois, le lobby européen en Israël.

Le Parlement européen a adopté en 1994 un texte intitulé l'Initiative européenne pour la démocratie et les droits de l'homme (EIDHR). Il faisait partie d'une affirmation plus générale des principes de l'Union européenne selon laquelle "la démocratie et les droits de l'homme sont des valeurs universelles qui doivent être vigoureusement soutenues dans le monde entier." L'initiative se proposait de favoriser la démocratisation par la promotion d'élections "libres et loyales" et des " valeurs démocratiques" communes caractérisées par "la responsabilité, la transparence et l'égalité."

En 2007, un changement subtil est intervenu dans la dénomination de l'EIDHR. Le mot "initiative" a été remplacé par "instrument." Ce changement apparemment anodin pouvait être la conclusion d'un débat sémantique entre fonctionnaires européens. C'était en fait l'expression d'une attitude de plus en plus intrusive que l'Union européenne avait décidé d'adopter à l'endroit d'Israël.


L'Union européenne s'était rendu compte au cours de la seconde Intifada que ses avis n'étaient pas suivis. Peut-être a-t-elle été sensible aux déclarations alarmistes d'Israéliens, comme l'ancien rédacteur en chef de Haaertz David Landau qui avait dit en 2007 à la secrétaire d'état américaine Condoleezza Rice que les E-U devaient imposer un règlement avec les Palestiniens quitte à "violer" Israël. Peu importe la cause exacte, l'Union européenne a entrepris en 2002 de financer avec largesse des organisations non gouvernementales en Israël. Elle prétendait que c'était au nom "de la contribution essentielle des ONG à la promotion et à la défense des principes de liberté, de démocratie, de respect des droits de l'homme et du règne de la loi."

Entre 2002 et 2008, 14 millions de dollars ont été versés au total à différentes ONG israéliennes dans le cadre de l'EIDHR. Mes recherches sur les ONG destinataires de ces financements ont montré que la part du lion avait été attribuée à deux groupes sociaux, les Palestiniens et les Arabes israéliens. 5.5 millions de dollars étaient consacrés spécifiquement à des partisans des Palestiniens comme l'Association pour les droits civiques en Israël et au projet "Construire un meilleur avenir : permettre aux résidents palestiniens de Jérusalem de jouir de leur droit à un urbanisme [sic] et à des habitations en propre" qui a reçu 135.000 dollars. 7 millions de dollars supplémentaires servirent à mettre en ?uvre des programmes au seul bénéfice des Arabes israéliens comme le programme du fonds Al-Awna : "Programme cadre pour les villages bédouins non reconnus : garantir les droits de la minorité au logement et aux services sociaux" qui a reçu 263.000 dollars. Quand des programmes financés par l'EIDHR étaient destinés aux femmes, ils étaient réservés uniquement aux femmes arabes israéliennes ou bédouines à l'exception d'une somme de 100.000 dollars attribuée à une organisation appelée Isha le Isha (Femmes pour les femmes) qui contribue à la lutte contre les réseaux de prostitution.

Il n'y avait pas un seul cent affecté spécifiquement à l'une des nombreuses communautés juives d'Israël : les Éthiopiens, les Russes, les Yéménites, les iraniens ou les juifs du Caucase. La seule mention de citoyens juifs comme destinataires potentiels était une contribution au Centre Mossawa, un organisme de soutien aux citoyens arabes en Israël. Il a reçu 402.000 dollars pour un projet visant à "combattre le racisme et à transformer des relations intercommunautaires entre les groupes ciblés composés de la majorité juive, de la minorité arabe et de groupes ethniques dont les Russes, les Éthiopien, et les communautés juives Mizrahi et libérales."

73.000 dollars environ ont été orientés vers d'anciens soldats de l'armée israélienne. Ce n'était pas pour les aider à surmonter leurs traumatismes ou pour les récompenser de leur engagement citoyen. Il s'agissait de les amener à « briser le silence » sur ce qu'ils avaient vu quand ils étaient dans l'armée, à fournir des témoignages qui pourraient permettre éventuellement de traduire devant des tribunaux européens pour crimes de guerre dles soldats et leurs officiers. Ce n'est évidemment pas ce que "Breaking the Silence" explique publiquement, décrivant son projet comme l'organisation de "rencontres personnelles avec d'anciens soldats israéliens".

L'EIDHR utilisé comme "instrument" pour influencer la politique israélienne n'est que la pointe émergée de l'iceberg. Dans son rapport de novembre 2009, "Un cheval de Troie : l'impact du financement public européen des ONG israéliennes", NGO Monitor a montré dans un rapport que certaines ambassades européennes en Israël ainsi que d'autres programmes de l'Union Européenne financent généreusement certaines ONG israéliennes. Ils y consacrent même quelquefois la plus grande partie de leur budget. En fait, selon ce rapport, les ONG locales financées par des capitaux étrangers sont responsables d'une grande partie des plaintes déposées devant la Cour Suprême israélienne.

Réalisant qu'elle ne pourrait pas obtenir un changement de son système législatif par des moyens diplomatiques, l'Union européenne s'est résolue à créer localement un lobby pour faire plier Israël, de confortables financements d'ONG à l'appui.

Les organisations israéliennes des droits de l'homme peuvent répliquer que la provenance du financement n'est pas le plus important du moment que leur cause est juste. Il est vrai que certaines organisations des droits de l'homme en Israël voient tout à travers le prisme du conflit, ce qui signifie qu'elles ne s'impliquent que pour des projets destinés à des Palestiniens ou à des "citoyens palestiniens d'Israël » et qu'elles ne sont pas intéressées par les droits de la population juive du pays.

Shatil, qui prétend aider les Juifs éthiopiens, a demandé 1 million de dollars pour les Bédouins et 1 million de dollars pour "éduquer et sensibiliser les résidents arabes de cinq villes d'Israël dont la population est mixte, arabe et juive". Il n'a rien demandé pour les Éthiopiens.

La question est de savoir si le financement de ces organisations revient à la constitution d'un lobby masqué. L'EIDHR n'engage pas de poursuites directement contre Israël pour défendre la liberté de mouvement des Palestiniens. Elle préfère financer des ONG. locales qui le font à sa place. En outre, l'EIDHR apporte 8,4 millions de dollars pour financer directement des ONG dans les Territoires Palestiniens, en plus de l'argent qu'elle donne aux ONG israéliennes dont les programmes ne bénéficient qu'aux seuls Palestiniens.

Dans tous les autres pays du monde, l'EIDHR oriente ses financements vers des programmes à grande échelle qui soutiennent la "démocratie" et la "société civile". En Égypte elle a donné 10 millions de dollars entre 2003 et 2008, qui n'ont pas servi à financer un seul projet destiné à la minorité chrétienne copte.

Il est temps pour ceux qui parlent d'un lobby juif israélien, en particulier en Europe, de reconnaître que depuis huit ans l'Europe a déployé des efforts concertés pour créer un groupe de pression européen en Israël, qui discrimine sa population juive et porte à bout de bras des ONG extrémistes.

L'auteur est chercheur à l'Université hébraïque de Jérusalem
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 25 minutes