Blog : Carnets d'actualité

Plusieurs correspondants me rappellent à l'ordre à juste titre mais simplement parce qu'ils ignorent les conditions dans lesquelles nous écrivons. Ces correspondants s'inquiètent, et même s'alarment, à l'idée que je puisse rester silencieux sur les rapports entre Israéliens et Américains après avoir été un avocat si permanent et un thuriféraire si lyrique du nouveau président américain Barack Hussein Obama.

La crise a atteint son apogée après que je sois en situation de publier le moindre commentaire, c'est-à-dire après la rédaction de l'éditorial que je dois remettre le lundi soir et au moment d'une tournée de conférence sur Camus puisque je suis sur ce point, comme on s'en doute, incroyablement sollicité. Alors je reviens à la cause qui nous unit, qui nous blesse et nous inquiète.

Je veux simplement redire à ces correspondants que je pense toujours toutes les déclarations qu'ils citent de moi avec d'ailleurs une fidélité qui me touche. Oui, je suis heureux d'avoir vécu jusque-là pour assister à l'accession à la Maison Blanche d'un homme comme Barack Obama. Oui, je trouve toujours que cet homme a prononcé des discours qui resteront dans l'histoire de toutes les démocraties du monde. Oui, enfin et surtout, j'estime que, dans son discours du Caire, le président Barack Obama a prononcé dans une université arabe devant des centaines d'étudiants égyptiens des propos d'une audace inouïe contre l'antisémitisme contre le négationnisme et qui ont justifié le maintien selon lui d'une amitié indéfectible entre les Etats-Unis et Israël.

En disant cela en terre arabe dans une université de jeunes musulmans, égyptiens de surcroît, Barack Obama s'est affirmé comme l'un des meilleurs défenseurs de la sécurité d'Israël. Et cette audace était d'autant plus méritoire qu'elle était inscrite dans une stratégie solennelle de réconciliation de l'Occident avec l'Islam et donc de lutte contre le choc des civilisations. De voir que cet homme est aujourd'hui défié, bafoué, et injurié puisqu'on a été jusqu'à le traiter d'antisémite en Israël, de voir qu'il est aujourd'hui le président américain le plu haï d'une majorité d'Israéliens et de voir que les communautés juives américaines ou diasporiques manifestent le rejet du gouvernement actuel d'Israël et leur solidarité avec Barack Obama constituent l'événement le plus triste que nous ayons eu à vivre depuis longtemps.

Merci aux correspondants qui m'ont permis dans l'urgence de combler un silence et de réparer un oubli.