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Blog : Ragazou

Le Tango dans les camps de la mort nazis

By ELIAS LEVY, Reporter (CJN)

 

Dans les camps de la mort nazis, pendant que les déportés juifs s'acheminaient lentement vers les chambres à gaz, des orchestres composés de musiciens juifs jouaient les airs du Tango Plegaria -?supplice'-, oeuvre du célèbre compositeur et chanteur  argentin Eduardo Bianco.

 

Ce Tango, qu'Eduardo Bianco interpréta en 1939 devant Hitler, Goebbels et Mussolini, devint le Tango de la mort pour des millions de Juifs européens.

 

De gauche à droite: le Dr José Facal, Nelly Roffé et Daniel Saindon, invités de la soirée-conférence consacrée au Tango dans les camps de la mort nazis, organisée par la Bibliothèque Publique Juive de Montréal. 

 

C'est la traductrice et spécialiste des littératures hispanique et latino-américaine, Nelly Roffé, qui nous a révélé ce fait méconnu de la Shoah au cours d'une conférence magistrale, intitulée ?Le Tango et les camps', qu'elle a donnée récemment au Centre Gelber de la FÉDÉRATION CJA.

 

Un fin connaisseur du Tango, le Dr José Facal, relata lors de cette soirée-conférence l'histoire de ce genre musical et danse.

 

Daniel Saindon, responsable de l'émission radiophonique Montréal-Buenos Aires et vice-versa, diffusée par Radio Centre-Ville, participa aussi à cet événement musico-culturel.

 

Cette conférence a été organisée par la Bibliothèque Publique Juive de Montréal en collaboration avec l'Alliance Israélite Universelle.

 

?Dans les chapelles des camps de la mort nazis -Auschwitz-Birkenau, Terezin, Dachau, Buchenwald, Mauthausen-,  les orchestres, formés de musiciens juifs professionnels et amateurs, jouaient un répertoire varié, du classique au jazz en incluant des Tangos. À cette époque, le yiddish Tango était très populaire dans les Communautés juives des pays d'Europe Centrale et de l'Est.

 

À la différence d'autres mélopées qui prônaient la contestation et la révolte, le Tango n'engendrait aucun esprit de rébellion. On le considérait au contraire comme une musique banissant  tout acte de résistance. C'est pourquoi les nazis choisirent le Tango pour accompagner les Juifs dans leur dernière étape vers la mort', précisa Nelly Roffé.

 

Comme l'explique l'écrivain français Pascal Quignard dans son livre La haine de la musique, ajouta-t-elle,  dans certaines circonstances macabres ou tragiques, la musique peut être haïssable pour celui qui l'a le plus aimée.

?Pascal Quignard rappelle que la musique dans les camps nazis n'était pas jouée pour apaiser la douleur lancinante des prisonniers juifs.

 

Les soldats allemands demandaient aux musiciens juifs d'interpréter des airs musicaux pour renforcer l'autorité de l'armée du IIIe Reich et le degré d'obéissance des déportés juifs. Pour les nazis, la musique était un puissant instrument pour assouvir leur jouissance sadique. Celle-ci leur conférait un pouvoir qu'ils associaient à la marche, qui était cadencée, aux coups de matraque, qui étaient cadencés, aux saluts, qui étaient cadencés'?

 

Le yiddish Tango, qui naquit au début du 20ème siècle dans la Bohême eu ro pé enne, était chanté dans les ghettos juifs d'Europe. Ce genre musical juif est un mélange de musiques de Tangos et de cabarets.

 

?Les paroles des yiddish Tangos sont profondément douloureuses et émouvantes. Celle-ci parlent de faim, de guerre, d'enfants orphelins' spécifie Nelly Roffé. Après la guerre, on a retrouvé quelques archives de transcription à la main de ces yiddish Tangos, que les musiciens juifs se passaient entre eux avant d'être sélectionnés pour la déportation.

 

Pendant la guerre, les textes de ces yiddish Tangos furent cachés dans des boîtes de lait à Varsovie et à Vilna. L'un des pionniers du yiddish Tango fut Shmerke Kardjinzinski, un musicien juif qui parvint à s'échapper du ghetto de Vilna.

 

En 1948, il publia une collection complète de yiddish Tangos: 250 chansons et 100 mélodies annotées provenant des ghettos, des camps de travail, des camps de concentration et des forêts, où la Résistance juive se cacha pendant la guerre.?

 

Le Dr José Facal rappela que dans la tradition musicale, le Tango incarne une pensée et un rituel tristes qui dans la danse symbolisent souvent la perte, la souffrance et le désespoir.

 

Ce mélomane averti relata l'histoire du Tango, né à la fin du 19ème siècle dans les faubourgs de Buenos Aires et de Montevideo, capitales de l'Argentine et de l'Uruguay, à une époque où la révolution industrielle battait son plein.  Des millions d'immigrants d'Italie, de la région méditerranéenne, de l'Europe de l'Est et Centrale'

 

fuyant un Vieux Continent nazifié, débarquent en Argentine et en Uruguay en quête d'un travail et d'une nouvelle vie. Ils établirent leurs pénates dans des ?faubourgs sauvages' localisés à la périphérie des grandes villes. Avec leurs musiques, leurs instruments et leurs chansons respectifs, ils forgèrent un nouveau genre musical: le Tango, produit de tous ces mélanges culturels.

 

Le Tango n'est pas accepté par les élites de la ville, qui le considèrent comme ?une musique marginale et un  symbole du mal et de la dépravation'.

 

Nelly Roffé et le Dr José Facal n'en sont qu'à leurs débuts dans leurs recherches sur ce sujet historique peu étudié jusqu'ici. Leur conférence est le fruit d'une série d'émissions qu'ils ont présentées dans le cadre du programme radiophonique Montréal -Buenos aires et vice-versa, diffusé par Radio Centre-Ville.

 

Nelly Rofé a publié aux Presses de l'Université du Québec un ouvrage très fouillé sur ce sujet: Tango, corps à corps culturel.

 

Cette traductrice chevronnée a toujours en mémoire une phrase d'Élie Wiesel, survivant des camps de la mort nazis et Prix Nobel de la Paix, dont elle a pris connaissance lors d'une visite du Musée de l'Holocauste de Montréal: ?Ne pas transmettre une expérience, c'est la trahir'.

 

?La traduction des yiddish Tangos en français, en espagnol, et anglais' c'est aussi trahir ces mélopées. Moi, Sépharade, qui ne parle pas yiddish, qui n'a pas perdu ma famille dans les camps nazis, je dirais aussi que traduire, qui vient du latin traire, veut dire amener, apporter, transmettre. C'est ce que jai voulu faire ce soir: transmettre ce cri de douleur coincé dans la gorge des Juifs assassinés', conclut-elle.

 

Pour le Dr José Facal, le Devoir de Mémoire est ?un acte existentiel fondamental' que les jeunes générations se doivent aussi d'accomplir.

 

?Je suis toujours étonné de l'ignorance qu'a la jeunesse actuelle. J'ai été longtemps professeur de chirurgie. Un jour, j'ai demandé à un élève résident s'il  savait qui était Hitler'

 

Ce dernier me répondit avec beaucoup de candeur et de franchise: ?Je crois que c'est un joueur, quart arrière, d'une équipe de football américaine'. Sa réponse m'a renversé! Je crois que tous les humains ont un Devoir de Mémoire. Nous devons lutter contre les nationalismes sectaires et xénophobes, crier haut et fort que nous, humains, devons arrêter de nous entretuer.?

 

 La conférence de Nelly Roffé et du Dr José Facal fut entrecoupée de Tangos interprétés par Carlos Gardel, Zully Goldfarb, Adrienne Cooper'

 

At a recent conference, two specialists talked about the use of tango music in the Nazi concentration camps.

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 40 minutes