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Blog : Drzz

Israël : les leçons d'il y a plus de soixante ans valent pour aujourd'hui - Guy Milière

Israël : les leçons d'il y a plus de soixante ans valent pour aujourd'hui - Guy Milière - © Drzz

 

 

La chaîne France 2 diffusait jeudi soir 22 avril, en deuxième partie de soirée, deux documentaires, l'un consacré aux survivants français des camps de la mort, l'autre à l'Exodus.

 

Le premier rappelait une réalité à laquelle j'ai été confronté directement et qui m'a conduit, voici quelques années à écrire un petit livre appelé « Survivre à Auschwitz » : la France n'a pas très bien accueilli, non. Evoquer trop ceux qu'on appelait alors les « déportés raciaux » aurait sans doute pu rappeler qu'il y avait eu une France pétainiste, collaborationniste et antisémite, il fallait exalter les « combattants », la « résistance », rétablir la fierté nationale. Parce que la France n'a pas très bien accueilli, pendant des années, ceux qui avaient vécu de très près l'abominable ne témoignèrent pas et ne furent pas entendus.

 

Le second rappelait une autre réalité dont j'ai parlé aussi dans « Survivre à Auschwitz » : ceux qui ont voulu qu'existe Israël et, parmi lesquels il y avait des survivants des camps de la mort, ont été quasiment abandonnés de tous et, s'ils ont fait l'objet de pratiques clairement hostiles, infâmes et meurtrières de la part du gouvernement britannique, qui en installera certains dans des camps à Chypre et en reconduira d'autres vers les camps allemands dont ils venaient tout juste de sortir, ils n'ont pas bénéficié, à l'époque, d'un comportement beaucoup plus amical de la part de quelque pays que ce soit.

 

Il s'agissait de documentaires renvoyant à ce qui s'est passé il y a plus de soixante ans. Mais je n'ai pu m'empêcher de penser qu'ils étaient porteurs d'enseignements pour aujourd'hui.

 

La France et les autres pays européens ont fait mine de redécouvrir, dans les années 1970-80, le Crime commis au c'ur de l'Europe, par des Européens qui n'étaient pas tous allemands, loin de là, puis ils ont recommencé à oublier, à classer cela dans les dossiers clos, à relativiser en disant qu'il y avait eu d'autres crimes. Et cela leur permet de ne pas voir que, dans le comportement qu'ils adoptent aujourd'hui vis-à-vis d'Israël, ils font preuve, sous d'autres formes et d'autres modalités, de la même lâcheté que celle qui les avait conduit à participer au Crime ou à y consentir. Cela leur permet de ne pas discerner qu'en acceptant qu'Israël soit traité comme un Etat entièrement à part, ils se conduisent comme les antisémites se conduisaient en traitant le peuple juif comme un peuple entièrement à part. Cela leur permet de ne pas réfléchir à ce qu'ont été les conséquences d'avoir accepté que le peuple juif soit traité comme un peuple entièrement à part, et de ne pas regarder en face ce que sont les conséquences, d'ores et déjà, du fait d'accepter qu'Israël soit traité comme un Etat entièrement à part.

 

La France et les autres pays européens aujourd'hui se conduisent vis-à-vis d'Israël, j'en ai le sentiment, comme ils se sont conduits vis-à-vis des passagers de l'Exodus. Le Royaume-Uni n'ouvrira pas de camps à Chypre, l'Allemagne ne rouvrira pas de camps : Israël existe.

Mais j'ai rencontré, dans les couloirs des institutions européennes et dans ceux d'institutions françaises il n'y a pas si longtemps des gens très sérieux qui me disaient qu'Israël serait une « parenthèse », et que, bien sûr, on accueillerait les « réfugiés » sur le sol européen. La politique officielle de l'Union est de pousser Israël à des concessions, à retourner vers ce que Abba Ebban appelait les « frontières d'Auschwitz », en attendant sans doute d'autres concessions, à moins qu'on attende que les groupes « palestiniens » que l'Union finance avec tant de largesse finissent le travail.

 

A la fin des années 1930 et au début des années 1940, les juifs d'Europe ont vu les portes se fermer, les gestes d'amitié se faire rares, puis laisser place, surtout, à l'indifférence, voire à l'hostilité. Quand Israël est né, le peuple juif a dû se battre  dans l'indifférence et l'hostilité encore, en pouvant compter sur très peu d'amis, vraiment très peu : les votes favorables à la création d'Israël aux Nations Unies n'étaient pas dépourvus d'arrières pensées géopolitiques. Aujourd'hui, l'indifférence et l'hostilité règnent à nouveau en Europe. Même les Etats-Unis ont pour Président un ennemi d'Israël.

 

Il y a soixante-deux ans, le peuple juif s'est battu et a gagné, malgré tout. Aujourd'hui, Israël existe, oui. Malgré l'indifférence et l'hostilité, Israël vivra. Ceux qui auraient pu espérer une attitude plus digne et plus éthique de la part des pays européens devraient repenser au passé. Le passé contient bien des explications.

 

Au moment où j'écrivais « Survivre à Auschwitz », il me fut rappelé que des organisations juives colportaient des illusions. Je dois constater qu'il existe aujourd'hui encore des colporteurs d'illusions. En lisant le texte d'une proclamation rédigée et signée par ce genre de colporteurs, portant l'intitulé J Call, et dont je crains qu'on entende parler dans les semaines à venir, m'est revenue à l'esprit une phrase de Simon, l'homme pour qui j'ai écrit le livre : « Les optimistes ont cru aux illusions, et ils sont presque tous morts. Les pessimistes ont su qu'ils devaient être sur leurs gardes et ils ont survécu ». Les signataires de J Call appartiennent au camp des optimistes, des  très optimistes, c'est ce que je pourrai dire de plus gentil à leur égard. Mais je ne suis pas du tout certain d'avoir envie d'être gentil à leur égard. 


Guy Milière

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 55 minutes