Blog : Drzz

Ici et là, j´ai aimé lire le récit du voyage de Jean Pierre Foucault en Israël. Ce voyage avait été organisé dans le cadre du projet "Mémoires de Justes" que la Fondation France - Israël a mis en place à l´occasion de Yom Ha Shoah.

 

J´ai aimé aussi lire quelques lignes du témoignage de ce célèbre animateur, fils d´un Juste français et d´une jeune juive polonaise.

 

J´ai aimé plus que tout, entendre au-delà des mots et des expressions employées, ce que son témoignage suggère de l´histoire de deux vies, qui au-delà des frontières et des préjugés, s´unissent pour l´éternité.

 

Toutes les histoires des Justes des Nations ne se ressemblent-elles pas ?  Je connais d´autres histoires similaires, celle de Maurice Berger, qui m´a été contée par sa petite fille Agnès, devenue mon amie et à qui j´ai rendu hommage sous la forme d´un poème et celle d´une femme allemande exceptionnelle Mme Hella Tulman- Bacmeister que j´ai reçu chez moi tout un shabbat avec sa fille Yona,  qui est aussi l´une de mes amies.

 

Je vous parlerai d´eux aussi car le même élan d´amour universel traverse ces histoires de vie et donne selon moi à la  mémoire de ces êtres disparus, la noblesse de l´éternité.

 

1)    Marcel Foucault et Paula Leska

 

Marcel Foucault, le père de notre ami Jean Pierre Foucault, ne se posait pas de questions qui lui semblaient inutiles, embarrassantes voire  paralysantes. Selon ses propres termes rapportés par son fils, il considérait son comportement comme "logique et normal". 

 

Mais quelle est cette normalité qui en dépit de tous les dangers pour soi et les siens, conduit un homme à aider des étrangers juifs traqués par les nazis et leurs collaborateurs ?

 

Quelle est cette normalité qui donne des ailes de courage à de simples citoyens quand autour d´eux,  la société civile se fourvoie dans la peur et la lâcheté ?

 

Quelles sont donc ces normes qui font d´un homme un être libre de tous préjugés, un homme libre de choisir un chemin si peu fréquenté et si dangereux mais un chemin qui s´impose comme allant de soi, tout simplement parce que les hommes, quelque soient leurs croyances, leurs couleurs, leurs histoires sont des frères qui méritent de vivre ensemble dans la paix ?

 

Jean Pierre Foucault a dit de son père qu´il n´a jamais parlé de sa médaille de résistant et il a dit de sa mère que le silence l´a habitée et que ce n´est que vers la fin de la vie qu´elle a évoqué son histoire. Il a témoigné encore qu´elle ne parlait de la religion qu´à voix basse ?" c´est dire la souffrance qu´ils ont enduré".

 

Oui, il me semble bien que l´humilité est l´une des qualités de ces Justes des Nations comme elle l´est des Sages qui ont traversé la porte de la Connaissance, ainsi que l´enseignent plusieurs traditions dont la tradition Juive.

 

Selon l´échelle des valeurs de ces gens de Bien, pourquoi parler de sa médaille quand ce qui compte, ce ne sont nullement les titres et les honneurs, mais le sentiment d´avoir fait ce qui va de soi ?

 

Je ne doute pas que l´humilité qui sied aux grands hommes leur donne le sentiment simplement d´être en accord avec eux-mêmes dans une dimension d´authenticité dont il n´y a pas lieu de se vanter.

 

Mais nous qui sommes si loin d´un tel niveau de conscience, nous ressentons le besoin de dire, de témoigner notre reconnaissance et notre affection, ce que je tente de faire ici à ma manière.

 

La mère de Jean Pierre Foucault se tenait au bord du silence, et j´imagine que ce silence et le murmure qui était le sien lorsqu´elle parlait de sa religion, hurlaient dans son âme de toutes les souffrances dont elle a été témoin et qui ont été aussi les siennes.

 

Marcel Foucault, non seulement a ?uvré pendant la guerre pour aider des juifs en détresse, mais a épousé la souffrance en la personne de cette jeune juive dont les mots pour dire l´indicible se mourraient au bord de ses lèvres.

 

Quand le Courage épouse la Souffrance, il ne peut naître que la lumière ; La vie de Marcel Foucault et de Paula Leska  éclaire le chemin de ceux qui ont un c'ur pour voir et des oreilles pour agir.

 

Qu´ils reposent en paix et que leurs mémoires soient bénies !

 

Rachel Franco ? le 25 Avril 2010

Israël