Blog : Riposte Nesher

Ce héros de la Guerre du Kippour baisse les bras. Le 26 mars, son point chaud avait été attaqué en pleine nuit. Des injures antisémites avaient été stabilotées sur les tables. Début mai, il baissera définitivement le rideau.
NARBONNE. Terminé. Moïse Chekroun jette l'éponge. Trop dur. Trop dangereux . Jeudi prochain, il vendra son matériel aux enchères. Réfrigérateur, ustensiles de cuisine... Il ne garde rien. Juste des regrets, de l'amertume. L'entrepreneur tire un trait sur Narbonne et le quartier Razimbaud. Il va retourner dans la région parisienne avec femme et enfants. Les attaques dont lui et sa famille ont été victimes, ce héros de la Guerre de Kippour (1) ne les accepte pas. Comme il ne comprendra jamais le boycott qui s'est organisé autour de son commerce. Pour lui, le calvaire a commencéquelques jours, seulement, après l'ouverture de son point chaud "Illico Presto", dans le quartier Razimbaud. Le 26 mars dernier, en embauchant à 8 h 15, il constate qu'une ou plusieurs personnes ont pénétré, durant la nuit, dans sa boutique. Le réfrigérateur est renversé. Sur le sol, toute sa viande et son fromage sont mélangés au chocolat et à de l'eau de Javel. La nourriture est piétinée. Sur les tables, on peut lire : "A mort, les juifs, à mort la police". Et il y a des croix gammées dessinées au stabilo.
Son histoire a fait grand bruit en Israël Quelques jours plus tard, on lui crève un pneu, le lendemain, on lui détériore sa batterie, le surlendemain, on tente de lui voler sa voiture... Pis : le jeudi 11 avril, son fils, à peine âgé de 13 ans, est agressé au bord du canal. "Ce sont des gamins de 16 ou 17 ans. Ils lui ont esquinté la lèvre... On n'a pas porté plainte, parce qu'on ne sait pas qui c'est. Ça sert à rien... Ils ont voulu lui piquer sa sacoche. Ils lui ont fait comprendre deux ou trois choses...", raconte un Moïse Chekroun désabusé... Alors que les intimidations se multiplient, son commerce plonge. "Plus personne ne vient acheter de pizza, ni de pâtisserie, ni de boisson. On empêche les gens de venir chez moi, peut-être". C'est pour toutes ces raisons qu'il plie boutique et qu'il quitte la région pour ouvrir une nouvelle activité. Demain et samedi, il liquidera son stock. Il vendra les pizzas 5 euros, les 3 pâtisseries 1 euro et les boissons 50 centimes. Son histoire a fait grand bruit en Israël, pays dans lequel il a vécu 18 ans. Les journaux locaux s'en sont rapidement emparés. "Là-bas, les gens ne comprennent pas pourquoi ça m'arrive à moi". Personne ne comprend... (1) La Guerre du Kippour opposa, du 6 octobre au 24 octobre 1973, Israël à une coalition menée par l'Égypte et la Syrie.

Nicolas Boussu ?> Pour en savoir plus, consultez la source de l'article