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Blog : Carnets d'actualité

Oui, la grandeur !

 

 

 Voici donc venir les hommages attendus pour le soixante-dixième anniversaire de la déclaration faite le 18 juin par le général De Gaulle. Les mots que le fondateur de la France Libre a prononcés ce jour là, sont ceux d'un prophète et d'un chef. Dans la solitude, il prévoit et il entraine. Cela devrait nourrir à nouveau les rêves de tous les jeunes Français et de ceux qui veulent le devenir. Tous ceux qui ricanent aujourd'hui, avec parfois avec quelque raison, devant le rituel des commémorations devraient se demander pourquoi Pierre Dac à été gaulliste dès la première heure. L'ironie, la dérision et même l'humour qui dominent la vie médiatique devraient suspendre leur verve à l'occasion du souvenir d'un homme qui fut à la fois un mythe et un symbole.

Quels sont les jeunes gens qui étaient à Londres près de De Gaulle ou qui l'ont rejoints très tôt ensuite ?  Les Français sont déjà familiarisés avec des personnages comme Daniel Cordier, Jean-Louis Crémieux Brilhac, Germaine Tillion, Jean-Pierre Levy, tant d'autres. Je voudrais reprendre à leurs propos l'expression qui fut jadis célèbre sous Maurice Barrès, celles de  « grandes figures ». Et répéter à l'intention de mes plus jeunes lecteurs ce que j'ai déjà dit à propos de José Aboulker : que la seule aristocratie que j'aie le sentiment d'avoir rencontrée dans ma longue vie, c'est celle qui réunissait les premiers héros, ou simplement les  protagonistes, de ce qui allait devenir la France Libre.

Une parenthèse ici, parce qu'elle est historiquement savoureuse : lorsque pour la première fois, en Israël, et grâce à Christian de la Campagne, j'ai eu le privilège de rencontrer l'éminent érudit Yehoshua Leibovitz, il a commencé par me dire que nous, Français, avions bien de la chance d'avoir eu un De Gaulle. Mais, devant mon acquiescement immédiat, il s'est empressé de préciser qu'il ne pensait pas, lui, à l'homme du 18 juin. Non, De Gaulle, à ses yeux, était grand et l'était incomparablement parce qu'il avait délivré la France de l'Algérie. Délivré ? Oui, disait-il en martelant les mots, car toute occupation est maudite et mettre fin à une occupation, c'est  manifester l'audace politique la plus rare. Bien sûr, il pensait à l'occupation des Territoires palestiniens par Israël. Il attendait pour son pays un De Gaulle .Il ne trouvait qu'une seule excuse à son Etat, c'était qu'il n'était pas, comme la France l'est de l'Algérie, séparé de son voisin par une mer.

Je ferme cette parenthèse pour revenir à l'homme et aux hommes des 17, 18 et 19 juin. On a dit qu'il n'y avait autour du général que des juifs, des francs-maçons et des communistes, c'est-à-dire uniquement des représentants des communautés auxquelles les hommes de Pétain attribuaient le malheur de la France. Pourquoi pas ? Cela eût-il été vrai que notre dette envers ces hommes n'eut pas été moins grande. Mais voilà, c'est inexact. Il y avait autour de De Gaulle de nombreux catholiques, de gauche ou de droite, parfois d'extrême-droite, parfois même antisémites. C'est le cas d'un des premiers grands résistants, Henri Frenay. Il y avait  aussi de nombreux héritiers des plus grandes familles de France : les noms à particule ne sont pas rares dans la liste qui est actuellement dressée.

 Il y avait des hommes et des femmes divisés sur le point de savoir si le Front Populaire et plus précisément Léon Blum avaient eu des responsabilités dans la situation qui avait conduit à la capitulation et au déshonneur. Il y avait des hommes et non des moindres qui gardaient, dans le fond de leur c'ur et de leur conscience, l'idée que le maréchal vainqueur de Verdun chercherait la moindre occasion de revenir à une résistance  à l'envahisseur, comme Churchill l'en adjurait. Il a fallu de grandes épreuves, comme le sabordage de la flotte ou la tragédie de Mers el-Kebir, pour déciller les yeux de certains qui avaient pourtant choisi de venir ou de rester à Londres, à la disposition de De Gaulle.  Une seule conviction était simple et profonde : on ne devait jamais tolérer  l'occupation de la France par les forces hitlériennes ni d'ailleurs par qui ce se soit. De plus, il était déshonorant d'abandonner ses alliés dans la lutte pour une grande cause.

On permettra à un homme qui a l'âge de ses souvenirs d'évoquer un épisode. Je n'ai aucun des mérites que j'attribue à la haute aristocratie évoquée plus haut et je suis arrivé en Tripolitaine très tard. Mobilisé en 1942 par l'armée Giraud, je ne l'ai rejointe que pour mieux pouvoir la déserter avec quelques compagnons qui, après avoir accueilli les premiers Américains en Algérie, avaient organisé notre équipée. J'ai revêtu, à Zabrata, la vareuse anglaise avec la croix de Lorraine en fer que l'on y accrochait. J'ai été reçu au camp d'accueil, où j'étais parvenu avec nombre de réfugiés espagnols et de légionnaires déserteurs, par un capitaine français qui m'a demandé pourquoi je rejoignais la division Leclerc. Je lui ai répondu que c'était pour lutter contre le nazisme. Il m'a fait observer que désormais, à ce genre de question, je devais réserver une autre réponse. « Nous ne sommes pas ici pour lutter contre une idéologie mais pour bouter  hors de la patrie les Boches qui l'ont envahie ». J'ai osé répondre que, pour moi, ces Allemands étaient moins des Boches que des nazis. Il m'a fait comprendre  avec la fermeté  la plus sèche, que je ne gagnerais rien à insister sur ce point. Cet officier c'était le capitaine Dubut. Il était de l'Action française et il a été le premier  mort des forces françaises engagées en Normandie.

Cette histoire de la participation d'hommes de droite à la lutte contre les nazis, j'allais la retrouver  plus tard dans toutes les discussions sur la responsabilité des nazis et des communistes dans la barbarie du XXème siècle. La droite française ayant été pro-mussolinienne et pro-franquiste, son antisoviétisme aurait pu la conduire à choisir massivement Pétain et Hitler plutôt que Blum et Churchill. Ce n'était pas l'avis d'un historien, notre ami François Furet, qui n'hésitait pas à soutenir qu'il s'agissait d'une thèse inventée par les Soviétiques et véhiculée par les communistes du monde entier dans les organisations dites « antifascistes ». Selon lui les hommes de droite, même attirés par Vichy, avait été très peu nombreux à devenir pro-allemand .Je n'ai pas été d'accord avec lui. J'avais vu dans ma jeunesse une partie de la droite souhaiter, comme Pierre Laval, une victoire de l'Allemagne et précéder, dans l'application de mesures antisémites, les lois de Vichy et le statut imposé par les nazis. Elle renie aujourd'hui totalement cet héritage et c'est l'un de ses changements les plus profonds.

J.D.

P.S - Je recommande la lecture du livre dans lequel l'historien Jean-Pierre Rioux réunit quelques portraits de De Gaulle, aux éditions Omnibus. Et celle de l'entretien avec Jean-Louis Crémieux-Brilhac que Georges-Marc Benamou publie dans son livre « les Rebelles de l'an 40 ».

 

 

1 commentaire
Rigole ok je me suis reinscrite car je croyais etre radiee vu que je n ai rien reçu de vous depuis le 23 alors bon je reste
Envoyé par Jacqueline_025 - le Mercredi 26 Mai 2010 à 13:58
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 42 minutes