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Blog : Ragazou

Le réveil de la majorité

par Joseph Facal

 

Dans une excellente chronique publiée le 24 mai dans le Journal de Montréal, Daniel Audet semblait s'étonner, voire déplorer qu'une majorité de Québécois tienne, selon un récent sondage, au maintien du crucifix dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.

 

Il y a d'excellents arguments pour le maintien, le retrait ou le déplacement de celui-ci. Mon billet ne porte pas là-dessus.

 

Je veux seulement faire ressortir que les Québécois sont loin d'être le seul peuple dont la baisse de la pratique religieuse s'accompagne d'un désir de maintenir bien en vue les symboles patrimoniaux d'origine chrétienne. 

 

En novembre et décembre 2009, la Fondation BBVA a interrogé 21 000 répondants de douze pays de l'Union européenne. Rendu public au début mai, le sondage a fait grand bruit en Europe en raison de la taille de son échantillon. Pour le consulter, allez sur Google et tapez «Fondation BBVA et religion». 

 

Dans tous ces pays, sans exception, une majorité se dit favorable à des lois qui limiteront le port des vêtements associés à la religion musulmane. Évidemment, les proportions varient selon le type de vêtement et le pays. Les plus permissifs sont les Danois, et les plus restrictifs sont les Français, les Allemands et les Bulgares.

 

On note aussi une plus grande ouverture à l'endroit des symboles associés aux religions sikh et juive. L'explication de cela est évidemment que ces religions inquiètent moins.

 

Enfin, sans exception aucune, les majorités sont favorables au maintien des symboles d'origine chrétienne dans les lieux publics, comme par exemple les crucifix dans les salles de classe.

 

Un peu partout, la classe politique prend acte du réveil de ces majorités de moins en moins silencieuses. Après la France et la Belgique, les autorités d'autres pays européens entreprennent, pour des motifs plus ou moins nobles selon les cas, d'agir.

 

Le cas italien est intéressant.

 

Un jugement de 2009 «invitait» le gouvernement italien à retirer tous les symboles religieux des salles de classe, ce qui, dans les faits, revenait à demander de retirer le crucifix. Le 30 juin prochain, Rome plaidera devant le Tribunal sur les droits humains de Strasbourg que le crucifix est un symbole historique et culturel, en même temps que religieux, et, qu'à ce titre, il doit demeurer en place.

 

Il faut dire que le droit actuel montre cruellement ses limites. Prenez le cas des vêtements.

 

Si on choisit de considérer un vêtement comme un symbole religieux, on peut le permettre au nom de la liberté religieuse, mais on peut aussi décider de l'encadrer plus ou moins sévèrement au nom de la laïcité de l'État ou de la sécurité.

 

Si on le considère comme un simple choix vestimentaire, on peut alors laisser aux autorités locales le soin de le réglementer, ce qui entraînera forcément des différences d'un endroit à l'autre.

 

Chose certaine, dans aucun pays, la séparation entre l'État et la religion n'est tranchée au couteau. Aux États-Unis, les billets de banque portent la mention  «In God we trust». En Grande-Bretagne, la reine est aussi, formellement, le chef de l'Église anglicane.

 

Toutes les sociétés occidentales tâtonnent en ce moment. Il n'y a pas de réponse unique et transposable d'un pays à l'autre.

 

Mais il est frappant de voir qu'un peu partout, quand les peuples sont confrontés malgré eux à ces questions, ils redécouvrent leur attachement à leurs racines historiques et semblent vouloir que leurs élus sachent conjuguer le présent et le passé.

 

Publié dans Journal de Montréal et Journal de Québec

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Dernière mise à jour, il y a 55 minutes