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Blog : Carnets d'actualité

L'AVEUGLEMENT

 

I. Tout le monde savait quels risques courait cette flottille humanitaire chargée de vivres et de médicaments, convoyés par des centaines de militants pacifistes, lorsqu'elle avait quitté Athènes pour atteindre Gaza. En fait, on croyait tout savoir, sauf le pire. Les autorités israéliennes avait prévenu qu'elles s'opposeraient à cette expédition qui, selon elles, allait violer leur souveraineté maritime et constituait surtout une manifestation provocatrice et publicitaire de solidarité. Cette interprétation n'était pas infondée. Reste à savoir si le blocus imposé aux habitants e Gaza par Israël - mais aussi, ne l'oublions pas, par l'Egypte -  ne justifiait pas qu'une telle provocation eût lieu. On avait espéré, semble-t-il, des négociations entre l'amirauté israélienne et les navires rebelles pour que les vivres et les médicaments parviennent  aux Palestiniens de Gaza par les soins de la marine israélienne elle-même. C'était une solution élégante. Au lieu de cela, ils ont choisi l'arrogance de la force et, pour leur image, c'est une catastrophe. Il semble qu'il n'y ait plus rien à attendre d'un pays qui se croit de plus en plus en état d'insécurité depuis que le manque absolu de vision politique de ses dirigeants l'a conduit à l'isolement.

D'autant que, pendant ce temps, le Conseil de sécurité de l'ONU, c'est-à dire les Etats Unis, la Russie, la Grande Bretagne, la France et la Chine, ont confirmé à l'unanimité la déclaration du 5 Mai dernier préconisant la transformation du Proche-Orient en zone dénucléarisée. C'est la première fois que les Etats-Unis ne tiennent pas compte des réserves faites par les Israéliens qui refusent toujours de participer au Traité de 1995 sur la non prolifération des armes nucléaires. Ce traité préconise, au Proche -Orient, une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive. Or les Israéliens estiment que les membres permanents du Conseil de Sécurité n'ont pas tenu compte du contexte particulier dont ils pouvaient être les victimes. Ils veulent surtout ne pas se délivrer d'une « ambigüité » érigée en stratégie : ils entendent tout faire pour qu'il ne puisse y avoir de certitude sur leur capacité à utiliser un armement nucléaire dont personne ne doute qu'ils le possèdent. Et d'une manière étrange, la majorité républicaine du Congrès a toujours obtenu  jusqu'ici de la Maison Blanche que l'on respecte cette « ambigüité »!

II .En fait, on assure que Barak Obama s'était plus ou moins engagé à trouver une occasion de montrer qu'il pouvait, au moins une fois, ne pas s'opposer à une motion de l'ONU signée par tous mais qui serait désapprouvée par Israël. Voilà une chose à demi-faite. Le problème posé par la détention de l'arme nucléaire par les Israéliens ne pourra plus être longtemps contourné. Surtout, il y a le problème de l'Iran et la nouvelle conception multipolaire du monde affirmée par le président des Etats-Unis. En Afghanistan, en Irak, face à la menace iranienne et à l'incertitude sur la Corée du Nord, il entend s'appuyer désormais non seulement sur la Chine et la Russie mais aussi sur le Brésil, sur l'Inde et sur la  Turquie. Or, pour tous ces pays liés au monde arabo-islamique, une paix en Palestine ne pourrait que favoriser les coalisations anti-iraniennes et anti-islamistes qu'ils appellent de leurs v'ux.

 

III. Il faut que Martine Aubry, qui était bien partie, s'empresse de faire oublier ce qui est bel et bien un dérapage. Elle s'est émue de ce qu'un président qu'elle tient en piètre estime ose s'en prendre à un président qu'elle avait eu toutes les raisons d'admirer. Mais c'est ce que les présidents ont toujours fait. Même « Napoléon le petit », comme l'appelait  Hugo, ne s'est pas privé de quelques remarques sur « Napoléon le grand. »

 Je comprends la nécessité où se trouve Martine Aubry de se livrer à une opposition radicale : c'est le seul moyen de rassembler une gauche et d'apprivoiser une extrême-gauche dont on pense ce que Mitterrand pensait des communistes, à savoir que l'on ne doit pas dépendre d'elle. Mais il faut bien choisir ses thèmes de radicalité, surtout dans un moment où l'on a vu que  les intellectuels doutent de tout... sauf d'eux-mêmes. Pour ma part, j'ai tiré des débats sur l'identité de la gauche une idée forte et simple, a savoir que cette identité doit se définir désormais par une priorité absolue et même par une sacralité du social.

Dans la période de crise extrême que traversent presque tous les pays d'Europe, cette sacralisation doit se manifester par l'annonce solennelle d'une juste répartition des sacrifices. Il n'y a qu'un seul langage que l'on peut entendre désormais : nous autres citoyens de ce pays, ou d'Europe ou d'ailleurs, nous subissons les agressions financières d'un capitalisme devenu fou ; voici comment nous allons y répondre. Par exemple, s'agissant des retraites, voici quels seront les sacrifices et voici comment ils seront répartis, selon des critères de pénibilité, de durée du travail, de désir de chacun, pour qu'au malheur de l'injustice initiale, ne s'ajoute pas une injustice dans le sacrifice.

C'est un fait que le monde a changé depuis que le programme commun de l'union de la gauche avait conduit, en 1983, à amener la retraite à 60 ans. Nous devons tenir compte aujourd'hui du nombre croissant de personnes qui vivent de plus en plus longtemps et de l'état de nos finances. On ne doit pas cacher que le maintien de la retraite à 60 ans impliquerait une augmentation des cotisations, sans doute des impôts. Mais si une juste répartition des sacrifices est clairement établie, alors il n'y a plus de raison de s'en tenir au dogme des 60 ans. En fait, il suffit de considérer chaque retraité comme un cas d'espèce, tout simplement parce que cela correspond à la réalité. Il faut établir une véritable retraite à la carte et c'est ce que les syndicats suédois (et italiens !)ont obtenu de leurs dirigeants. On en revient toujours au même constat : le très faible taux de syndicalisation des salariés français ne permet pas à leurs organisations d'avoir la même puissance de négociation avec le gouvernement que les syndicats d'autres pays. Et tout sera bloqué tant que les travailleurs n'auront pas le devoir de se syndiquer. Sans l'obligation du droit de vote et de la syndicalisation, le réformisme radical que nous appelons de nos v'ux, ne pourra se traduire dans les faits.

J.D

P.S :

Le Centre Communautaire Juif de la rue Lafayette à Paris, à organisé dimanche dernier, un hommage à Théo Klein, ancien président du CRIF et qui a pris des positions très sévères à l égard de certains  dirigent israéliens. Participaient à cet hommage Hubert Védrine, Jean Pierre Chevènement, Claude Lanzmann, l'ambassadeur d'Israël Daniel Schek et moi-même. Cette réunion avait lieu tandis qu'à Tel- Aviv, un forum de confrontations libres commentait « l'Appel à la raison signé par trois mille personnalités juives qui sont en désaccord avec la politique de l'actuel gouvernement de Jérusalem. Pour ma part je n'avais aucun problème, dans la mesure ou dans les ?uvres de Theo Klein, je peux trouver des phrases que j'aurais voulu prononcer, et d'autres pu dire et d'autres  que j'ai déjà écrites.  C'est exactement ce que j'ai pensé en lisant le livre stimulant de Régis Debray(« A un Ami Israélien » ), si bien qu'en rendant hommage  à Théo Klein ,j'avais l'impression de réclamer, que l'on nous rende  justice à l'un et à l'autre, puisque nous avons eu raison contre vents et marées depuis vingt ans.

C'est la première fois que j'intervenais dans ce Centre communautaire, et je trouvais qu'il y avait décidément quelque chose de changé. Je me suis alors souvenu de cette époque ou il y avait comme grand rabbin l'admirable René Sirat, comme président du CRIF Théo Klein, comme ambassadeur d'Israël, Elie Barnavi, comme cardinal archevêque Jean Marie Lustiger et comme représentante de l'autorité palestinienne, Leila Shahid. Epoque heureuse !

 

 

 

 

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 56 minutes