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Blog : Carnets d'actualitéL'Ecole du Foot
Ce qu'un Henry de Montherlant, dont l'ascendant sur ma génération est peu imaginable, célébrait dans le sport, c'est qu'il avait ses lois et que chacun devait s'y soumettre. On connait ses odes à la tauromachie et au face à face avec la mort. Mais il admirait, dans « Les Onze devant la porte dorée », une discipline et une répartition des rôles aussi rigoureuses que dans un grand orchestre symphonique. Une fausse passe, c'était comme une fausse note. Et s'il pensait - à tort, bien sûr, puisqu'il ignorait alors le phénomène du dopage - qu'il y avait au moins un domaine où personne ne pouvait tricher, il avait raison d'observer que chacun choisissait librement de respecter des règles universelles. Le spectacle qu'offre, grâce à la télévision, l'actuelle Coupe du Monde de football procure une belle illustration des intuitions de Montherlant. Les règles sont en effet les mêmes pour toutes les équipes, tous les joueurs, et surtout pour tous les arbitres. Elles sont implacables. Il n'y a pas de place ici pour le souci ou la crainte de ce qu'on appelle la « diversité ». Et cet exemple devrait enchanter la réflexion. Car le problème de l'universalité des valeurs et de sa conciliation avec la diversité des cultures résume à mes yeux la modernité. Lévi-Strauss, cependant, ne croyait pas qu'il y eût des valeurs universelles. Il soulignait le fait que les grandes chartes définissant les Droits de l'Homme avaient été signées dans l'enthousiasme par des nations dont la pratique et même l'éthique étaient contraires aux dispositions de ces chartes. Les hommes n'avaient pas dans toutes les parties du monde la même conception de leurs rites, de leurs traditions, de leurs intérêts, et surtout de leurs passions. On ne pense pas de la même manière à l'amour et à la mort à Samarkand, à Valparaiso et à Oulan-Bator.
II. C'est au nom d'une telle conviction, d'ailleurs constamment discutée, qu'un Samuel Huntington, se voulant héritier du grand historien Arnold Toynbee, a classé un certain nombre de civilisations et en a distingué quelques unes dont il lui paraissait que tout les opposait et qu'un choc entre elles étaient « possible, probable, sinon inévitable. » J'ai personnellement opposé à Huntington, dans plusieurs débats publics, le fait qu'aucune civilisation n'était plus diverse que celle de l'Islam et que les victimes des conflits entre musulmans étaient, dans l'histoire, bien plus nombreuses que celles de leurs affrontements avec la chrétienté. En fait, Huntington s'alarmait d'un constat, celui de l'hostilité des puissances musulmanes ou asiatiques à l'égard de l'Occident et il y dénonçait une menace. Bernard Lewis, le grand islamiste de Princeton, n'avait-il pas décrété que le conflit qui séparait depuis onze siècles la chrétienté de l'islam ne pouvait pas s'arrêter en une génération ?
III. Pour revenir aux dieux du stade et aux passions des foules, s'ils ont pu naguère alimenter le culte du corps, l'affirmation de la force et l'arrogance de la supériorité, s'ils peuvent sans doute encore susciter la compétition des nationalismes, c'est tout en respectant quelques valeurs universelles. Sont-elles communes au génie de chaque peuple ? En tout cas, ils s'y sont tous ralliés. L'erreur serait d'ailleurs de confondre l'identité des valeurs et l'incitation à les respecter. Dans le code d'Hammourabi, le Sermon sur la montagne, le Décalogue, la Magna Carta, jusqu'aux différentes chartes des Droits de l'homme, les auteurs ne supposent pas que tous les hommes se ressemblent mais qu'ils ont l'obligation de respecter un minimum de règles ou même de recettes pour vivre ensemble, ne serait-ce que pour coexister. Et c'est bien ainsi que l'on devrait, aujourd'hui, évoquer la diversité. Il faut dire que, sur l'identité des peuples qui composent la race humaine, les Ecritures, sauf peut- être dans le bouddhisme, ne donnent pas toujours des messages dont la clarté soit exemplaire. On peut même dire qu'au nom du sacré, on trahit constamment et partout la sainteté. Surtout à Jérusalem ou l'adoration des idoles de pierre provoque la mort d'un saint comme Itzrak Rabin, ou celle de fidèles en prières comme à Hébron.
IV. Je lis aujourd'hui une information dans le « Herald Tribune » en très petit caractère et sous le titre « Un mythe, plusieurs Pakistan » : Une attaque létale contre deux mosquées, qui a tué plus de quatre-vingt membres de la secte religieuse Hamadi, est le résultat de siècles d'ignorance de la diversité religieuse ». Voilà où en est l'Islam. Alors je comprends bien qu'au regard des grands affrontements de l'histoire, on juge disproportionnée l'importance accordée au petit nombre de victimes du conflit israélo-palestinien. Mais ceux qui le pensent oublient que le monde entier, jusqu'en 1967, était bien plus favorable à l'Etat d'Israël qu'il ne lui est hostile aujourd'hui. C'est que l'on juge enfin, aujourd'hui, les responsables juifs pour ce qu'ils font et non pour ce qu'ils sont. Ce qui n'empêche pas, je tiens à le dire après mon dernier article, que l'idée de boycotter les créateurs, écrivains, cinéastes ou musiciens israéliens est non seulement une ignominie mais une crétinerie. Transformer les alliés en ennemis n'est pas le moyen de se faire justice.
V. J'en ai déjà parlé, mes amis aussi, mais je ne veux pas oublier, pour ce 18 juin, de signaler quelques livres. Les éditions Grasset ont eu quatre bonnes idées : celles de republier les livres de François et de Claude Mauriac sur de Gaulle, et celle de rééditer le livre de Daniel Rondeau et de Roger Stéphane, sur « La France libre par ceux qui l'ont faite ».Je n'ai pas la place ici, aujourd'hui, de citer les perles qu'on y trouve. D'autant que je ne veux pas oublier le « Journal » de Roland de Margerie qui fut le chef de cabinet diplomatique de Paul Reynaud au printemps 1940. Son père avait servi l'Etat durant huit générations, et sa mère était la s'ur d'Edmond Rostand. Furieusement hostile à la capitulation, Roland de Margerie n'en choisit pas moins de rejoindre un poste diplomatique à Shangaï, de Gaulle n'ayant pas su trouver les mots pour le retenir près de lui...
VI. Donc, « Libération » et « Le Nouvel Observateur », nous appellent à choisir, dans un colloque à Grenoble, la réforme que la gauche devrait considérer la plus urgente si elle parvenait au pouvoir. Pour ma part, respectant mon petit catéchisme « pour un réformisme radical », j'ai choisi l'obligation pour les travailleurs d'adhérer à un syndicat. Définir l'objectif et oublier le moyen d'y parvenir, ce ne serait pas sérieux ! J.D
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