Blog : Ragazou

By ELIAS LEVY, Reporter (CJN)

 

La réforme du système d'assurance maladie aux États-Unis, que vient d'adopter le Congrés américain, pourrait profiter aux entreprises israéliennes oeuvrant dans les domaines de la pharmacologie, de la fabrication d'instruments médicaux de pointe, des biotechnologies' estime l'éco no miste franco-israélien Jacques Bendelac.

 

Jacques Bendelac 

 

?La plupart des citoyens améri cains seront désormais obligés de s'assurer à une assurance maladie. C'est donc un marché de 32 millions d'Américains, jusqu'ici non assurés, qui s'ouvre aux compa gnies d'assurance et aux caisses de maladie américaines.

 

Sur une décennie, ce marché est estimé à 940 milliards de dollars US. Autant dire que la réforme de l'assurance maladie aux États-Unis va surtout profiter aux entreprises opérant dans le secteur de la Santé. Or, on sait qu'Israël a à son actif une expé­rience éprouvée dans le domaine la Santé, de nombreuses entreprises israéliennes excellant dans ce créneau: les biotechnologies, les médicaments, les instruments médicaux sophistiqués'?, rappelle Jacques Bendelac.

 

Le lien entre la réforme de la couverture-Santé récemment adoptée aux États-Unis et Israël a commencé à être établi il y a quelques mois quand des hauts fonctionnaires américains, en charge de cette ambitieuse réforme, ont effectué une visite de travail en Israël au cours de laquelle ils ont passé à la loupe le système israélien de couverture médicale universelle. Ces derniers ont été particulièrement intéressés par la structure très particulière des caisses de maladie israéliennes, et notamment par l'informatisation avancée du système médical israélien, précise l'économiste.

 

?Aujourd'hui, les entreprises israéliennes oeuvrant dans le domaine de la Santé sont bien positionnées pour s'octroyer une part, même modeste, de cet énorme marché américain. Les opportunités ne manqueront pas. Par exemple, on peut raisonnablement estimer que les assurances américaines vont préférer les médicaments génériques, moins coûteux.

 

Ce qui devrait favoriser le groupe israélien Teva, leader mondial des médicaments génériques, qui vient de dé bour ser 3,7 milliards d'euros pour acquérir le laboratoire allemand Ratiopharm. Teva représente désormais 19% du marché mondial des médicaments génériques. Cette firme multinationale israélienne est bien placée pour affronter la concurrence sur le marché améri cain.?

 

Par ailleurs, ajoute Jacques Bendelac, cette réforme du système d'assurance maladie va contraindre le système médical américain à se rationaliser et à ré duire ses coûts.

 

?Cette tendance va conduire les assureurs américains à favoriser certains types de produits. Par exemple, on peut prévoir que l'usage des outils utilisés dans le processus du diagnostic médical -comme les supports logiciels- va se répandre. Objectif: sélectionner le diagnostic le plus probable et donc réduire les frais des assureurs. Les firmes israéliennes spécialisées dans l'informatique médicale pourraient dé crocher d'importants con trats.

 

Dans le domaine des appareils médicaux de pointe, la rationalisation va aussi s'accélérer. Les centres médicaux vont préférer utiliser le matériel qui leur permettra de réduire la durée d'hospitalisation du malade, voire de favoriser son hospitalisation à domicile. Dans ce domaine aussi, les entreprises israéliennes ont une longueur d'avance sur la plupart de leurs concurrents.?

 

D'après Jacques Bendelac, la réforme du système d'assurance maladie aux États-Unis ne devrait donc pas laisser indifférentes les entreprises israéliennes.

 

?Cette réforme va notamment favoriser les firmes et leurs chercheurs qui disposent d'un savoir-faire et d'une technologie avancée dans le secteur de la Santé.?

 

La réforme proposée par Barack Obama ne bouleversera pas le système d'assurance maladie en vigueur aux États-Unis. Celle-ci maintient l'assurance privée mais propose de mettre en place un régime alternatif (c'est-à-dire concurrent des assureurs) qui permettrait de peser sur les coûts, et ainsi d'améliorer la couverture médicale des Américains tout en facilitant la maîtrise des dépenses.

 

Aux Américains sans couverture maladie, de nouvelles assurances Santé leur seront proposées à des prix abordables. Un organisme servant d'intermédiaire entre les assureurs et les assurés devrait assurer la gestion de ce nouveau type de couverture médicale. Les employeurs auraient le choix entre contracter une assurance privée comme aujourd'hui ou alors payer une cotisation à un nouveau système.

 

Qui pilotera le nouveau système d'assurance maladie américain'

 

C'est une des questions au coeur de la polémique. L'idée de départ, reprise par les Commissions de la Chambre des Représentants, était de confier la gestion de ce nouveau système à un organisme public. Les opposants à ce projet ont accusé les Démocrates de vouloir subrepticement imposer un ?payeur unique' public comme dans certains pays d'Europe ou au Canada.

 

Chose certaine, ce débat houleux est loin d'être clos.

 

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en Sciences sociales à Jérusalem. Il a enseigné l'Économie dans des universités françaises et israéliennes. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Israël à crédit, L'Éco no mie palestinienne, La nouvelle Société israélienne'

 

Ses recherches actuelles portent sur la société civile en Israël. Dernier ouvrage pu blié: Les Arabes d'Israël (Éditions Autrement, Paris, 2008).

 

French-Israeli economist Jacques Bendelac explains why health-care-related businesses in Israel could benefit from new U.S. health insurance laws.