Blog : Drzz

La semaine dernière est apparue sur différents sites pro-palestiniens l'information suivante : les magasins Darty et notamment celui du 18èmearrondissement de Paris auraient retiré de la vente un produit fabriqué en Israël.

Cette information a rapidement été démentie grâce à la vigilance d'une des participantes du site Bivouac-id. Il s'agissait apparemment d'un retrait provisoire du produit en raison de l'arrivée de plusieurs manifestants pro-palestiniens dans le magasin.

Pour autant, il suffit de taper sur internet « boycott Israël » pour tomber sur quantité de sites qui, véritablement continuent d'appeler au boycott, c'est-à-dire à la cessation des relations avec un pays. Le site europalestine, par exemple, vend une brochure depuis 2009 qui explique comment procéder pour ne pas acheter de produits israéliens. Cet été, la même association organise une tournée des plages pour promouvoir cette campagne.

Nous voudrions donc profiter de l'occasion pour formuler quelques réflexions.

D'une part, il est fascinant de constater le silence complet des institutions communautaires juives sur le sujet. Pendant que les autres occupent littéralement le terrain à travers des initiatives multiples et variées, les institutions se contentent de communiqués que personne ne relaie.

D'autre part, en l'état de la jurisprudence, l'appel au boycott ne saurait en aucune manière se rattacher à l'exercice de la liberté d'expression. La jurisprudence émane de la Cour européenne des droits de l'homme (16 juillet 2009) et permet donc en l'état actuel du droit positif de faire interdire ce genre d'initiatives.

Il n'y a donc aucun obstacle à ce qu'une association habilitée à défendre un intérêt collectif ? en l'occurrence, même une association de consommateurs serait en droit d'agir ? à assigner tous les responsables de ces sites. Sans compter qu'il serait amusant d'aller vérifier ce qui se vend sur la tournée des plages organisée par Europalestine.

A moins qu'il faille à présent se résigner à l'inaction de peur d'une évolution de la jurisprudence qui changerait radicalement les perspectives en la matière. Bref, à travers la prolifération des appels au boycott et des nouveaux argumentaires développés par les tenants d'une telle approche, il faut se demander si, finalement, les Juifs de France ne vivent pas sur une illusion : apparemment protégés ; pratiquement démunis.

Patrice Amar
Docteur en droit, diplômé IEP Paris.