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Blog : Carnets d'actualitéDangereux ? Voici pourquoi
Avant que la colère des rues ne se remette à gronder, la seule question sérieuse est désormais de savoir si les effets de la politique sécuritaire et sociale du président de la République sont de simples dérives, maitrisables par des concessions graduelles, ou l'épreuve dramatisée et prévue d'une stratégie parfaitement élaborée. Pour ce qui est des retraites, Nicolas Sarkozy conçoit déjà qu'à la condition de procéder à quelques adaptations concernant la pénibilité du travail et l'adaptation des dispositions à la situation des femmes, le caractère indispensable de la réforme est déjà accepté par de nombreuses catégories de l'opinion publique. En revanche, pour ce qui est du réquisitoire quasi mondial contre une politique accusée de stigmatiser une catégorie de citoyens, alors, il peut très bien décider qu'au point où il en est, il a avantage à jouer les héros solitaires d'une « grande » cause plutôt que le politicien acculé aux retraits et bientôt à la retraite. Cette façon de poser le problème implique donc que Nicolas Sarkozy a depuis le début une conception stratégique et offensive, celle d'un véritable défi : c'est le rapport de force avec la rue, les élites et les médias qui pourrait lui permettre de redevenir à terme le champion d'un certain chauvinisme populiste. C'est ce que j'ai appelé, dans mon récit d'une rencontre à l'Elysée avec le président, « l'illusion populiste ». En Italie, le populisme berlusconien a déjà transformé l'illusion en une réalité durable. La question est de savoir si cette transformation va avoir lieu en France et c'est qui justifie le titre que nous avons mis il y a quinze jours de notre couverture : « Cet homme est-il dangereux ? » J'ai finalement eu tort d'avoir douté de son opportunité. À ce moment-là, l'image de la France n'avait pas encore été polluée et même souillée par les accusations formulées d'une manière singulièrement humiliante à Bruxelles. La réputation du président en a-t-elle souffert ? Les sondages l'affirment. Mais dans la même logique que je lui prête plus haut, il en est réduit à démontrer que l'injure faite à la France est bien plus grave que ce dont on croit devoir « injustement » l'accuser du fait de l'expulsion de « hors-la-loi ». Il peut très bien se dire que c'est lui qui, en définitive, a défendu l'honneur national. C'est d'ailleurs une chance pour lui que la vice-présidente de l'Union européenne ait été conduite à un rapprochement scandaleux avec « la seconde guerre mondiale ». Nicolas Sarkozy ne pouvait-il pas souhaiter mieux ! Même si, pour le moment en tout cas, le désaveu de cette vice-présidente par les principaux dirigeants européens ne s'est pas accompagné d'une indulgence retrouvée pour notre président. C'est donc à un chef d'Etat traqué, sans liberté de man'uvre et sans capacité d'adaptation que nous aurons désormais affaire. Il lui reste à suivre les conseils que lui donne notre austère et respecté confrère « The Economist ». Contrairement à ce qui s'est dit, ce prestigieux hebdomadaire, qui donne le ton à une grande partie de l'opinion occidentale, n'a pas fait preuve d'une hostilité constante à l'égard de Nicolas Sarkozy. Comme le rappelle opportunément « le Courrier international », en 2007, le président français apparaissait comme « la chance de la France ». En 2009, dominant Angela Merkel et Gordon Brown, le mérite lui est reconnu d'être « seul à résister à la crise ». C'est seulement en 2010 qu'il devient, sur la couverture de « The Economist », « le président qui rétrécit » allusion au titre d'un roman de science-fiction. En résumé, « quand il donne le meilleur, Sarkozy est un politique extraordinaire ; quand ses forces l'abandonnent, il n'est plus qu'un opportuniste sans scrupule ». Reste que notre confrère, qui considère d'ailleurs la réforme des retraites comme absolument indispensable, encourage Sarkozy à poursuivre sans relâche toutes les réformes. Comme il n'a plus rien à perdre, il ne peut qu'essayer de gagner. S'il perd, il entraîne la France dans sa chute, s'il gagne, il entraîne le peuple dans le déshonneur.
Pour saluer Arkoun Je souhaite ici donner le témoignage de notre dette considérable à l'égard d'une personnalité comme Mohammed Arkoun, professeur émérite à la Sorbonne, qui est mort mardi dernier alors que nous nous attendions à le recevoir cette semaine. Nous ne pleurons pas seulement la disparition d'un ami ni d'un éminent universitaire, ni du citoyen du monde qui entendait intégrer la mémoire de la Shoah dans le patrimoine de l'humanité. Nous n'oserons pas non plus nous attarder sur ses recherches en « islamologie appliquée ». Laissons ce soin à d'autres amis ou chercheurs plus compétents que nous en ce domaine. Mais ce Français musulman et kabyle, né en 1928 à Taourirt-Mimoun, en Algérie, demeuré fidèle à sa patrie d'origine, a représenté dans l'ardente continuité de ses recherches et la densité contagieuse de son enseignement, l'illustration la plus roborative de ce que peut devenir un réformisme musulman (ou un islam réformé) lorsqu'il accepte sans complexe et même avec un sentiment de réappropriation la fécondité des Lumières. La dernière fois que je l'ai entendu discourir, c'était à l'ambassade du Qatar où il recevait une distinction dont il a fait un prétexte et même un défi. Orné de cette crinière demeurée abondante et blanche, doué de ce timbre de voix qui fait les prédicateurs, mais aussi de cette ironie qui prive les sermons de leur fatuité habituelle, il s'indignait à l'idée que les penseurs et les étudiants musulmans, où qu'ils se trouvent, pussent ignorer tout ce que la raison critique refondée dans le XVIIIème° siècle français pouvait apporter à la gloire spirituelle et intellectuelle du message islamique. Et son impatience était telle que c'est avec un ton imprécatoire que Mohammed Arkoun rappelait les sources islamiques du cheminement vers les Lumières. J'avais eu jadis son accord à la thèse dont je m'étais fait l'écho et selon laquelle, à Cordoue, grâce aux traductions en arabe d'Aristote, les penseurs juifs comme Maïmonide et surtout musulmans comme Averroès avaient ébranlé les dogmes de la pensée théologique et ouvert la voie vers les Lumières et d'abord vers la philosophie allemande. Je me ralliais à Mohammed Arkoun contre les thèses d'un autre grand esprit avec qui j'avais des liens d'amitié, le cardinal Lustiger. Aujourd'hui où les débats sur l'Islam ont de telles incidences politiques et même civilisationnelles, la pensée de Mohammed Arkoun devrait être fidèlement et audacieusement prolongée. J.D.
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