English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Blog : Carnets d'actualité

Clamavi in deserto !

Clamavi in deserto !

 

Le romancier Michel Houellebecq était d'évidence incontournable, mais à mes yeux, l'homme de la semaine, c'est Stéphane Hessel, né juif allemand, devenu officier dans la Résistance française, ancien déporté, ancien ambassadeur, et militant rayonnant de toutes les grandes causes. Maintenant que du fait de l'âge il peut m'accueillir dans le club très fermé où il règne, je peux lui dire qu'il fait partie des amis que je respecte le plus. Il vient de  publier un petit livre « Indignations », une émission de la série « Empreintes » lui est consacrée et il revient de Gaza. Comment s'y prend-il donc pour que l'horreur lui donne tant d'énergie, la dénonciation tant de courage, et le combat contre la barbarie tant d'optimisme sur les hommes. Pourquoi nos destins ne s'étaient-ils jamais croisés ? Je l'ignore. Nous avons  pourtant fréquenté pratiquement les mêmes gens et défendu les mêmes idées, souvent dans les mêmes milieux, sauf que j'ai fait la guerre tandis qu'il était à Buchenwald .Je lui envie deux choses. La première, c'est de croire en l'homme quoi qu'il arrive. Mais la seconde, surtout, c'est de pouvoir conclure une soirée en récitant Apollinaire de sa voix si amplement timbrée de grand acteur.

 

Donc il revient de Gaza. Il s'indigne. Il a raison : nous devrions tous y aller. [J'ai du reculer trois fois devant les fatigues d'un tel voyage, mais je ne désespère pas de m'y rendre.] Je voudrais me faire, moi aussi, une idée personnelle. Non pas que je doute des témoignages d'amis comme lui mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il me fallait sentir les choses plutôt seul et sur le terrain. Chaque fois que je l'ai fait, cela m'a permis de  comparer ce que j'avais entendu à ce que je voyais. De Gaza, en tout cas, me parviennent des témoignages que je ne peux pas récuser. Des femmes, des chrétiens et des jeunes, me dit-on,-l'ordre dans lequel je cite ces gens n'est pas innocent- font tout pour fuir vers Ramallah une ville palestinienne qui découvre une certaine  prospérité grâce à l'aide européenne qui semble être, pour une fois, bien distribuée. Les écoles et les hôpitaux en profitent. La cause de cet exode , c'est que cette partie de la Palestine contrôlée par le Hamas est asphyxiée par le blocus israélien et que l'on doit commencer d'abord par faire cesser cet inutile et honteuse mesure. Sans doute. Mais ce n'est pas la seule cause. Le pouvoir exercé  par le Hamas au nom de la Charia s'applique parfois avec une cruauté arbitraire et il est clair que l'on est en présence d'un despotisme ethnico-religieux qui se jette sur tous les alibis que leur fournissent les Israéliens pour refuser un compromis entre les frères ennemis de la Palestine occupée.

Après la compassion, cependant, il faut passer à la politique. C'est un pas qu'un ancien ministre israélien, Schlomo ben Ami, vient de franchir audacieusement : il recommande de prendre les responsables du Hamas comme interlocuteur principaux sinon exclusifs, pour jouer avec eux cartes sur table puisqu'ils sont les vrais détenteurs du pouvoir et donc les seuls interlocuteurs d'une négociation.

 

A quoi servent nos appels ? Les commentateurs engagés que nous sommes ne sont-ils pas condamnés à clamer dans le désert ? A quoi aura servi notre défense des Tchétchènes ?  Comment obtenir la libération du prix Nobel chinois à l'heure où Paris a offert au représentant de l'Empire du milieu ses manteaux de lumières. Bernard Henri Levy a mille fois raison de mobiliser les hommes de bonne volonté autour de la cause de Sakineh Mohammadi Ashtiani cette Iranienne menacée de lapidation pour un meurtre dont l'aveu a été arraché sous la torture. Mais est-ce suffisant pour convaincre le despote iranien ?. Notre éthique de conviction est-elle compatible avec  l'éthique de responsabilité ? Accepter ce dilemme c'est trop souvent pour les Etats justifier le civisme de l'abstention. Il faut accepter qu'il y ait une répartition des taches entre les protestataires et les diplomates. Il faut choisir les meilleurs moyens, qui sont parfois les plus discrets pour sauver des têtes plutôt que militer pour une cause. Prenons le cas de cette Iranienne, Sakineh Mahammadi Ashtiani .Les mieux placés pour détenir la grâce sont sans  doute les Chinois et les Brésiliens. Et pour défendre le prix Nobel chinois, les Indiens ne sont pas les plus mal placés. Autrement dit, il faut parfois recourir à la combinaison de la pétition publique et de la stratégie silencieuse. Car il ne faut pas renoncer aux pétitions. Personnellement, je n'en signe jamais parce que j'ai la chance d'avoir une tribune et donc de pouvoir  nuancer à loisir l'expression de ma  protestation. Mais on a vu que le prestige de certains signataires d'appels pouvait susciter des infléchissements politiques et je sais, pour en avoir rencontré, à quel point les victimes de régimes despotiques ont pu être réconfortés d'apprendre qu'elles  n'étaient pas seules au monde.

 

Maintenant bien sûr, je veux parler d'Obama. Au lendemain de son grand discours du Caire sur la réconciliation nécessaire de l'Occident avec l'Islam, j'ai été jusqu'à écrire que j'étais heureux d'avoir vécu assez longtemps pour voir cet homme devenir l'hôte de la maison blanche et le président de la nation la plus puissante du monde. Aujourd'hui, qu'entend-on partout ? Qu'il voulait ressembler davantage à Martin Luther King et à Nelson Mandela qu'à Roosevelt ou à Clinton. Que cet intellectuel ne connaissait rien à l'économie, c'est à dire à la philosophie libérale qui fait de tout Américain un ennemi du pouvoir fédéral. Que cet orateur incomparable n'a pas le sens des foules, qu'il ne joue pas collectif et que, d'ailleurs, il n'a pas d'amis. Bref, malheur au perdant. Tout cela demeure frivole tant que l'on refuse de s'attarder sur le désastreux héritage laissé par George W Bush, et sur la dévastatrice crise financière qui a explosé en 2008. Deux questions essentielles qui doivent  conduire à une seule : Devant  ces deux immenses problèmes, qui aurait pu mieux réussir que Barack Obama' Les rédacteurs du New York Times n'ont trouvé personne d'autres.

Pour finir je veux faire état d'un bonheur : la lecture du dernier bloc note de Bernard Henri Levy dont le titre est « Ne tirez pas sur Obama » ! Rien de moins ! Il n'y a pas une seule ligne de cet édito que je n'aurais pu écrire, une seule observation que je n'ai déjà faite et que l'on m'a souvent reprochée de faire. Le discours du Caire que tous les Juifs et les Palestiniens du monde auraient du saluer, respecter, appliquer le jour même (4 Juin 2009), est  enfin cité dans ce bloc-notes ! BHL n'a évidemment aucun besoin de nous pour penser. Mais si nous avons contribué si peu que ce soit par nos écrits à créer un climat de pensée où l'on puisse nous  suivre sans le savoir ni le vouloir, c'est peut- être que selon l'expression d'Anatole France «  En ces temps là, le désert était peuplé d'anachorètes ». (1)

 

?(1)    Incipit de Thaïs

 

 

 

 

 

 

Clamavi in deserto !

 Le romancier Michel Houellebecq était d'évidence incontournable, mais à mes yeux, l'homme de la semaine, c'est Stéphane Hessel, né juif allemand, devenu officier dans la Résistance française, ancien déporté, ancien ambassadeur, et militant rayonnant de toutes les grandes causes. Maintenant que du fait de l'âge il peut m'accueillir dans le club très fermé où il règne, je peux lui dire qu'il fait partie des amis que je respecte le plus. Il vient de  publier un petit livre « Indignations », une émission de la série « Empreintes » lui est consacrée et il revient de Gaza. Comment s'y prend-il donc pour que l'horreur lui donne tant d'énergie, la dénonciation tant de courage, et le combat contre la barbarie tant d'optimisme sur les hommes. Pourquoi nos destins ne s'étaient-ils jamais croisés ? Je l'ignore. Nous avons  pourtant fréquenté pratiquement les mêmes gens et défendu les mêmes idées, souvent dans les mêmes milieux, sauf que j'ai fait la guerre tandis qu'il était à Buchenwald .Je lui envie deux choses. La première, c'est de croire en l'homme quoi qu'il arrive. Mais la seconde, surtout, c'est de pouvoir conclure une soirée en récitant Apollinaire de sa voix si amplement timbrée de grand acteur.

 Donc il revient de Gaza. Il s'indigne. Il a raison : nous devrions tous y aller. [J'ai du reculer trois fois devant les fatigues d'un tel voyage, mais je ne désespère pas de m'y rendre.] Je voudrais me faire, moi aussi, une idée personnelle. Non pas que je doute des témoignages d'amis comme lui mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il me fallait sentir les choses plutôt seul et sur le terrain. Chaque fois que je l'ai fait, cela m'a permis de  comparer ce que j'avais entendu à ce que je voyais. De Gaza, en tout cas, me parviennent des témoignages que je ne peux pas récuser. Des femmes, des chrétiens et des jeunes, me dit-on,-l'ordre dans lequel je cite ces gens n'est pas innocent- font tout pour fuir vers Ramallah une ville palestinienne qui découvre une certaine  prospérité grâce à l'aide européenne qui semble être, pour une fois, bien distribuée. Les écoles et les hôpitaux en profitent. La cause de cet exode , c'est que cette partie de la Palestine contrôlée par le Hamas est asphyxiée par le blocus israélien et que l'on doit commencer d'abord par faire cesser cet inutile et honteuse mesure. Sans doute. Mais ce n'est pas la seule cause. Le pouvoir exercé  par le Hamas au nom de la Charia s'applique parfois avec une cruauté arbitraire et il est clair que l'on est en présence d'un despotisme ethnico-religieux qui se jette sur tous les alibis que leur fournissent les Israéliens pour refuser un compromis entre les frères ennemis de la Palestine occupée.

Après la compassion, cependant, il faut passer à la politique. C'est un pas qu'un ancien ministre israélien, Schlomo ben Ami, vient de franchir audacieusement : il recommande de prendre les responsables du Hamas comme interlocuteur principaux sinon exclusifs, pour jouer avec eux cartes sur table puisqu'ils sont les vrais détenteurs du pouvoir et donc les seuls interlocuteurs d'une négociation.

 A quoi servent nos appels ? Les commentateurs engagés que nous sommes ne sont-ils pas condamnés à clamer dans le désert ? A quoi aura servi notre défense des Tchétchènes ?  Comment obtenir la libération du prix Nobel chinois à l'heure où Paris a offert au représentant de l'Empire du milieu ses manteaux de lumières. Bernard Henri Levy a mille fois raison de mobiliser les hommes de bonne volonté autour de la cause de Sakineh Mohammadi Ashtiani cette Iranienne menacée de lapidation pour un meurtre dont l'aveu a été arraché sous la torture. Mais est-ce suffisant pour convaincre le despote iranien ?. Notre éthique de conviction est-elle compatible avec  l'éthique de responsabilité ? Accepter ce dilemme c'est trop souvent pour les Etats justifier le civisme de l'abstention. Il faut accepter qu'il y ait une répartition des taches entre les protestataires et les diplomates. Il faut choisir les meilleurs moyens, qui sont parfois les plus discrets pour sauver des têtes plutôt que militer pour une cause. Prenons le cas de cette Iranienne, Sakineh Mahammadi Ashtiani .Les mieux placés pour détenir la grâce sont sans  doute les Chinois et les Brésiliens. Et pour défendre le prix Nobel chinois, les Indiens ne sont pas les plus mal placés. Autrement dit, il faut parfois recourir à la combinaison de la pétition publique et de la stratégie silencieuse. Car il ne faut pas renoncer aux pétitions. Personnellement, je n'en signe jamais parce que j'ai la chance d'avoir une tribune et donc de pouvoir  nuancer à loisir l'expression de ma  protestation. Mais on a vu que le prestige de certains signataires d'appels pouvait susciter des infléchissements politiques et je sais, pour en avoir rencontré, à quel point les victimes de régimes despotiques ont pu être réconfortés d'apprendre qu'elles  n'étaient pas seules au monde.

 Maintenant bien sûr, je veux parler d'Obama. Au lendemain de son grand discours du Caire sur la réconciliation nécessaire de l'Occident avec l'Islam, j'ai été jusqu'à écrire que j'étais heureux d'avoir vécu assez longtemps pour voir cet homme devenir l'hôte de la maison blanche et le président de la nation la plus puissante du monde. Aujourd'hui, qu'entend-on partout ? Qu'il voulait ressembler davantage à Martin Luther King et à Nelson Mandela qu'à Roosevelt ou à Clinton. Que cet intellectuel ne connaissait rien à l'économie, c'est à dire à la philosophie libérale qui fait de tout Américain un ennemi du pouvoir fédéral. Que cet orateur incomparable n'a pas le sens des foules, qu'il ne joue pas collectif et que, d'ailleurs, il n'a pas d'amis. Bref, malheur au perdant. Tout cela demeure frivole tant que l'on refuse de s'attarder sur le désastreux héritage laissé par George W Bush, et sur la dévastatrice crise financière qui a explosé en 2008. Deux questions essentielles qui doivent  conduire à une seule : Devant  ces deux immenses problèmes, qui aurait pu mieux réussir que Barack Obama' Les rédacteurs du New York Times n'ont trouvé personne d'autres.

Pour finir je veux faire état d'un bonheur : la lecture du dernier bloc note de Bernard Henri Levy dont le titre est « Ne tirez pas sur Obama » ! Rien de moins ! Il n'y a pas une seule ligne de cet édito que je n'aurais pu écrire, une seule observation que je n'ai déjà faite et que l'on m'a souvent reprochée de faire. Le discours du Caire que tous les Juifs et les Palestiniens du monde auraient du saluer, respecter, appliquer le jour même (4 Juin 2009), est  enfin cité dans ce bloc-notes ! BHL n'a évidemment aucun besoin de nous pour penser. Mais si nous avons contribué si peu que ce soit par nos écrits à créer un climat de pensée où l'on puisse nous  suivre sans le savoir ni le vouloir, c'est peut- être que selon l'expression d'Anatole France «  En ces temps là, le désert était peuplé d'anachorètes ». (1)

 J.D

?(1)    Incipit de Thaïs

 

 

 

 

 

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 28 minutes