English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Blog : Carand

MICHEL DRUCKER , PAS SI GENTIL QUE CA

Michel Drucker,
pas si gentil que ça par Anne Fulda

Par webmaster, mercredi 19 septembre 2007.

pour le site Figaro.fr
Sur Le Blog de : terredisrael.com

«J'ai découvert que des gens qui m'ont fait rêver sont parfois
les plus grandes impostures de ce métier. Je ne sais pas si
j'ai bon goût, mais j'ai le dégoût très sûr », tranche
Michel Drucker.
L'animateur, que l'on ne qualifie plus depuis belle lurette
de « gendre idéal », vient de fêter ses 65 ans et commence
à regarder dans le rétroviseur. Dans quelques semaines,
il publie un livre de souvenirs dans lequel il revient sur
ses origines, notamment sa judaïté, si longtemps mise de côté

Un grand gâteau envoyé par un admirateur lillois trône sur
la table basse de son bureau de l'avenue Gabriel, à Paris.
Recouvert de crème Chantilly et de petits cyclistes en
plastique, il est surmonté de cette inscription en lettres de
sucre : « Bon anniversaire, Michel ». Cela ne l'attendrit
pas outre mesure. « Enlevez-moi ce gâteau. Il a l'air de
dater de quelques jours. On risque l'intoxication »,
lance Michel Drucker, qui n'est pas du genre à prendre
des risques inconsidérés avec sa santé.
Hypocondriaque et fier de l'être, l'animateur, qui a survécu
à six présidents de la République, est un grand angoissé.
Il est terrifié à l'idée qu'un petit grain de sable,
« un pépin de santé », puisse venir gripper une machine aussi
bien huilée que la sienne. Il prend son pouls et sa tension
chaque matin. Traque toute anomalie de manière obsessionnelle.
Surtout en ce mercredi 12 septembre, jour d'enregistrement
de son émission dominicale, et date de son 65e anniversaire.
L'« événement » le trouble. Au point de rendre l'antenne
un quart d'heure avant la fin -
« C'est la première fois que cela m'arrive » -
et de multiplier les allusions à son âge pendant l'émission.
Soixante-cinq ans, c'est largement l'âge de la retraite,
normalement. Mais ce mot est tabou pour cet homme qui n'a
qu'une obsession depuis qu'il « fait » de la télévision :
ne pas décrocher. « Comment faire pour durer ?»,
a-t-il demandé il y a quarante-trois ans à Desgraupes
et Zitrone. Il aurait pu demander « Comment faire pour
ne pas mourir ? » tant il est évident que cet être à fleur
de peau, qui a toujours le trac avant une émission, sait
très bien que le jour où il quittera le petit écran,
ce sera fini. « Y a-t-il une vie après la télé ? Non.
C'est comme la politique. Regardez Chirac,
dans quel état il est. »

« Hors de question », donc, qu'il arrête. Hors de question
de sortir du « cercle magique », car « l'oubli arrive à
une vitesse phénoménale ». Si jamais, comme en 1990,
on décide de se passer de ses services, il fera de la radio,
un livre. Et du sport, aussi. « Le sport me sauvera »,
glisse-t-il, dans un souffle, comme s'il était un grand
malade en sursis. À sa manière, il l'est. Drucker est un
drogué. Drogué de télé. Drogué de travail.
C'est un monomaniaque du petit écran. Accro à la notoriété,
à l'hyperactivité. Voulant tellement en être. Pouvoir
être toujours sur la brèche, à tu et à toi avec le
président de la République comme avec Zidane.
Avec Johnny comme avec Michel (Sardou).

Drucker a compris depuis longtemps les règles qui régissent
le monde de la télévision. Depuis cet été 1968, où il a
été remercié pour avoir fait grève et avoir défilé aux
côtés - on ne se refait pas - de Sartre, Montand et
Signoret, il sait que la télévision est un monde où
« la vedette, c'est la télévision et pas le présentateur ».
« Il faut le savoir pour s'y préparer. J'y suis préparé
mais je ferai tout pour que ça n'arrive pas. » Tout plutôt
que de s'arrêter. Tout plutôt que d'affronter le vide.
À l'entendre parler de sa carrière mille fois racontée,
de ses « maîtres », de sa femme, de sa belle-fille,
de ses chiens (« J'ai récupéré des animaux de la
téléréalité qui ont un QI supérieur à celui de beaucoup
de candidats de»Secret Story* »), on se demande s'il
n'est pas, au fond, sous ses airs aimables,
devenu un peu misanthrope.

Et on se dit qu'il serait un client de rêve pour un analyste,
tant le poids de son enfance a été écrasant, prégnant, et
sa quête d'amour et de reconnaissance, évidente.
« Je voulais aimer pour être aimé », affirme-t-il en
narcissique assumé qui dit s'être « soigné tout seul »
après avoir été déclaré « inapte à toute activité
intellectuelle » par un psy que son père l'avait envoyé voir.
Et d'ajouter, oui, lui, le gentil Michel : « Je fuis les
psys et ce n'est pas les deux années que j'ai passées avec
Gérard Miller qui m'ont fait changer d'avis ! »

Tiens ! Ce que certaines mauvaises langues chuchotent en vous
demandant de garder l'anonymat, serait-il donc vrai ?
Drucker ne serait-il pas si gentil que cela ?
Son image lisse, si lisse,
pourrait-elle un jour être écornée ? La question revient
sans arrêt. Cela fait des années que l'on veut déboulonner
sa statue de commandeur audiovisuel. Et des années qu'il
répond qu'il est peut-être gentil, mais pas bête.
« J'ai fini par grandir. Je sais qui est qui.
Je connais les fausses valeurs du métier, les faux hommes de
gauche. J'ai découvert que des gens qui m'ont fait rêver,
parmi les plus adulés, sont parfois les plus grandes
impostures de ce métier. Je ne sais pas si j'ai bon goût,
mais j'ai le dégoût très sûr. » Il ne donnera pas de noms,
mais c'est dit. Envoyé, même. Sur le plateau, sous les
suntlights, Drucker joue les garçons polis. Il célèbre la
grand-messe de la proximité. People de tous bords,
unissez-vous, serrez-vous les coudes !
Il fait obligeamment passer les plats, met en valeur ses
invités, laisse ses jeunes chroniqueurs apporter la note
de piment nécessaire.
Mais, en coulisses, il n'en pense pas moins.

Il avoue même pouvoir être cynique. Il a compris, enfin, que
le téléphone sonne surtout à la rentrée, « à l'heure des
promos ». Il a compris que, dans le métier, la règle d'or,
c'est « passe-moi le sel et je te passe le poivre ».
Et il excelle dans l'exercice, déployant un sens politique
qui n'est pas mince pour tenir la place, « se débrouiller
pour qu'on ne lui pique pas ses parts de marché », comme
s'amuse le producteur Jean-Pierre Cottet, qui l'installa
dans la case du dimanche après le départ de Jacques Martin.

Toujours en bons termes avec les puissants sans pour autant
écraser ou charger les sortants, à qui il n'oublie jamais
de rendre hommage, Drucker - qui se définit comme
« le plus jeune des vieux » et se targue d'avoir su créer
« quelque chose entre le pays et lui » - est désormais
convaincu que certains de ses invités « ne continueraient
pas à remplir les salles » sans lui.

Faiseur de rois, fabricant de proximité bonasse,
il attire désormais sur son plateau, si fédérateur et
consensuel, de nombreux hommes politiques, devenus, selon
lui, de « véritables pop stars ». Ils viennent ainsi
s'ajouter aux centaines de noms et de téléphones portables
qui se bousculent dans son carnet d'adresses.
Lui le journaliste - carte de presse n° 22177 -, qui, quel
que soit l'invité, a toujours tout vu, tout connu,
tout vécu aux premières loges.

Michel Drucker a désormais des allures de pater familias
du PAF. Et, d'ailleurs, il commence à regarder dans le
rétroviseur. La mort de son frère, Jean, l'ancien PDG de M6,
n'y est pas pour rien. Dans quelques semaines, il publiera
un livre de souvenirs.
Titre :
Mais qu'est ce qu'on va faire de toi ? (Robert Laffont).
Une interrogation désolée et désespérée que ses parents
lui ont répétée pendant toute son enfance. Un livre dans
lequel il règle ses comptes avec certains intellectuels
et représentants de la gauche caviar, et dit, pour la
première fois, qu'il a adopté une petite Cambodgienne.
Un ouvrage dans lequel il revient sur son adolescence,
moins sage que l'on peut croire.

Rebelle, le jeune Drucker ? Pas vraiment.
Mais il a voulu s'échapper de son milieu, a pris en grippe
« les intellos et les bourges », et s'est même mué, un
temps, en mauvais garçon, allant jusqu'à emprunter une
voiture. Lui qui était le vilain petit canard de la
famille a mis du temps à se dégager de l'emprise
étouffante d'un père médecin de campagne à l'ancienne,
et d'une mère légèrement castratrice.
Maintenant il a grandi. Il n'a plus à faire ses preuves.
Ses parents voulaient s'intégrer tout simplement.
Lui a souhaité séduire la France. Et il y est parvenu.
Fils d'un père roumain et d'une mère autrichienne,
venus en France dans les années 30 et naturalisés en 1937,
il entendait parler yiddish ou allemand à la maison.
Aujourd'hui, l'âge aidant, il revient vers ses racines.
Et assume de plus en plus ses origines juives qu'il a
longtemps, si ce n'est niées, en tout cas occultées.
Il y a quelque temps, la chroniqueuse Claude Sarraute
lui a demandé : « Mais tu es juif, Michel ?
Mais pourquoi ne l'as-tu jamais dit ? -
Parce qu'on ne me l'a jamais demandé », a-t-il rétorqué.
Il a été baptisé catholique suivant la volonté de
son père. Cet ancien déporté cherchait ainsi « à être
plus français que les Français ».
« Ma mère, ajoute Drucker, y était opposée.
Elle disait qu'on ne peut pas être baptisé avec un père
qui s'appelle Abraham.
Elle aurait souhaité avoir des belles-filles juives. »

« Je sais d'où je viens, confie-t-il.
Et, au fil des ans, je me rapproche de ce que je suis. »
À ceux qui susurrent depuis des années qu'il est démodé,
il répond par cette phrase empruntée à Woody Allen :
« Il vaut mieux être has been que n'avoir jamais été. »

Sur Le Blog de terredisrael.com -
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 3 minutes