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Blog : Carnets d'actualité

L'homme de l'année

 

L'homme de l'année

1. Voici venir les jours où nos grands confrères américains vont désigner leur « homme de l'année ». Je leur propose sans hésiter le nom du champion de toutes les victoires, à savoir Benjamin Netanyahu. Il faut en effet saluer bien bas le  chef de gouvernement d'un petit Etat qui, à lui seul, s'est révélé capable de terrasser tous les rêves et toutes les ambitions du président infiniment populaire de la plus puissante nation du monde. Ses exploits sont fulgurants et seront salués par ses partisans comme ceux d'un Samson, d'un David, et, par nous, comme ceux d'un Talleyrand. Après avoir été faible, solitaire et désarmé, après avoir subi la condamnation du Conseil de sécurité et de l'Union européenne  il a parié avec succès sur la peur de l'Iran, sur l'appui des grandes organisations judéo-américaines, sur la revanche du Parti Républicain et sur la crise financière.

Dans chacun de ses combats, il a su reculer puis avancer, se voir refuser un accès à la Maison Blanche, puis être sollicité pour un tête-à-tête  avec le président. Il a ridiculisé les interventions d'un Tony Blair, ce dont ce dernier finit par avoir l'habitude, et négligé les adjurations des plus grands amis d'Israël, à commencer par Henry Kissinger. Il est revenu sur toutes les promesses qu'il avait faites, notamment à Hillary Clinton, sur le gel des colonies de peuplement en Cisjordanie. Et les Etats-Unis, finalement, ont rendu les armes. Le State Department  vient de publier ce communiqué effarant : « Les Etats -Unis ont abandonné l'idée  d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie. »

Là où Netanyahu a fait preuve d'une souveraine maîtrise dans l'art d'embarrasser son allié américain,  c'est en évoquant l'obligation éventuelle pour Israël de bombarder quelques sites nucléaires en Iran. D'autant que l'on sait désormais que les Israéliens pourraient compter, pour une telle opération, sur l'approbation de l'Arabie Saoudite et de plusieurs autres Etats arabes. Tant et si bien que Benjamin Netanyahu a réussi à décourager toutes les interventions des Etats-Unis en faveur de l'établissement d'un Etat palestinien au côté de l'Etat d'Israël. Pour des millions d'hommes dont nous sommes, Netanyahu est sans doute l'homme de l'année mais il est celui de son malheur.

 

2- Les intellectuels qui entendent réfléchir sur notre métier (1) paraissent tous ignorer une évidence : nous travaillons le plus souvent sur le probable, sur le vraisemblable et non sur le vrai. Cela pour dire que lorsque nous apprenons, grâce aux fuites de Wikileaks, que les Saoudiens ont pressé Israël d'intervenir en Iran, il ne sert à rien de déclarer que nous le savions déjà. Nous savions seulement que c'était vraisemblable, ce qui est tout différent. Et découvrir que c'est une vérité est aussi important que, pour un policier, de trouver une preuve là où il n'avait que des présomptions. C'est pourquoi je tiens pour frivole la réaction de tous ces experts qui ont déclaré que les fuites n'avaient pas d'importance parce qu'elles ne nous apprenaient rien. Il arrive même qu'elles nous apprennent des choses que nous ne soupçonnions pas. J'ignorais, par exemple, que le ministre de la Défense libanais donnait des conseils militaires à un chef d'état-major israélien. Cela ne me paraissait même pas vraisemblable et je reçois cette vérité en pleine figure.

Le problème des fuites, n'est donc pas un faux problème. Grâce à elles, nous sommes informés de vérités parfois positives, parfois négatives mais jamais sans importance. On peut appeler fuites négatives celles qui, selon notre propre subjectivité,

nous conduisent à approuver le fait que les informations divulguées aient été tenues secrètes. Par exemple, en bon disciple de Machiavel, Raymond Aron pensait que De Gaulle avait menti à tout le monde, mais que sans ses mensonges, il n'aurait pu faire la paix en Algérie. Conclusion : il ne peut y avoir une seule réponse, dogmatique, aux questions que posent les fuites. Il y a des cas où la transparence s'impose pour éviter un désastre ou pour désigner un scandale. Il y en a d'autres où elle est nocive car elle peut empêcher le succès d'une action bénéfique (2) où risquer de porter gravement atteinte à la vie privée. Pour ma part, je pense que la transparence, quand elle est totale, est inacceptable, insupportable et régressive.

 

3 - Il me paraît absolument normal et dans l'ordre des choses que Marine Le Pen devienne populaire et arrive à donner à sa formation, si elle en est le chef, un vrai pouvoir dans le paysage politique et électoral. Nous avions toujours prévu que le courant lepéniste se renforcerait lorsque s'écarterait de la scène Jean-Marie Le Pen, cet un homme de l'entre-deux guerres et des vieilles milices antisémites qui n'avait cessé de jouer avec les démons de la seconde guerre mondiale. Sans doute la France n'est-elle pas, comme certains voudraient le faire croire, un pays raciste. Mais tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis pour que se développe, en dépit de tous les interdits et les tabous, une intolérance xénophobe. On l'observe d'ailleurs aussi ainsi dans une dizaine de pays d'Europe. Dans chacun d'eux, l'origine en est l'immigration et, la plupart du temps, il s'agit d'immigrés musulmans. Le phénomène le plus spectaculaire, le plus inquiétant et le plus pathétique aussi, est que l'on observe cette dérive dans les pays qui ont le mieux illustré, et depuis si longtemps, la tolérance européenne, comme les Pays-Bas, la Suisse ou la Suède, qui étaient considérés jusqu'ici comme des havres par les réfugiés du tiers-monde.

Pour ce qui est de la France, et jusqu'à samedi dernier,  Marine Le Pen,  dans ses excellentes prestations s'était  bien gardé bien d'émettre des doutes sur la réalité la Shoah, de frôler le négationnisme ou même de stigmatiser une population quelconque. Mais elle n'a pas su éviter un dérapage décidément génétique, celui d'évoquer une   « occupation ». Nous serions occupés par des étrangers dont les minarets et les prières publiques rappelleraient la présence en France des troupes nazies ! En fait, j'ai peine à croire qu'il s'agisse vraiment d'un dérapage. Je pense qu'elle a éprouvé le besoin de rassembler les fidèles de son père, dont elle avait, dangereusement pour elle, paru s'éloigner. Elle a estimé qu'elle avait toutes les chances de séduire les nombreux Français qui sont prêts à transformer leur allergie xénophobe en un rejet pur et simple de l'Islam français.

Nous vivons une période difficile. Mr Brice Hortefeux devrait en être conscient. Ce n'est pas ajouter à l'autorité des forces de l'ordre que de donner aux populations le sentiment que ces forces, quoiqu'elles fassent, sont au-dessus des lois. Pour le ministre de la police, c'est tout simplement manquer de responsabilité.

J.D

1. « Des intellectuels jugent les médias »      Collectif.

 

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 51 minutes