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Blog : Carnets d'actualité

La liberté avant la nation

 


1. Il arrive, le rôle des Etats-Unis dans l'affaire égyptienne vient de le montrer, que la force se mette au service de la justice. C'est en effet sur l'impérieuse exigence de Barack Obama qu'un mouvement de coordination militaire a effectué un coup d'Etat destiné à mettre fin à dix-huit jours d'insurrection populaire et a organisé le départ immédiat du président égyptien pour prendre les commandes du pays. Le nouveau Conseil Suprême des Forces armées a dissout le parlement, suspendu la Constitution, et s'est engagé à transférer son pouvoir au peuple après les élections. Jusque-là, tout est conforme aux v'ux des révolutionnaires égyptiens. Mais les généraux sont allés plus loin. Toujours sur les mêmes instructions américaines, ils ont déclarés que le nouvel État égyptien n'entendait rien changer aux traités internationaux que le régime d'Hosni Moubarak avait conclus, notamment avec Israël, depuis des décennies. L'Etat-major des armées égyptiennes était déjà quasiment intégré dans la stratégie américaine ? Sans doute .Mais il s'agit là d'un alignement qui frôle la soumission et qui suscite déjà dans cet état-major des réactions d'indépendance.

En attendant la consultation électorale, il dépend désormais de ce pouvoir militaire et de lui seul de mettre en ?uvre une transition démocratique. Dans la véritable feuille de route ainsi établie entre Le Caire et Washington, il y a les négociations du pouvoir militaire avec les différentes composantes de la société civile : celle qui a suscité le grand soulèvement, celle qui désire un retour au calme fût-il garanti par des militaires, et celle des Frères musulmans qui assurent le contrôle discret mais efficace de plusieurs millions d'Egyptiens. Que peuvent  redouter les pessimistes ? D'une part, que les militaires ne s'installent et ne remplacent un Moubarak  par un autre. D'autre part, que les islamistes n'aient pas changé et qu'ils ne jouent le jeu de la démocratie que pour s'emparer du pouvoir. Alors, que peut-on faire pour aider les Égyptiens afin que soit respecté ce qu'il y a de plus original, profond et décisif dans ce printemps des peuples arabes ?

D'abord et avant tout, comprendre ce sursaut. Il n'est pas original seulement parce qu'il a réussi à chasser deux tyrans. Il ne l'est pas non plus parce que la détermination des peuples a été consensuelle et qu'ils ont triomphé, dans leur révolte, de leurs dangereuses divisions. Il l'est, en revanche et totalement, parce qu'il a mobilisé des jeunes gens par millions, qui sont parvenus à républicaniser des revendications d'ordinaire nationales ou religieuses. Cette formule demande une explication.

Toute l'histoire de la décolonisation, depuis le milieu du XXème siècle, s'est faite au nom de la conquête de l'indépendance de la nation, de la souveraineté des Etats et parfois de l'affirmation de la religion. Lors de la célèbre conférence de Bandung en 1955, Zhou Enlaï, Nehru, Nasser, Tito et N'Krumah ont incarné le retour sur la scène internationale des nations porteuses de civilisations humiliées qui affirmaient leur gloire dans la souveraineté retrouvée de leurs Etats. Il ne s'agissait pas alors d'un primat donné aux droits individuels et à la liberté des citoyens.

Aujourd'hui, ce que les jeunes Tunisiens et les jeunes Egyptiens ont revendiqué grâce à leurs moyens numériques, ce sont leurs droits individuels et leurs libertés. On n'a pas entendu dans les rues de Tunis ni sur la place principale du Caire de cris de guerre religieux. On a vu, sans doute, que les manifestants interrompaient leurs clameurs libératrices en se prosternant pour la prière. Mais on a vu des chrétiens, c'est-à-dire des Egyptiens coptes, le faire parfois en même temps que les musulmans. Il y avait, bien sûr, parmi ceux qui incitaient à la prière, des membres de l'organisation tant redoutée des Frères musulmans. Pour le moment, les porte-parole de cette organisation religieuse ont fait des efforts considérables pour se concilier les faveurs de cette jeunesse que je veux appeler républicaine. Et il n'est pas du tout exclu qu'une sérieuse évolution de l'Islam se manifeste chez les musulmans d'Egypte comme elle le fait partout ailleurs - y compris chez les femmes iraniennes.

L'Occident doit se préparer à accueillir l'émergence générale d'un islam ouvert à la démocratie, plutôt que compter sur la démocratie pour désislamiser le monde musulman. Autrement dit, il faut aider par tous les moyens les réformistes de l'islam. A partir du moment où l'on comprend cela et où l'on montre qu'on le comprend, on fait déjà un grand pas. C'est celui que le président américain a fait il y a deux ans déjà avec son grand discours du Caire, dans lequel il a rappelé qu'il portait dans son passé personnel une synthèse des monothéismes islamo-chrétiens. Il est indispensable que l'Europe, si elle veut jouer un rôle, fasse aujourd'hui le même pas.

 

2 - Il y a l'Europe mais aussi, bien sûr, Israël. Et rien n'indique, hélas, que le moindre effort soit fait du côté israélien pour faciliter un accord avec les Palestiniens, qui reste la clé d'un véritable retour à la paix dans cette région. On a appris en effet il y a quelques semaines, par les révélations de WikiLeaks, que les Palestiniens avaient fait aux Israéliens d'énormes concessions sur le retour des réfugiés et même sur Jérusalem lors de négociations secrètes. Les dépêches ainsi révélées ayant été le produit de vols effectués dans l'appartement du Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, ce dernier a eu l'élégance de donner sa démission. Que je sache, il n'y pas eu du côté israélien la tentation de saluer ce geste ni surtout d'expliquer l'irresponsable refus que Jérusalem avait opposé aux concessions faites par les Palestiniens.

Mais l'heure n'est plus aux polémiques. Ce qui est essentiel aujourd'hui, ce que nous sommes quelques-uns à tenter d'une manière à la fois pathétique et solennelle, c'est de provoquer chez tous les hommes de bonne volonté de la nation israélienne, tous ses grands écrivains, ses créateurs, ses savants, et même ses docteurs de la Loi, le désir d'adresser à la jeunesse démocrate et républicaine d'Egypte un message fort de solidarité accompagné de propositions  concrètes de rapprochement et d'actions communes. Quel grand geste ce serait ! Quels horizons nouveaux s'ouvriraient alors ! Et combien d'Israéliens, grâce aux meilleurs d'entre eux, rejoindraient les élans de cette jeunesse égyptienne qui nous enthousiasme !

 

3 - Maintenant, l'Algérie. Il est clair qu'aucune frontière ne devrait pouvoir arrêter le déferlement de la colère, et celle des jeunes est sans doute plus grande encore en Algérie qu'ailleurs. Tout y est différent, sauf cela, à savoir que les jeunes y sont plus nombreux que leurs aînés et qu'ils rêvent de quitter un pays pourtant merveilleux mais où ils ne sont pas heureux. Il y a une autre chose qu'ils ont en commun avec les Tunisiens et les Egyptiens, c'est que les chefs d'Etat qui les dirigent se maintiennent au pouvoir depuis des décennies. Et en Algérie, ils s'arriment à une légitimité qu'ils croient définitive, celle d'avoir combattu pour l'indépendance d'un nouvel Etat.

Les jeunes d'Algérie ne peuvent plus avoir de respect pour les grands-pères, anciens combattants de l'indépendance, qui ont installé le despotisme militaire, et moins encore pour leurs pères qui se sont affrontés dans une affreuse guerre civile de 1991 à 2002. Ils n'ont plus de respect mais ils ont hérité de la peur de la violence. Tout le pouvoir du président Bouteflika est venu de ce qu'il est apparu longtemps comme le seul homme d'Etat capable de tenter une « réconciliation » et d'en finir avec les conflits qui se sont traduits par des centaines de milliers de victimes. N'oublions pas que c'est en Algérie que les islamistes, furieux d'avoir été éliminés dans des élections régulières dont ils avaient gagné le premier tour, se sont organisés en formation djihadiste, et que plus tard, à partir de Londres et de Kaboul, ils ont répandu leur terrorisme dans le monde. L'Algérie est alors devenue un pays violent qui a aujourd'hui peur de sa violence. En attendant, ce que redoutent les centaines de milliers d'Algériens qui vivent en France, c'est qu'à la moindre émeute, le président Bouteflika, affaibli, ne parvienne pas à empêcher les généraux de son armée de se livrer à une répression terrible.

 

P.S :       1. DSK et nous

 

Se référant à un entretien que j'ai accordé au « Temps », quotidien de Genève, le Figaro a publié une information selon laquelle j'estimerais que la candidature de Dominique Strauss-Kahn pourrait poser des problèmes à tous et même au Nouvel Observateur.

A tous ? Sans aucun doute .Il suffit de lire les déclarations du brave Mr Mélenchon pour comprendre que « la gauche de la gauche » a fait de l'actuel Haut Commissaire au F.M.I  sa cible préférée. Sans compter un certain nombre de personnalités qui s'autoproclament « intellectuels  ».  Mais au Nouvel Observateur ? Il ne pourrait de toute façon  n'y avoir un débat que si  un candidat de la gauche pouvait  faire courir le risque d'assurer une candidature de Marine Le Pen au premier tour. Sinon, notre choix est en principe déjà fait : nous le  rendrons publique  au dernier moment, au second tour,  et il sera l'unique candidat de gauche demeuré dans la course.

Si Dominique Strauss-Kahn était celui-là, nous aurions la discipline de l'adopter, aussi bien que nous le ferions en faveur de Martine Aubry, François Hollande, Arnaud Montebourg ou Ségolène Royal. En tout cas, ce ne sont pas les ignobles attaques de Mr  Jacob contre DSK  qui pourraient nous faire hésiter.

2. Une vulgaire agression

Puisque je suis sur un sujet qui est loin de relever  de mes préoccupations habituelles, à savoir les prochaines consultations électorales, je me résigne à évoquer le cas de Mr Mélenchon. Cet homme qui incarne, dit-on, avec « panache » la synthèse de tous les populismes existants m'est totalement inconnu. Je ne l'ai jamais rencontré, je ne l'ai jamais vu, je n'ai jamais lu et je n'ai jamais pensé à lui. Il n'y a aucun jugement polémique dans toutes ces affirmations. C'est probablement, pour ma part, une lacune.

Seulement voilà il n'en va  pas de même pour Mr Mélenchon. Je lui inspire  en effet une aversion qui nourrit une éloquence insolite  laborieusement réjouissante et de plus  dépourvue de la truculence célinienne à laquelle il semble prétendre. Que me veut-il ? Pourquoi cet étrange intérêt ? Parce que, figurez-vous, j'ai eu l'audace de rappeler que nous ne l'avons pas attendu pour affirmer qu'il y avait dans le capitalisme le ver de sa future financiarisation.  J'ai en effet écrit cela avec un peu plus de sobriété,  on le voit, que ce «  leader »  qui rêverait, si j'en crois mes amis, de réhabiliter le bolchévisme. Sur le fond du problème  la querelle de priorité me parait futile, et je n'ai  aucunement l'intention de lui répondre.

3 : Un souvenir de Mr Mélenchon

En revanche, Mr Mélenchon a l'imprudence d'évoquer « un souvenir »qui lui inspire un dégoût offensant, injurieux et provocateur.  Il n'a jamais été dans mes habitudes de laisser sans réponse -sous une forme ou sous une autre - des attaques  ad hominem  qui sortent  ici de la bouche  de l'insulteur  comme autant  de crachats.

Voici en quoi consiste ce souvenir. Mr Mélenchon m'a vu sortir une fois du Pavillon Gabriel où résident les hôtes de l'Elysée, la main dans la main avec le Président Algérien Abdelaziz Bouteflika. Cette scène à bien eu lieu et je la revendique. Je m'en souviens d'autant mieux que je revenais ce jour-là de Vézelay où j'avais assisté aux obsèques de mon ami l'écrivain, né comme moi en Algérie, Jules Roy. C'était le 15 Juin 2000.La bassesse de Mr Mélenchon consiste à ne pas préciser que c'était le jour où le président Algérien-alors inspiré ! -venait de prononcer le discours le plus fraternel  envers ses anciens compagnons de combat et l'appel  le plus rassembleur à tous ceux qui s'étaient affrontés  sur le sol algérien depuis deux siècles. Ce discours à été de plus salué par ses anciens compagnons de combat comme le plus fidèlement révolutionnaire à la Charte de l'insurrection Algérienne. (Charte dite de la Soumam) C'est un des plus beaux textes qui ait jamais été prononcé  par un pionnier de la révolution.  Il préconisait  l'égalité des musulmans, des chrétiens et des juifs dans une algérianité retrouvée. On sait que bien des choses se sont passées depuis et que la réconciliation accomplie non sans mérite, s'est faite  trop souvent au bénéfice des islamistes.  Mr Bouteflika  n'a jamais repris les termes de son discours de l'an 2000, tout en faisant à l'occasion l'éloge de  l'Algérien  Albert Camus. Mais tous ces faits ne peuvent rien évoquer pour Mr Mélenchon manifestement plus à l'aise lorsqu'il s'agit de jouer les matamores de banlieue. Le jour évoqué de ma visite au Pavillon Gabriel, Mr Bouteflika parlait au nom des 150 000 morts de la guerre civile.

Comment me dites-vous, ai-je pu m'intéresser à ce Mr Mélenchon, puisque je suis si loin de la politique franco-française ? Réponse : parce qu'il a touché au sacré ou a ce qui en tient lieu encore, aux hommes de ma génération.

 

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 47 minutes