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Blog : Carnets d'actualitéCOMMENT ON ECRASE LA NON-VIOLENCE
Les Libyens comme les autres n'avaient pas pris les armes... 1. Les populations de Libye qui ont subi et qui continuent de subir les massacres de masse pouvaient espérer comme les manifestants Tunisiens, Egyptiens et Marocains d'être traité avec un minimum de respect, sinon de compassion. On peut très bien endiguer une foule, les Algériens le montrent avec virtuosité sans la massacrer. Tous ces rebelles des printemps arabes ont choisi en effet les armes de la non- violence pour s'opposer aux forces barbares de la répression. dans l'histoire ce sera le colonel Kadhafi( qui n'a cessé de ridiculiser tous les diplomates qui l'ont reçu dans le monde), c'est ce chef dément, sanguinaire et caligulesque qui restera associé aux deuils de la révolution arabe.Car Ce qui frappait décidément le plus dans ces intifadas aux mains nues que livraient les insurgés, c'est qu'ils ne prennaient pas les armes et offrent leur poitrine. Nous n'avons pas ici de kamikazes, de fanatiques partisans des attentats suicides. Ils ne tuent pas, ils laissent le péché du meurtre à leurs ennemis. On dirait qu'ils savent ce qu'Albert Camus fait dire à l'un de ses héros : « Chaque fois qu'un opprimé prend les armes au nom de la justice, il fait un pas dans le camp de l'injustice. » Jusqu'aux événements sanglants de Lybie ils imposent la force immense et collective de leur seule présence. Voilà bien ce qui nous sépare des chevaliers de l'extrémisme. Le philosophe communiste Alain Badiou proclame qu' «'un vent d'est balaye l'arrogance de l'Occident » et que « les soulèvements des peuples arabes sont un modèle d'émancipation. »Soit ! Nous n'avons pas été moins enthousiastes que lui ni moins mobilisé lorsque nous avons écrit dès le premier jour : « Nous sommes tous Tunisiens ». Mais notre philosophe s'inquiète à l'idée que nous pourrions nous féliciter du pacifisme des manifestants et leur prêter notre idéal démocratique ! « Il y a eu des morts par centaines, il y en a encore chaque jour », proclame-t-il avec exaltation. Et il ajoute : « Nous ne voulons pas la guerre mais nous n'en avons pas peur. ». En fait, je ne suis pas très sûr qu'un communiste puisse ne pas souhaiter cette violence qui, selon Marx, est seule accoucheuse d'histoire. Ce fût le sujet d'un passionnant conflit entre Merleau-Ponty et Camus, quand le premier écrivit « Humanisme et Terreur », et que l'autre lui répondit par « l'Homme révolté. » Je suis encore moins sûr que les Tunisiens, tels que je les ai toujours connus, se résignent facilement à la violence. Une magnifique manifestation d'?cuménisme militant a eu lieu samedi dernier à Tunis contre la violence raciste. Une foule de jeunes hommes et de jeunes femmes, voilées ou non, à proclamé un désir de laïcité triomphante dont je redoute pour M. Badiou qu'il ne soit d'inspiration « occidentale » et en tout cas héritière de notre Révolution.
2. Ne quittons pas le problème de la violence. Mes amis ont eu l'heureuse idée de consacrer le dossier de ce numéro à Stéphane Hessel et au phénomène que constitue le succès mondial de son petit livre, « Indignez-vous ». Tout y est dit et bien dit. On n'a pas assez remarqué, cependant, qu'au service des combats qu'il préconise contre l'injustice, Stéphane Hessel, contrairement à Alain Badiou, conseille la non-violence. Il est même singulier que cette audacieuse option, venant de la part d'un grand révolté ait été négligée par un si grand nombre de lecteurs. Stéphane Hessel ne semble pas s'être souvenu que, juste avant d être élu président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas avait dressé un bilan négatif des différentes intifadas et du prix qu'elles avaient coûté .Il avait préconisé en termes publics et clairs une lutte politique sans violence, non pour baisser les bras mais pour désarmer l'ennemi. Chez Stéphane Hessel, il y a encore un peu de cette « arrogance occidentale » qui implique l'idée que, devant des hommes désarmés, les forces militaires peuvent hésiter à tirer. Encore une fois, ce qui donne plus de densité qu'on ne l'a dit à ses indignations, c'est précisément son apologie de la non-violence.
3. Voici venir l'époque des joutes électorales, donc du manichéisme, des procès ad hominem et de la domination des polémiques sur les débats d'idées. Ne nous indignons pas : cela fait parti du jeu démocratique qui consiste à tenter de séduire une clientèle électorale donnée en flattant au besoin les préjugés de ce que chacun appelle le peuple. Alors, dans ces moments là, que veut et que peut un esprit libre ? Et comment définir sa liberté ? A force de vivre des périodes d'affrontements électoraux, je suis arrivé à une idée simple bien que parfois difficile à mettre en pratique. On ne doit pas se soucier lorsqu'il s'agit de dire ou de cacher une vérité, de savoir si son expression ou sa dissimulation peut servir un camp ou un autre. C'est à cette lumière qu'il faut juger l'initiative que Nicolas Sarkozy vient de prendre d'ouvrir à nouveau son grand débat sur l'immigration, la nation, et l'islam ! Ce faisant, non seulement il ne s'engage pas dans les voies de la vertu mais il s'égare dans le diabolique. Jamais, en effet, ces questions qui me hantent depuis des années ne sont devenues aussi sulfureuses et même explosives. Dire la vérité ? Tout dépend avec quelle intention on l'exprime. Voici un exemple : je lis dans « Le Figaro » de samedi dernier une tribune de Philippe d'Iribarne dans laquelle il exprime ce que j'écris ici depuis toujours, à savoir qu'il n'est pas évident que des gens qui sont différents et qui veulent le rester puissent vivre harmonieusement ensemble. Philippe d'Iribarne cite Pierre Bourdieu et son grand livre sur « la Misère du monde ». De mon côté, je me suis référé à Claude Lévi-Strauss et à son recueil de textes intitule « le Regard éloigné ». Sous ces deux autorités, nous soutenons qu'un immense et difficile travail pédagogique s'impose, d'abord pour concilier les cultures entre elles, ensuite pour les amener au respect commun de l'universel. Et l'on ne peut pas faire l'un sans l'autre ni, surtout, compter sur le particulier pour qu'il se rallie spontanément à l'universel. Plus concrètement, cela signifie qu'il faut savoir s'adresser avec prudence, si l'on veut les convaincre, à ceux que l'on accuse soit d'antisémitisme, soit surtout d'islamophobie. Si Nicolas Sarkozy, par le débat qu'il veut rouvrir, est amené à faire du comportement musulman une attitude non compatible avec les valeurs de la République, il rendra un mauvais service à tout le monde. Si la gauche, dans son effort pour lutter contre l'islamophobie, ne se soucie pas de comprendre ceux qui entendent réformer l'islam, alors elle rend un mauvais service aux musulmans qui se veulent français. C'est pourquoi il ne pouvait y avoir de plus mauvais moment pour ressusciter une polémique qui peut permettre à Marine Le Pen, avec les conséquences électorales que l'on imagine, de se déguiser en championne inattendue de la laïcité.
4. Un grand problème se pose à nouveau à l'Europe et il avait été soulevé en premier par les french doctors : celui du devoir d'assistance et du droit d'ingérence. En Irak, on a fait de l'ingérence au nom de l'assistance en se livrant à une invasion et à une occupation. En Lybie aujourd'hui, on a tellement peur du précédent irakien, que l'on ne pratique ni l'ingérence ni l'assistance. J.D. P.S : 1. André Glucksmann La grande manifestation qui a eu lieu à Tunis samedi dernier avait deux objectifs : le premier, condamner solennellement le meurtre d'un prêtre catholique trouvé étranglé dans son église et qui était vénéré par tous les habitants du quartier, et le second voulait marquer la distance des Tunisiens à l'égard de « quelques énergumènes antisémites » qui avaient proféré des injures en défilant devant la synagogue. Cette manifestation a ému André Glucksmann qui, lui, s'est félicité que l'on puisse en Tunisie, condamner l'antisémitisme en négligeant cette fois de dénoncer Israël. « On nous avait pourtant dit que ça ne serait plus jamais possible !»dit-il. Certes ! Mais dans le camp qui est le sien, on a écrit des livres entiers pour démontrer que les arabes étaient ataviquement antisémites depuis les origines et, que le sionisme lorsqu'ils condamnaient les israéliens, c'était le juif qu'ils visaient. Au nom de quoi contre ces ennemis arabes qui succédaient à Hitler, tout était permis.
2. Le Quai d'Orsay : Dans un entretien qu'elle a accordé à Public Sénat, l'essayiste Thérèse Delpuech, à l'issue d'un commentaire aussi pertinent que modeste sur le réveil des peuples arabes a cru devoir se demander ce que devenait la « politique arabe de la France ». Devant la désastreuse image que donne de notre pays la diplomatie actuelle, devant le discrédit du prestigieux Quai d'Orsay, on comprend que Thérèse Delpuech ait pu exprimer son amertume par la nostalgie d'une autre époque. Mais elle ferait, on se permet de le lui dire, une singulière erreur si elle estimait que la fameuse « politique arabe de la France »(en fait celle inaugurée par le Général de Gaulle) était remplie de générosité et de désintéressement .En réalité cette politique n'était arabe que par son hostilité envers Israël, et c'était en effet un grand changement aux yeux des arabes. Mais la même politique se souciait d'avantage d'obtenir la faveur des Etats pétroliers que de contribuer à l'émancipation des peuples. Tout le monde était plus ou moins l'ami, à droite comme à gauche, de Saddam Hussein, le despote irakien. 3. Carlos Fuentes : . Le grand écrivain mexicain Carlos Fuentes me dit au téléphone son impatience devant certains propos de Nicolas Sarkozy dans « l'Affaire Cassez ». On sait que cette année doit être en France celle du Mexique, avec des centaines de manifestations et un millier de participants. Or en raison du jugement très discutable qui a condamné une jeune Française, Florence Cassez, à soixante ans de prison pour « complicité d'enlèvement », Sarkozy a déclaré qu'il ne voulait pas annuler l'année culturelle franco-mexicaine, mais qu'avant chaque manifestation, il prescrirait que l'on proclame la solidarité de la Nation Française avec l'une de ses enfants injustement condamnée par une justice sans scrupules. « Ne mêlons pas la culture et le judicaire » adjure Carlos Fuentes qui va recevoir à Aix en Provence, une semaine durant, les hommages des universitaires français. « Je ne veux pas ce jour- là et même si je me réserve le droit de discuter une décision de justice, entendre le procès de mon pays ». Il semble, que J.M.G Le Clézio lui donne raison.
| Membre Juif.org
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