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Blog : Carnets d'actualité

Si j'étais musulman...

Le Point de vue de Jean Daniel :


Si j'étais musulman...

Loin de vénérer Ben Laden comme un martyr ou une icône, si j'étais musulman, je  considérerais ces appels aux meurtres comme une malédiction, car c'est lui qui aura associé l'idée de l'islam à celle de la mort. Tandis que le jeune musulman qui s'est immolé dans le sud tunisien a ébranlé le monde parce qu'il a épargné tous les innocents.Et si l'on me demande comment je peux m'octroyer le droit de me mettre à la place d'un musulman, je ferais pour la première fois cette confidence.Lorsque j'ai publié mon livre sur"la Prison juive", le professeur Mohammed Arkoun a déclaré:"J'espère avoir le temps et le courage d'écrire sur l'islam ce que Jean Daniel à écrit sur le judaïsme".

1. Oui, c'est vrai, nous  ne volons pas au secours du peuple syrien massacré par la police de Bachar el Assad, tandis que nous aidons les Libyens engagés dans une guerre civile dont tire encore parti un despote dément.

Oui, c'est vrai, nous devrions déplorer qu'Oussama Ben Laden n'ait pu être capturé vivant, ce qui eut permis un procès selon nos principes.

Oui, enfin, nous comprenons que l'immersion de son corps dans la Mer d'Oman puisse heurter le sens du sacré qu'il faut conserver dès qu'il s'agit de la mort.

Toutes ces questions méritent d'être posées et elles le sont avec honnêteté dans la presse américaine. Je précise « avec honnêteté » car j'ai lu que certains auraient souhaité chez nous un procès où le réquisitoire de la politique américaine aurait aboutit à légitimer Ben Laden...

Ce qui me tire cependant de la perplexité dont je fais ici la confession, ce sont certains commentaires qui ont suivi l'élimination d'Oussama Ben Laden. Sans doute s'agit-il  d'un acte de vengeance politique, car les Etats-Unis ne pouvaient se permettre de laisser impuni l'auteur présumé de l'affront le plus spectaculairement humiliant qu'ils aient jamais subi sur leur propre sol avec l'attentat du 11 septembre 2001.La réputation d'invulnérabilité de la superpuissance américaine est rétablie et elle l'est, au surplus, par un homme de paix. Cela ne fera cependant qu'exacerber la passion anti-américaine des intégristes islamistes, comme d'ailleurs de presque tout le continent latino-américain. C'est ce qu'un procès eût fait apparaître, et l'on imagine bien les arguments qui auraient été brandis par des émules de Jacques Vergès et de Roland Dumas.

Mais cette victoire est loin d'être seulement américaine. Sans doute Oussama Ben Laden était-il déjà, comme on l'assure de tout côté, politiquement mort. Il reste qu'il a théorisé, conceptualisé et sacralisé une certaine dogmatisation de la violence. On en trouve maints exemples dans l'Histoire, et les attentats suicides ne constituent pas une innovation. Mais c'est la première fois, qu'une idéologie du meurtre - non pas de la guerre mais du meurtre - s'est imposée avec une force si contagieuse et une légitimité si mystique. Il y a quelques années, nombreux, trop nombreux étaient les lieux de prière où les prédicateurs après avoir justement dénoncé les humiliations infligées à l'islam, s'abandonner à une incitation  adressée aux fidèles, de suivre l'exemple ou les injonctions de Ben Laden.  On ne sache pas que récemment, l'éloge du jeune Tunisien Mohammed Bouazizi qui a ébranlé le monde en épargnant les innocents, ait fait l'objet d'une célébration quelconque. N'oublions pas  que Ben Laden a commencé par déclarer la guerre aux juifs et aux croisés. Il convient donc de proclamer hautement que le plus grand responsable de l'islamophobie dont on redoute partout désormais la diffusion, c'est bien l'homme qui a associé l'islam et le meurtre dans l'esprit du plus grand nombre.

Contraint de reconnaître que les troupes anglo-américaines  n'avaient pas trouvé en Irak les « armes de destructions massives » qui avaient justifié la guerre, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair avait répondu : « Peut-être mais je préfère un monde sans Saddam Hussein ! ». Il n'avait convaincu personne parce que c'était Georges Bush qui dirigeait ce monde. Aujourd'hui, le monde sans Oussama Ben Laden apparaît plus respirable du fait que le vainqueur est Barack Obama.

Le président américain  n'a pas affirmé qu'il avait résolu tous les problèmes suscités par l'islamisme radical et en particulier par la nébuleuse des formations se réclamant plus ou moins d'Al Qaïda. Non seulement il s'en est bien gardé mais il a réaffirmé que les Etats Unis ne seraient jamais en guerre avec l'islam et qu'il convenait donc que les musulmans se sentent les premiers concernés par le combat contre les terroristes. Rien dans ses propos qui puisse laisser craindre une quelconque islamophobie ou un éventuel retour à la guerre des civilisations. C'est exactement le contraire des discours de Bush hier et, aujourd'hui, de quelques leaders européens.

 

2. Laurent Fabius raconte qu'il a demandé récemment à un leader de la majorité assez désespéré quels atouts il restait aux sarkozystes pour redresser la popularité de leur président. Cette personnalité, dont il ne cite pas le nom, lui a répondu: « Il ne reste qu'un atout, c'est vous !» - c'est-à dire tout ce qui continue de diviser la gauche. Cet écho a été publié dans un journal à côté de l'information selon laquelle Jean-Pierre Chevènement avait été à nouveau visité par la démangeaison de la candidature. Il semble que le légitime succès de son dernier livre lui ait redonné le goût de reparaître sur les écrans de télévision pour des prestations qui sont d'ailleurs loin d'être indifférentes. Mais enfin, en décidant de se présenter, il fait partie des atouts auxquels pensait l'interlocuteur de Laurent Fabius.

 

3. En fait, je ne relate cette histoire que pour en évoquer une autre, qui lui ressemble. Il s'agit des Palestiniens. Ils avaient enfin découvert une façon de résister à leur décomposition. Ils étaient arrivés à se réconcilier entre partisans du Fatah et partisans du Hamas, avec le dessein de constituer un Etat qui serait reconnu par l'ONU. Et à partir du moment où le Hamas (pro-iranien) acceptait de s'unir au Fatah (pro-égyptien), il n'y avait plus de raison pour que l'Etat ainsi constitué ne fût pas soutenu aux Nations unies par une majorité de nations - et c'était ce que Benyamin Netanyahou redoutait le plus. Pour désarmer l'éventuelle opposition américaine, il allait sans dire, du moins le croyait-on avec candeur, que le Hamas devenu alors une vraie formation politique renoncerait à rendre publique son ancien désir de destruction d'Israël comme son refus d'en reconnaître l'existence.

Tout semblait donc aller bien pour le moment, jusqu'au moment où le Président du Hamas a cru devoir déclarer que, pour lui, Oussama Ben Laden était « l'un des plus grands combattants de l'Islam ». Que nombre de ses coreligionnaires n'aient apprécié ni les conditions de l'assassinat de Ben Laden, ni le fait que son corps ait été jeté à la mer, on peut le comprendre. Mais le chef responsable pouvait garder ses impressions pour lui-même, au moins pendant quelques jours. Seulement voilà, comme le disait un  ancien ministre israélien, Abba Eban : « Les Palestiniens ne laissent jamais passer l'occasion de laisser passer une occasion ».

J.D

 

 

 

 

 

 

 

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 19 minutes