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Blog : Carnets d'actualitéAssez de péremptoire !LE POINT DE VUE DE JEAN DANIEL
1 - L'une des choses les plus insupportables qui me resteront du bouleversement suscité par la descente aux enfers de Dominique Strauss-Kahn, ce sera le caractère péremptoire, pontifiant et finalement indécent des propos de certains procureurs. La façon dont chacun d'entre eux a fait le procès de tous les autres ; la façon dont n'importe qui a distillé une vérité qu'il disait être seul à connaître tout en affirmant avec solennité qu'on ne pouvait rien savoir. Il nous aura fallu entendre certains s'étonner de ce que la chute d'un chêne fasse plus de vacarme que le bris du roseau qu'il écrase, d'autres laissait entendre que le prince aurait dû prendre plus de précautions avant de s'encanailler. Et pourquoi, dit-on, ni les uns ni les autres n'ont-ils prévu que ce grand commis, s'exposait à être un jour puni pour les débordements d'une sexualité impétueuse ? La vérité, c'est que nous avons tous, tous autant que nous sommes, été littéralement sonnés par l'événement. Pourquoi ? Parce que ce n'est rien d'autre qu'un effroyable gâchis, un conte plein de bruit et de fureur. Cela aurait dû nous conduire à la modestie, à l'humilité, à la discrétion. C'est le contraire qui est arrivé. Ce qui va me rester aussi, c'est la façon dont les mêmes qui se sont publiquement indignés devant l'étalage médiatique de la déchéance d'un puissant n'ont pas mis plus de quarante-huit heures pour reprocher aux autres d'avoir oublié la compassion que l'on devait à la présumée victime. Sur ce point précis, je voudrais dire deux ou trois choses. D'abord, que cette femme de chambre, noire, pauvre, mère de famille, exilée, mérite de toute manière le qualificatif de victime. Quel que soit le dénouement de cette affaire, sa vie ne peut qu'en être bouleversée. Et j'ai été évidemment scandalisé par les propos graveleux ou machistes que l'on a pu entendre sur le thème « rien de très grave dans tout cela ». En revanche, si je ne me suis pas attardé, comme beaucoup d'autres, sur le sort de la plaignante, c'et parce que tout ce à quoi nous assistions - l'accusation de Dominique Strauss Kahn devant le tribunal de New York, le refus, d'abord, de sa mise en liberté conditionnelle, la sécurité extraordinaire des conditions mises à cette libération quand elle a été finalement accordée - tout cela revenait à traiter un présumé innocent comme s'il était reconnu coupable avant même d'être jugé. On avait le sentiment que le châtiment précédait le jugement mais que, d'une certaine manière, justice était ainsi rendue à cette malheureuse femme de chambre puisque l'on on ne voyait pas son visage, que son nom devait rester secret, qu'elle était ultra protégée et serait efficacement défendue. En fait, ceux - y compris certains de mes amis - qui ont protesté contre une indifférence supposée au sort de la plaignante se sont trompés de timing. C'est à partir de maintenant qu'il faut se mobiliser en sa faveur, car c'est contre elle que vont se mobiliser les avocats de DSK pour tenter par tous les moyens d'invalider son témoignage.
2 - Je manque rarement les concerts de Daniel Barenboïm qui est devenu mon ami. Je suis donc allé à la Salle Pleyel samedi soir écouter Mahler et Beethoven. L'orchestre était celui que ce grand chef d'orchestre, très grand en vérité, a eu l'idée de former avec des jeunes instrumentistes israéliens et palestiniens depuis plus d'une dizaine d'années. Le premier violon était le fils du chef d'orchestre, le second, le fils d'un éminent universitaire de Gaza. Les vrais mélomanes ne sont pas susceptibles d'indulgence pour une exécution dont la médiocrité aurait été justifiée par une cause humanitaire. Ce n'est jamais le cas avec cette formation Dans le final de la « symphonie héroïque » de Beethoven, plus peut-être que dans l'adagio de la 10e de Mahler, l'orchestre a été merveilleux. Comme chaque fois, je suis allé voir Daniel Barenboïm après le concert, mais pas seulement pour le féliciter. Il vient d'écrire dans le « New York Times » un nouvel article sur le souci qu'il a de voir les peuples qu'il réunit dans son orchestre se révolter contre leur gouvernement et faire la paix comme cela se passe dans le printemps arabe. Voilà des années que nous sommes d'accord sur presque tout. Cette fois, c'était sur le fait que le dernier refus opposé par Benjamin Netanyahu à la proposition de Barack Obama est tout simplement suicidaire.
3 - Un mot maintenant sur mon ami Bernard-Henri Lévy, qui, à propos de la répression sanglante en Syrie, a largement exposé dans nos colonnes qu'il n'avait pas le temps de tout faire, mais qui a tout de même interrompu son apostolat libyen pour traiter de « cons » - comme Daladier l'avait fait au retour de Munich à propos de ceux qui croyaient qu'une paix s'était conclue là-bas - tous ceux qui se faisaient des illusions sur l'opportunité d'un Etat palestinien réunifié. Sans doute est-ce son obsession libyenne qui lui a fait oublier ceux qui n'ont rien fait depuis deux ans pour permettre au président palestinien Mahmoud Abbas d'être un véritable interlocuteur et qui ont jugé normal qu'il y ait un Le Pen israélien aux Affaires étrangères dans le gouvernement de M. Netanyahu. Les « cons » qu'il a dénoncés, ce sont les munichois, c'est-à-dire, les aveugles, les candides, les lâches, les irresponsables... Bref, il s'agit de nous et des positions que nous défendons depuis toujours. Je n'avais rien dit jusque-là mais je ne veux pas continuer à être masochiste. Décidément, il est imprudent de la part de Bernard-Henri Lévy de donner dans le péremptoire malgré sa nouvelle autorité internationale. J.D
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