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Blog : Carnets d'actualité

L'allergie à la diversité

Le massacre perpétré à Oslo par un illuminé fanatique est un événement d'une gravité exceptionnelle. Non pas seulement par l'horreur qu'inspire sa violence frénétique, ni même par le nombre des victimes, mais par le pays où il a eu lieu. Oslo est une capitale depuis toujours emblématique de la tolérance et dont on pouvait croire qu'elle était à l'abri de tous les fanatismes. En particulier de celui qui pouvait animer un chrétien, blanc et nordique. Ce n'est pas seulement, comme l'écrit un jeune Norvégien, l'innocence de sa patrie qui est perdue. C'est la nôtre.

 

Devant un tel carnage, la seule réaction saine était de prendre une certaine altitude. D'éviter de distribuer des blâmes et de désigner des coupables. De ne pas céder à la tentation d'instrumentaliser cet événement dans un esprit manichéen. Il fallait surtout avoir la clairvoyance de distinguer entre la véhémence, fut elle la plus odieuse, d'une thèse et sa traduction dans la violence d'une agression monstrueuse. Il fallait oser dire que les idées de l'extrême droite ne conduisent pas nécessairement au massacre.

 

Internet, la meilleure et la pire des choses

 

C'est ce que Le Nouvel Observateur a fait dans son dernier numéro sous la plume de Laurent Joffrin, qui m'exprime parfaitement et qui souligne la continuité d'une position  intellectuelle et morale qu'il n'a pas toujours été facile de maintenir. Défendre la nation d'une manière qui frise souvent la xénophobie, critiquer certains aspects de l'Islam, comme on peut le faire pour le judaïsme ou le christianisme, mais avec des accents à résonnance raciste, tout cela qui reste éminemment condamnable, mais n'a rien à voir avec le fait de préconiser une monstrueuse hécatombe.

 

Le phénomène essentiel, rappelé dans cet éditorial,  réside dans le caractère amplificateur, orchestrateur et dévastateur de la diffusion par internet d'appels à la violence susceptibles de mobiliser et de galvaniser le fanatisme. L'internet, comme la langue selon Esope, est à la fois la meilleure et la pire des choses mais ce qu'elle a de pire depuis quelque temps en arrive à faire oublier ce qu'elle peut avoir de meilleur. Il en est ainsi du printemps arabe qui a pris ses sources dans l'internet et qui est toujours compromis par les islamistes grâce à ce même internet.

 

Chercher les racines de la barbarie en nous-mêmes

 

J'ajouterais deux choses selon moi primordiales. Le temps est venu de juger toutes les attitudes et tous les événements en fonction du degré de violence qu'ils impliquent. C'est vrai pour toutes les révolutions ou ce qui en tient lieu. Longtemps, les intellectuels engagés et les théoriciens politiques ont vécu avec la conviction (inspirée non par Hegel mais par Marx !) que la violence était "accoucheuse de l'Histoire". Et comme l'histoire paraissait alors à la fois nécessaire et juste, la violence devenait bénéfique. On pensait en avoir fini avec ce dérèglement idéologique. Erreur candide ! Nous gardons trop souvent, en effet, une compréhensive indulgence pour ce que l'on appelle "l'irrépressible violence". Et ce sont malheureusement les fondements religieux des appels à la violence qui continuent de justifier toutes les barbaries.

 

La seconde observation concerne une réflexion qui m'a toujours  tenu à c'ur tout au long de l'histoire de ce journal. Elle peut se résumer ainsi : il ne suffit pas de condamner les violences ou même les sentiments racistes ou xénophobes, encore faut-il étudier les circonstances de leur émergence. Longtemps, et à juste titre à cause de la Shoah, on s'est refusé à penser que certaines circonstances pourraient, sinon devenir « atténuantes », du moins faire comprendre les monstruosités spécifiques de l'histoire. Avec le temps et la découverte que plusieurs peuples autres que les Juifs avaient été exterminés dans le passé ou menacés de l'être, on en est venu à se dire - comprendre n'étant pas pardonner - que chacun d'entre nous était susceptible de concevoir une action démente et que rien n'était plus humain que l'inhumain. C'est pourquoi c'était en nous-mêmes qu'il fallait chercher les racines de la barbarie pour mieux les combattre.

 

Le crime de la "diversité"

 

Alors quelles sont les circonstances qui ont pu inspirer l'acte dément d'Anders Behring Breivik. Ce n'est pas pour rien qu'il a déclaré avoir pour cible principale les multi-culturalistes. C'est à dire les Norvégiens qui ont voulu maintenir dans leur pays les traditions d'accueil et de tolérance qui ont permis cette fatale « diversité ». Autrement dit la plus pacifique et la plus civilisée des nations du monde n'aurait dû jusqu'ici ses mérites qu'a la pureté de sa race et serait aujourd'hui polluée par l'immigration musulmane. L'idée de cette pollution est devenue si insupportable à Anders Breivik que,  plutôt que d'organiser un massacre de musulmans, il a voulu punir comme sacrilèges, hérétiques, apostats tous les Nordiques qui trahissent la mission de leur race.

 

Le crime des crimes, à ses yeux,  c'est donc bien la "diversité" et c'est sur cette notion qu'il faut s'attarder. Dans quelles circonstances cette diversité peut-elle poser des problèmes, susciter des allergies qui deviennent des préventions et des préjugés  qui se transforment en une intolérance radicale ? Et bien sûr, il faut chaque fois se demander pourquoi le juif ? Pourquoi le tzigane ? Et aujourd'hui le musulman ? Nous publierons prochainement un entretien éclairant avec le grand islamisant Bernard Lewis.

 

J.D.

 

1 commentaire
" on en est venu à se dire .. . que chacun d'entre nous était susceptible de concevoir une action démente et que rien n'était plus humain que l'inhumain. " - dit Jean Daniel. La démence peut exister partout, en effet. On vient de voir que rav Eléazar a été assassiné.
Bon, cela étant, les massacres de masse ne sont pas légion chez les Juifs.
Les Juifs dans l'ensemble ( il y a des brebis galeuses ) ne sont pas " chacun d'entre nous " ... Ils sont fils et filles du Commandement. Pour un grand nombre d'entre eux ( et ce nombre augmente chaque jour ), ils mettent les téphilin chaque matin, ils effleurent, chaque jour, les mézuzot. Et ils gardent le Saint Chabbat.

Pour les Juifs mondains de la Rive Gauche parisienne, ce que je dis là ne provoquera que sourires amusés et haussements d'épaule. C'est pourtant une dimension essentielle : LA dimension essentielle. Les Juifs sont préservés de la monstruosité par la Torah.

Chabbat chalom, 'haverim, 'haverot.
Envoyé par Edmond_002 - le Vendredi 29 Juillet 2011 à 18:14
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 41 minutes