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Blog : Michelle Goldstein

DRANCY


Du 20 au 24 juillet, en pleine nuit, le capitaine SS Aloïs Brunner, chargé des questions juives de la région parisienne , fait arrêter 250 enfants.
Entassés dans des autobus ,ils sont transférés à Drancy.
Le 31 juillet, ils partent, 60 par wagons, "vers l'Est", à Auschwitz- Birkenau, dont aucun ne reviendra"
Ils vivaient dans des orphelinats à Paris ,à Montreuil, à Louveciennes, à Neuilly, à Vincennes, à Saint-Mandé, à La Varenne Saint-Hilaire'
Ces enfants furent précipités dans des autobus avec baluchons et matelas, puis conduits à Drancy. Dans ce camp de la région parisienne, ils vécurent d'horribles journées d'angoisse avant d'être acheminés le 31 juillet 1944 par le convoi n° 77 vers Auschwitz, dans des wagons à bestiaux.
Après un épouvantable voyage de deux jours et demi, entassés dans le noir, apeurés, assoiffés, suffocants, ils arrivèrent à Birkenau à moitié nus et sans chaussures pour la plupart. A leur descente, ils furent immédiatement envoyés à la chambre à gaz et ne revinrent jamais.
DRANCY:Un interné, André Warlin, raconte dans son livre l'Impossible Oubli (1),l'arrivée et le séjour des enfants :" Par une nuit claire, étoilée, nous distinguons de loin, le bruit des autobus qui se succèdent à une cadence rapprochée, les coups de sifflet annonçant les arrivées. Les autobus arrivent les uns après les autres. Nous ne voyons pas tout de suite les nouveaux arrivants. Mais bientôt, à notre effroi indescriptible, nous entendons les voix pétillantes et jacassant de petits enfants tout seuls sans père ni mère. Il y en a de tout petits de deux ans qui traînent leur misérable baluchon. Ils pleurent. Ils n'ont pas eu le temps de s'habiller, on les a arrachés de leur lit, les bousculant. Ça et là, une femme les accompagne, les traînant à ses trousses, les poussant devant elle. On les parque dans les escaliers vides, improvisant des couches pour eux, les tassant à plusieurs dans les lits infestés de punaises. Le camp entier est en émoi (?)Le lendemain, disciplinés, sages, ayant l'habitude d'obéir, de souffrir, ils vont tous en rang au réfectoire, tenant dans leurs petites mains des bols trop grands, et jouant avec leurs cuillères. Ceux de cinq ans s'occupent de ceux de trois ans. Du reste ,ils sont mûrs et savent s'adapter. Ils connaissent la vie, la persécution, la souffrance. Ils ont été séparés de leurs parents, le plus souvent déjà déportés, la plupart lors de la rafle du Veldhiv. Ils savent qu'ils sont juifs, c'est même la seule chose qu'ils savent, ignorant souvent jusqu'à leur nom. Ils savent qu'ils sont en danger, ayant entendu parler depuis leur naissance des camps de la déportation. Tout petits, ils ont l'instinct de conservation comme des petits animaux. Ils essaient de fuir le danger. On en retrouve un dans une niche de chien. "Je veux être un chien," dit-il " puisque les chiens ne sont pas déportés".
Le Convoi n° 77 du 31 juillet 1944 Dans son Calendrier (2), Serge Klarsfeld indique que le convoi du 31 juillet 1944 comprenait 1300 personnes, dont 270 enfants et adolescents de moins de 18 ans. Ce fut le dernier convoi important. Il y avait 60 enfants par wagon' wagons à bestiaux ,bien entendu, et cadenassés. Un seul pot d'eau potable, et deux ou trois adultes pour subvenir aux besoins des petits'Denise Holstein raconte le voyage (3) :"La première journée ne fut pas trop terrible, mais le soir, lorsqu'il fallait coucher tous les enfants dans le noir, les cris commencèrent, nous ne pûmes pas dormir une seule minute: les enfants avaient chaud, ils avaient soif, et l'air venait à manquer, les ouvertures étant toutes petites'malgré tout, le moral était bon, il le fallait, nous avions les enfants, et nous n'avions pas à nous lamenter. Nous chantions des chants de route et d'espoir. Le voyage dura deux jours et demi et ce fut le commencement de la souffrance' Nous ne pouvions plus rien avaler, nous avions si soif !"

Arrachez vos Étoiles !": ce cri retentit au Camp de Drancy le 17 août 1944(12 jours après l'arrivée de Tauba, Wolf ,Bernard, Daniel et Sossia!) lorsque le S.S. Aloïs Brünner prend la fuite. Les deux semaines qui ont précédé ont été marquées par des menaces constantes de déportation. Le 31 juillet, alors que les Alliés s'approchent de Paris, les enfants et les adolescents sont déportés par le convoi n° 77. Début août le bruit d'une déportation circule dans le camp : tout le monde sera déporté, dit-on. N'ayant plus rien à perdre, les internés du Camp de Drancy se mettent en rapport avec la Résistance qui leur fait parvenir des armes dissimulées dans des colis alimentaire. Seuls quatre internés, ainsi qu'en témoigne Madame Andrée Warlin, sont au courant de l'arrivée des armes, car " si les Allemands s'en aperçoivent, les représailles seront sanglantes " . Les résistants-internés réussissent aussi à faire sortir du camp le fichier des internés, dans des emballages vides, qu'ils cachent dans un camion de ravitaillement. Ces fiches contenant les noms des internés, tout ce qui reste de leur passage, sortent ainsi du camp sous les yeux des Allemands. Le 17 août, les Allemands quittent le camp en emmenant cinquante internés comme otages. La plupart d'entre eux sont des résistants arrivés des prisons de Fresnes et du Cherche Midi. Groupés dans un wagon raccroché au train des nazis en fuite, ils réussissent presque tous à s'évader. Après le départ des Allemands, le consul de Suède, Nordling, arrive à Drancy, accompagné d'André Ullmo et de représentants de la Croix Rouge. Les sorties du Camp de Drancy commencent officiellement le vendredi 18 et se terminent le dimanche. Le docteur Marc Adrien Weill-Warlin et maître André Ullmo rapportent, le soir du 18, les armes à la Résistance de Paris. Drancy - Auschwitz, le 77e et dernier convoi
Le long convoi vient de s'immobiliser. Est-ce vraiment le terme du voyage ? Est-ce là « Pitchipoï », la destination mythique de ceux dont aucune nouvelle n'est jamais parvenue ? Ce 3 août, il fait encore nuit noire. Le crissement des freins et les secousses de l'arrêt provoquent mouvements et plaintes parmi les trois cents enfants et adolescents entassés depuis bientôt trois jours dans les fourgons à bestiaux. Le millier de femmes et d'hommes prostrés dans les autres wagons retiennent leur souffle, partagés entre angoisse et espoir. Comme tout un chacun, David B. n'a-t-il pas touché, la veille du départ, un bon permettant de percevoir l'équivalent en zlotys des 1.530 francs qui lui ont été saisis lors de son arrivée à Drancy, le 12 juillet, et dûment enregistrés sur la souche 6.432 du carnet no 156 ? N'est-ce pas la preuve que l'on va en Pologne, et que l'on y va pour vivre ? D'ailleurs, peut-il y avoir pire que Drancy ? Pire que les vexations et les brutalités quotidiennes de Brunner et de sa bande de SS ? Pire que cet étouffement subi depuis trois jours ? Une promiscuité si effrayante, sans eau, sans la moindre hygiène, que plusieurs ont déjà succombé. Un camp de travail ? Mais, alors, pourquoi Richard H., Lucien L., Emma L., Lucie W., tous âgés de plus de quatre-vingts ans, sont-ils du voyage ? Et Bernard, Jacqueline, Allia, Henri, qui n'ont pas cinq ans ? Séparés de leurs parents depuis longtemps, ils ont été raflés par Brunner quelques jours plus tôt dans les centres de la très officielle Union générale des israélites de France (UGIF).Une chose est sûre : bientôt il sera possible de boire. La soif est pour l'heure l'épreuve la plus terrible. Trois jours que dure ce calvaire... Il était 6 h 30, lundi matin, quand l'ordre ultime est venu. « Dans la cour ! » Les hommes et les femmes désignés avaient été consignés la veille dans les escaliers 1 et 2, tout prêt du portail. Je vais revoir...7 heures. Le premier groupe s'ébranle. Chaque personne a droit à un bagage modeste, à une couverture et à quelques vivres. Sur le mirador, les SS veillent. Il y a à peine plus d'un an la place était occupée par des gendarmes français. Toujours encasernés dans les tours voisines, ceux-ci sont désormais chargés de la surveillance extérieure. 7 h 10. Tout est parfait : l'horaire prévu dans la « note de service » du 30 juillet, signée par le « commandant adjoint » - l'interné Emmanuel Langberg - est respecté. Le premier autobus démarre, deux gendarmes français sur la plate-forme. C'est bientôt le tour de Charlotte et des ses amies. Charlotte est portée par un espoir : « Je vais revoir mes parents et Raymond », son petit frère. Leur dernière image remonte au 16 juillet 1942, devant le commissariat de la place Jules-Joffrin, dans le 18e. « On nous emmène au Vél' d'hiv' », lui a lancé son père. Charlotte avait alors seize ans et demi. Des policiers lui ont dit : « Vous êtes libre, rentrez chez vous. » Sa mère a immédiatement réagi : « Pars ! » Après s'être débrouillée un temps, elle a intégré un foyer de l'UGIF. Le piège s'est refermé. L'autobus les emporte. Elles chantent. « Ce n'est qu'un au revoir, mes frères ». Puis « la Marseillaise ». « Je vais revoir mes parents et Raymond ! » Quelle fête ! Dans son maigre bagage, Charlotte a gardé pour eux les quelques bonbons distribués de temps à autre. « Je vais revoir mes parents et Raymond ! »
Le train vient de s'arrêter, chacun retient son souffle. Une violente lumière filtre des parois. Les portes sont déverrouillées. « Raus ! Schnell ! ». Des hurlements. Et des coups. Notamment pour celles et ceux qui n'ont pas immédiatement compris que les valises restent dans les wagons. Aveuglés, ankylosés, ils titubent, se regroupent sur l'immense quai. Pas une gare, un quai tout au long duquel s'alignent des SS en armes, des chiens à leurs côtés. « Schnell ! Schnell ! », crient des hommes étrangement habillés d'une sorte de pyjama rayé bleu et blanc. Denise H. n'a pas quitté les petits depuis dix jours. Elle s'apprête à porter l'un d'eux. « Ne prends pas de gosse dans tes bras », lui murmure l'un des bagnards. ça va faire du savon Par qui, pourquoi un tel geste serait-il interdit ? Il désigne les bambins : « Tu vois, ça va faire du savon. » Ce propos n'a aucun sens, cet homme est un fou. « Mettez-vous en file par deux ! » Un autre s'approche de Georges H. et de ses compagnons, qui ont vainement tenté de s'évader durant le trajet : « Si on vous propose de vous transporter en camion, refusez. »Là-bas, un officier se tient jambes écartées, sa badine montre tantôt la droite, tantôt la gauche. Rachel H. a dix-neuf ans. « A droite ». Elle fait un geste vers la femme qui la précède, la directrice du centre Vauquelin, poussée vers la gauche. « C'est ma mère ! » L'officier la toise : « Ah, c'est ta mère. Tu veux aller avec elle ? Va avec elle ! » Soulagée, Rachel dit merci et repart vers la gauche. Ce groupe ne cesse de grossir : tous les enfants, toutes les personnes âgées, toutes les femmes tenant un enfant dans leurs bras ou par la main... Bientôt, 726 personnes sont ainsi rassemblées. Toutes sont dirigées vers des camions. Les autres, 291 hommes, d'un côté, et 283 femmes, de l'autre, reçoivent l'ordre de se mettre en rangs par quatre. « Forwärts marsch ! » Les deux colonnes, désormais séparées, marchent près d'une demi-heure sur un mauvais chemin boueux bordé de barbelés. Les hommes, ici, les femmes, ailleurs, par groupes de cent, chacun, chacune est maintenant poussé dans une vaste salle. « Déshabillez-vous, entièrement. Votre portefeuille dans la première caisse ; votre montre dans la deuxième ; tous vos autres objets personnels dans la troisième. Mettez vos vêtements en paquet, au fond à droite, par terre. » Chez les femmes, des surveillantes prennent soin de récupérer colliers et boucles d'oreilles. Puis une nouvelle salle emplie de grossiers tabourets. Les chevelures s'éparpillent au sol. Après la tonsure de la tête, c'est celle des autres parties du corps. Il n'y a pas de miroir. La vue de l'autre, le regard de l'autre sur soi-même suffisent... La douche, assez chaude, est un soulagement, bref. Le corps ruisselant, il faut enfiler quelques pauvres guenilles. Puis, un homme muni d'une sorte de stylo marque les avant-bras gauches d'un numéro indélébile. 214 survivants Dehors, en rangs par cinq. Dans une sorte d'état second, il faut à nouveau marcher, les pieds dans la boue, à nouveau subir des cris et des coups. Une grande baraque, des châlits sur trois niveaux, comme des niches. Cinq occupants pour chaque. Où sont passés les autres, partis dans les camions ? Le plus souvent la réponse n'est qu'un grognement ou un geste vague de la tête. Parfois, un ricanement : « Où ils sont ? T'as vu les flammes, là-bas ? Ce sont eux qui brûlent ! » C'est sûr, à force d'être enfermés, ces êtres sont devenus complètement fous... Le jour se lève. Ce jeudi 3 août 1944, le ciel d'Auschwitz est d'un bleu uni. Sur les 1.300 enfants, femmes et hommes partis de Drancy le 31 juillet 1944, on ne compta que 214 survivants au printemps 1945. Ce fut le dernier grand convoi racial à quitter la France. Les forces anglo-américaines étaient à moins de 250 kilomètres de Paris, l'Armée rouge à moins de 450 kilomètres d'Auschwitz.
MARC BLACHERE
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 46 minutes