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Blog : Carand

LES RAISNS d' ALGER MURISSENT à JERUSALEM


Les raisins d'Alger mûrissent à Jérusalem
par Albert Bensoussan
Par webmaster, samedi 10 novembre 2007
Blog Albert Bensoussan

Sur Le BLOG de www.terredisrael.com

En fait, il n'y avait pas vraiment de raisins à Alger,
il fallait sortir de la ville et gagner vers l'Ouest
la plaine de la Mitidja, de Staouéli à Zéralda,
pour trouver des vignes. Mais les raisins dont je veux
parler ici étaient ceux des coteaux de Médéa,
une petite ville du Sud, sur la ligne Alger-Boghari
-Bou-Saada-Djelfa, qui fut, pour l'essentiel,
le berceau des familles Chouraqui/Cherqui.

La Fondation Chouraqui, de Jerusalem,
nous propose actuellement un magnifique livre d'histoire,
de mémoire et de souvenirs de Sidney Saadia Chouraqui,
au titre éloquent Les raisins mûrissent à Jérusalem
(éditions Bné-Issakhar, Jérusalem, 312 p.),
avec un avant-propos chaleureux de Haïm Zafrani (zal)
et une préface affectueuse d'André Chouraqui (zal).

Sidney Saadia Chouraqui est né sur les hauteurs d'Alger,
à Kouba, avec au fond des yeux cette image splendide de
la baie qui ne l'a jamais quitté. Mais lui a très vite
quitté cette Algérie pour faire son aliya en 1950,
précédant de peu son cousin André Chouraqui, natif,
lui d'Aïn-Témouchent. La différence entre les deux
branches c'est que les uns ont les yeux noirs,
comme André, et les autres de beaux yeux bleus,
comme Saadia, qui revendique son appartenance berbère,
tout en sachant bien que les siens sont partis d'Erets,
probablement après la destruction du 1er Temple, et ont
navigué sur la Méditerranée, peuplant l'Espagne et le
rivage maghrébin. Chouraqui ou Cherqui signifie en arabe
l'Oriental, et ce patronyme, traduit en espagnol,
devient Levante, et en hébreu, Mizrahi.
Sidney Saadia Chouraqui,
né au sein d'une famille médéenne profondément juive et
religieuse, comme l'étaient tant de familles de nos
régions, a été dès l'adolescence un militant du
judaïsme et du sionisme : « Éclaireur israélite de France »,
membre de la Fédération Sioniste d'Algérie dirigée par
le regretté André Narboni (zal), du Dror et du mouvement
« Maguen » de l'Agence Juive, puis kibboutznik à Givat-Haïm,
délégué à la culture auprès de l'Ambassade de France à
Tel Aviv, membre actif et fondateur de MORIEL, qui ?uvre
toujours, en Israël, à la préservation de la mémoire
judéo-algérienne (et dont le prochain colloque aura
lieu à Pourim).
Et son ouvrage est, en quelque sorte, le testament d'un
des derniers témoins d'une histoire qui n'est plus.
Outre la généalogie des Chouraqui, complétée par un
émouvant album de photos, nous voyons défiler toute
notre histoire, depuis la Kahéna, reine juive des Aurès,
jusqu'aux rabbins miraculeux d'Alger, de Tlemcen,
ou de Constantine.
Et principalement l'époque contemporaine qui connut
les soubresauts tragiques de l'ignominie vichyssoise,
du pogrome de Constantine, et enfin de l'Indépendance
de l'Algérie, avec son inévitable exode de 130 000 Juifs.
Malgré les tragédies, il y a dans les propos et le
regard que porte Sidney Saadia sur l'Algérie une certaine
bienveillance, et peut-être même un amour contrarié.
Deux millénaires sur cette terre, et voilà, qui se souvient
là-bas, aujourd'hui, qu'il y a eu tant de Juifs algériens ?
L'histoire officielle et la mémoire collective les ignorent.
Il faudra bien, pourtant, dans le cadre d'un futur traité
de paix israélo-palestinien que ceux-là, qui sont partis en
nombre en Israël, soient comptés dans la balance sur le
plateau des « réfugiés »
(Voir à ce sujet « Les réfugiés échangés »,
de Jean-Pierre Allali http://www.terredisrael.com/
dotclear/index.php'2007/06/20/303-
les-refugies-echanges-de-jean-pierre-allali-
un-compte-rendu-d-albert-bensoussan).

Au détour des pages, Sidney Saadia me fait l'amitié de me
citer en écrivant que mon « ?uvre romanesque traduit
l'affleurement progressif d'une âme collective
judéo-algérienne » et en Israël, je ne suis pas peu fier
de figurer, entre autres, sur les rayons de
« L'Arche du Livre », à Netanya, cette ville devenue, par
la force des choses, le nouveau berceau de ma famille
et ma terre de référence.
Mais certes, bien d'autres et de plus éminentes personnalités
figurent dans ce livre : Raymond Bénichou, la famille
Aboulker, Henri et José, qui s'illustra glorieusement dans
la préparation du débarquement des Alliés à Sidi-Ferruch
en 1942, Henri Chemouilli qui fut le premier à souligner
la « judéité » des Berbères mais qui s'étonne aujourd'hui
de voir certains Kabyles revendiquer leur passé juif,
voire leur âme hébraïque ? Ajoutons ces autres Cherqui,
Aïzer (zal) et Hayem Cherqui, qui furent aux commandes du
judaïsme militant à Alger, sans oublier Martin Zenouda (zal),
dont le fils Julien, à Netanya, saura dans son prolongement
jouer un rôle majeur dans la constitution de l'UNIFAN.
Et Jacques Lazarus, qui fut l'une des voix les plus
autorisées du judaïsme algérien dans les deux décennies
précédant l'Indépendance, représentant en Algérie du Congrès
Juif Mondial et fondateur du journal « Information Juive »
(dont je m'honore d'être l'un des plus anciens collaborateurs).
Et puis, bien sûr, la haute figure d'André Chouraqui,
qui a su, mieux que quiconque, tracer la « Saga des Juifs
d'Afrique du Nord ». Et nos rabbins et grands-rabbins,
dont Maurice Eisenbeth, qui joua un rôle décisif au temps
de la peste brune, ou Léon Askénazi « Manitou », si cher au
c'ur de tous les Juifs d'Algérie, par son action spirituelle
et ses constants messages de réconfort. Il cite même, parmi
le corps expéditionnaire qui libéra la Corse en 1943,
le jeune capitaine Jaïs, également de Médéa, frère du
grand-rabbin ; Moïse Jaïs (zal) a fini sa carrière comme
général à Rennes, où il est décédé cette année,
avec tous les honneurs militaires'
En refermant les pages de ce livre, il nous reste, comme chez
l'auteur, la profonde nostalgie d'un passé révolu,
Ya h'asra ! « Pour la plupart d'entre nous, écrit finalement
Sidney Saadia, dans le secret de notre c'ur, quelle nostalgie!
Malgré notre aliya, notre intégration en France ou ailleurs,
nous, Juifs d'Algérie, Juifs berbères en majorité,
nés dans ce Maghreb central où certaines de nos communautés
étaient implantées depuis deux millénaires, avons conservé
des attaches affectives avec notre patrimoine judéo-maghrébin ».
Mais le retour, même en touriste, est-il possible ?
est-il même souhaitable ? L'ouvrage de Sidney Saadia Chouraqui
doit être lu et médité par tous : il renferme notre histoire
judéo-algérienne en ses diverses péripéties, et ce parcours
qui fait s'épanouir ou mûrir les raisins à Jérusalem cette
belle promesse de l'ardente jeunesse juive du narrateur.
Avec au-delà des mots la voix chaleureuse et émouvante
d'un homme qui a traversé le temps et a su garder toute
la fraîcheur de son âme pure, ce qu'en hébreu biblique
on appelle un Ish Tam. Hazak ou Barouh', Sidney !

Albert Bensoussan

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