English Version Force de Défense d'Israel sur Internet
Inscription gratuite
AccueilInfos IsraelBlogs Juifs et IsraéliensVidéo IsraelOpinions : monde Juif et IsraelLe MagTOP SitesLa BoutiqueJuif.org TV

Blog : Carnets d'actualité

Algérie : le passé passe mal

Le peuple russe se redonne un nouveau tsar, Vladimir Poutine. Le peuple vénézuélien ne veut pas d'un nouveau Castro, Hugo Chavez. Mais en France, l'événement, c'est le retour de Ségolène Royal sur la scène. On la célèbre, on la salue, on se réjouit, on s'émerveille.
Quoi ? Le combat pourrait-il recommencer ? On fait comme si l'adversaire n'en avait pas pour cinq ans et l'on oublie les adjectifs perfides, les cruelles comparaisons, Bécassine, Jeanne d'Arc. Comme on est heureux de la retrouver ! Regardez, lisez, entendez ! La poupée désarticulée a ressuscité. Elle est aussi belle, aussi lisse qu'au premier jour. Elle peut à nouveau parler. Ce n'était donc pas une illusion, pas un rêve.
Cela s'est fait à la manière de la promotion du livre de Yasmina Reza sur Sarkozy. Campagne de chuchotements. Indiscrétions calculées. Désolation, la main sur le c'ur, que l'on ait « volé » les épreuves, que le meilleur ami n'ait pas tenu parole. Et puis fierté, à la Une de « Libé » : « Nous avons réussi à nous « procurer » les bonnes feuilles avant les autres ». Malheureusement pour « Libé », « le Figaro » n'est pas plus honnête. Tout cela est calculé, étudié de près, manipulé.
Eh bien, le livre de Ségolène existe. Sa plus belle histoire, c'est nous ? Quelle vérité ! Ce n'est pas - elle a pris soin d'enlever un mot au vers de Barbara - une histoire d'amour. Mais tout de même une histoire de besoin d'amour. Elle a raison de rappeler que ce ne sont pas les médias qui l'ont fabriquée, que ce sont les militants, ou plus simplement ce peuple qui avait besoin de croire en quelqu'un comme elle. Dès le début, ce qu'il y a de plus remarquable, ce sont les pages où elle rappelle : « Oui, j'ai reçu une éducation chrétienne et je l'assume. Je n'ai rien à cacher de mon enfance et de mon adolescence. Et je pense qu'avoir appris la méditation, le retour en soi-même, la force qui déplace les montagnes, l'amour du prochain n'est pas inavouable. » Elle brandit, elle revendique, elle assume.
Tous ceux qui ont assisté à l'un de ses meetings ne trouveront pas cela ridicule. Ils se souviendront qu'ils ont été eux-mêmes, de quelque manière, subjugués par sa prédication. Elle confesse qu'elle se sentait alors « habitée ». Mais cet envoûtement peut-il se renouveler ? Les fidèles ne sont plus les mêmes ! Si bien que soudain, la foi de notre petite dame paraît bien trop fragile pour soulever tant de nouvelles montagnes. La simple revendication, désormais lancinante, du « pouvoir d'achat » apparaît comme une tache sur la blancheur immaculée de sa robe emblématique.

On ne va pas chercher chicane à Nicolas Sarkozy pour avoir dit que la colonisation était contraire aux trois beaux mots de la devise républicaine. C'est justement au nom de la liberte, de l'égalité et de la fraternité que la République a souvent voulu justifier son entreprise d'évangélisation laïque. Reste que le président français, se trouvant à Alger, a trouvé une formule astucieuse pour éviter une repentance trop précise. Elle s'adresse à tous les colonisés du monde et n'apparaît pas comme une concession trop humiliante après les injures inadmissibles du ministre algérien des Anciens combattants. Il faut en effet rappeler que les propos du ministre n'étaient ni vaguement anti-israéliens ni indirectement hostiles au sionisme, mais simplement et franchement antisémites ou, pour utiliser le langage des présentateurs des chaînes arabes de télévision, tout simplement anti-juifs. Ils prétendaient expliquer le comportement des vingt millions de Français qui ont porté Sarkozy à la présidence et le ralliement de Bernard Kouchner par l'influence puissante et déterminante d'un « lobby juif » qui maîtriserait l'opinion en France ! Et ce lobby serait, de plus, majoritaire dans l'industrie. Un timbre à l'effigie de Sarkozy aurait même été imprimé en Israël ! Bref, des injures racistes et des inventions diffamatoires. Je sais bien que cela est, hélas, courant dans le monde arabe depuis le conflit israélo-palestinien et je note que le nombre d'intellectuels musulmans qui s'en alarment est de plus en plus grand.
Pour expliquer le manque d'égards dont a failli être victime le président français, on dit que le président Bouteflika s'était mal résigné au départ de son ami Jacques Chirac. C'est faux. Il avait un faible évident pour ce chef d'Etat français qui était venu le voir plusieurs fois à l'hôpital mais c'est tout de même après son premier séjour au Val de Grâce que le président algérien a parlé de « génocide culturel ». Mais lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, lui a fait remarquer que cette expression pouvait suggérer une similitude de comportement entre la France et l'Allemagne nazie, il a répondu avec une hilarité indignée que l'on ne saurait lui prêter une telle pensée. Sarkozy et Bouteflika étaient déjà deux « amis ».
On dit que les élites algériennes tiennent rigueur à Sarkozy d'avoir employé les expressions de « racaille » et de « kärcher » à propos des émeutes de banlieue en 2005. Là encore, c'est faux. Les émeutiers n'ont aucune popularité en Algérie. Ils sont souvent accusés de salir l'image des Algériens et donc de contribuer à la limitation des visas octroyés pour venir en France. Or il faut bien dire que cette question des visas est celle qui, de beaucoup, obsède le plus quelques millions d'Algériens de moins de 25 ans.
Parmi tous les clivages qui divisent la nation algérienne (Berbères et arabes, ruraux et citadins, populations des hauts plateaux et des rivages, souvenirs de Rome à Constantine et de l'Espagne à Oran), il en est un qui réapparaît chaque fois avec plus de force : il y a le parti de la France et le parti anti-français. Cela comporte une séparation linguistique, on est francophone ou non, on a ou non des liens avec des résidents algériens en France, etc. Pour certains, la France n'est pas seulement le pays qui a colonisé l'Algérie en 1830, ni seulement celui qui a livré la guerre d'Algérie en 1954. Mais c'est aussi aujourd'hui le pays de la prospérité et surtout de la liberté. De toutes les libertés, y compris celles, jugées pernicieuses, des m'urs et de l'occidentalisation ? et de la laïcité.
On m'a dit que l'on « m'attendait » sur l'Algérie après ce que j'avais écrit. Je crois toujours qu'il y a, à terme, un horizon franco-algérien et que les fanatiques ne pourront s'y opposer. Reste, il est vrai, que rien ne pouvait plus me choquer, m'attrister et m'alarmer que ce soit un Algérien qui puisse impunément contribuer, contre son président, au déferlement de quelques vagues antisémites, et en réalité anti-françaises.
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 7 minutes