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Blog : Carnets d'actualité

L'heure méditerranéenne

1. Je sais bien qu'il convient, en cette fin d'année 2007, de considérer que tout optimisme est indécent et toute bienveillance frivole (1). Notre monde ne va pas bien et il n'y a aucune raison pour qu'il aille mieux l'an prochain. Une fois installé dans cet état d'esprit, et à la condition d'effacer le grotesque épisode de la visite de Kadhafi, on peut se permettre d'être attentif à tout ce qui, par accident, pourrait être positif.
Par exemple, il faudrait être atteint de myopie sinon de cécité pour ne pas saluer cette grande conférence de Bali où s'est manifestée, même imparfaitement, une prise de conscience très vive et très précise des dangers que faisait courir à notre planète son réchauffement. Al Gore a mérité son prix Nobel et il est décidément plus convaincant que notre truculent Claude Allègre. Pour illustrer cette prise de conscience, il faut saluer ceux des Etats qui, aux Etats-Unis, ont déjà pris sur l'environnement - comme sur l'abolition de la peine de mort d'ailleurs -, des décisions en rupture avec celles de l'Etat fédéral.

2. Il y a eu ensuite la conférence dite « des donateurs », qui est allée bien au-delà de ce que demandait l'Autorité palestinienne pour édifier l'Etat souverain qui - selon les v'ux des Américains à Annapolis (Maryland) ? devrait être créé avant la fin de 2008. C'est à Paris que les représentants de quatre-vingt dix délégations ? parmi lesquels Condoleeza Rice, le président Mahmoud Abbas et Tony Blair - ont débloqué 7,4 milliards de dollars au lieu des 5,6 milliards réclamés par l'Autorité palestinienne. L'Union européenne, avec 650 millions, vient en tête des contributions.
Reste évidemment à dire la vérité, ce qui a commencé de se faire à Annapolis, à savoir que ni le mur construit par les Israéliens ni le découpage des territoires ne sont compatibles avec la constitution d'un Etat, quelles que soient ses richesses. En fait, comme en conviennent plusieurs chefs militaires israéliens, le juste souci qu'Israël a de sa sécurité le conduit à des précautions tragiquement disproportionnées qui empoisonnent la vie de tous les Palestiniens. Il convient donc que la sécurité d'Israël ne soit pas confiée aux seuls Israéliens et que la communauté internationale, comme le nouveau gouvernement palestinien lui-même, en soient les garants.


3. Sans doute la solution du conflit israélo-palestinien ne contribuera-t-elle en rien à dénouer l'imbroglio irakien, à modérer les ambitions iraniennes, à installer la paix au Liban, à diminuer la capacité de nuisance du terrorisme islamiste et à calmer les hostilités entre chiites et sunnites. Cette précision doit être rappelée chaque fois qu'un Etat arabe ou musulman se réfugie derrière l'alibi israélien pour expliquer ses échecs, ses faiblesses ou l'impopularité de ses gouvernements.
Il reste que ce conflit suffit à discréditer les Etats-Unis et tout l'Occident dans le monde arabo-musulman. Nicolas Sarkozy s'en est rendu compte en Algérie, où il a nettement infléchi ses discours. Et à la conférence de Paris, c'est comme « ami d'Israël » qu'il a adjuré l'Etat israélien de mettre fin d'urgence à la « colonisation » des territoires occupés. Dans le vocabulaire, c'est un redressement qui a son importance.


4. On peut supposer que le président français, quand il est arrivé aux affaires, a eu pleinement conscience d'être devenu le chef d'un Etat membre du Conseil de sécurité, disposant de l'arme nucléaire, et qui était aussi une puissance méditerranéenne. Pour ma part, j'ai été attentif à la première évocation par Nicolas Sarkozy d'une reprise de l'ancien projet d'« Union méditerranéenne ». J'ai pensé que l'on s'était trop facilement résigné à ses déboires et qu'il y avait quelque audace à en brandir à nouveau la perspective. Simplement, j'avais la candeur de me dire que lorsque l'on ressuscite un projet de cette nature avec l'idée de stimuler à nouveau les ambitions, de mobiliser les énergies, de favoriser les rêves, c'est que l'on avait tout de même préparé ses arrières. Or il n'en était rien. Les équipes, pourtant éminentes, qui ont été chargées de repenser et de relancer l'Union méditerranéenne ne semblent pas avoir instruit le président de tous les échecs passés. Elles ont dû reparcourir toutes les étapes qui avaient conduit à l'impasse.
Reprenons les données : rien n'est plus évident qu'une telle ambition méditerranéenne mais rien n'est moins simple à réaliser. Les obstacles sont nombreux. Ils viennent du conflit sur le Sahara, de l'hostilité ? y compris économique ? entre l'Algérie et le Maroc, des déchirements entre Chypriotes, entre Israéliens et Palestiniens, entre factions libanaises, sans parler des tensions en Bosnie.
Pour surmonter les réticences, lorsque Nicolas Sarkozy a présenté son projet en Algérie, il a évoqué un tel niveau de partenariat que l'on pouvait presque lui prêter le souhait ou le rêve d'un axe Paris-Alger autour duquel tous les pays méditerranéens auraient été plus ou moins des satellites. Présomption d'un autre âge ! C'était celle qu'avait aussi entretenue De Gaulle un an avant la fin de la guerre d'Algérie.


5. Cela dit, les négociateurs français, après avoir fait l'inventaire de tous les obstacles et la recension de toutes les hostilités, déguisées ou non, ont été contraints de se replier sur des positions plus modestes en s'efforçant de faire oublier l'utopie sarkozyenne. Désormais, l'Union méditerranéenne sera avant tout une « union de projets » : « La dynamique, la convergence, le rapprochement viendraient non de nouvelles institutions et procédures mais de projets élaborés et réalisés en commun avec l'appui important des entreprises, des collectivités locales et les sociétés civiles. » C'est exactement les conclusions auxquelles était arrivé Jacques Delors et que Romano Prodi avait imprudemment tenté de remettre sur la table.
Bien sûr, la reprise de tous ces anciens objectifs devrait se faire aujourd'hui avec plus d'imagination et d'enthousiasme que dans le passé. Simplement, nous avons désormais des ennemis de tous côtés sous la conduite d'Angela Merkel, qui ne tolère pas que l'on puisse exclure l'Allemagne de quoi que ce soit, de la Turquie, qui voit partout des pièges, et de l'Espagne et l'Italie qui n'ont jamais aimé se rallier à notre panache trop blanc. Ce n'est pas une raison, bien sûr, pour abandonner.


(1) cf. le remarquable article de Michel Rocard dans notre numéro de la semaine dernière
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Dernière mise à jour, il y a 9 minutes