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Blog : Sur l'Autre RiveLa débâcle totale de la Palestine
Vendredi dernier, avant son départ pour l'Europe, notre rédacteur en chef m'avait formellement interdit de me rendre à Gaza, expliquant sa décision par le
fait que l'état de l'offensive du Hamas me faisait prendre des risques démesurés. C'est donc, contrairement à mon habitude et à mes principes, que je vous livre mon commentaire sans avoir pu
constater les événements de mes yeux.
Je ne sais pas non plus quand je reverrai Gaza, Israël maintenant, depuis la prise de pouvoir islamique sur la bande, une isolation absolument étanche de ce
territoire ; en face, entre autres mesures de protection de leur régime, les fondamentalistes vont contrôler méticuleusement chaque individu désirant leur "rendre visite" et je n'ai que peu
de chances de traverser ce barrage.
Vendredi, j'étais frustré par la décision de Juffa à mon égard. Désormais, en dénombrant les débordements qui accompagnent la chute de Gaza, je pense qu'il
m'a probablement sauvé la vie.
Lorsque l'entourage et les media palestiniens favorables à Mahmoud Abbas se sont mis, la semaine dernière, à parler de tentative de coup d'Etat, j'avais
aussi trouvé l'expression inadaptée ; ne s'agissait-il pas d'une guerre civile qui s'inscrivait dans la durée ? Toutefois, en constatant la nature des combats qui ont conduit à la chute
de l'Autorité Palestinienne dans la bande méridionale de notre territoire, je pense, maintenant, qu'ils avaient raison.
C'est une force plus petite, mieux organisée, galvanisée par sa foi dans la révolution islamique globale, qui a vaincu quelque 14 000 fonctionnaires armés
corrompus, qui ont démontré, par leur débâcle, qu'ils avaient vécu au crochet financier de la communauté palestinienne et internationale, sans jamais avoir eu l'intention de se battre pour la
protection de leur peuple et de ses droits.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : environ 350 membres des forces de sécurité officielles sont morts durant les quatre jours de l'offensive terminale du
Hamas, bien que le bilan officiel, présenté par ce dernier, soit de 100 tués. Moins d'une centaine de présidentialistes sont tombés les armes à la main, les autres ont été massacrés à l'issue de
la bataille. Des milliers d'autres membres des ex-forces de sécurité ont disparu : certains ont fui par la frontière égyptienne, après que les centaines d'éléments qui la contrôlaient, côté
palestinien, eurent déserté en bloc vers le Sinaï. D'autres "combattants" sont toujours, ce samedi matin, réunis dans des îlots de sauvegarde ? on ne peut guère appeler cela de la résistance ? et
ils implorent, avec la Mukata de Ramallah et certaines chancelleries occidentales, les Israéliens de venir les "sauver par la mer". Quant aux Israéliens, ils ne montrent que peu d'empressement à
répondre à ces appels à l'aide, craignant de tomber dans les guets-apens des miliciens islamiques, qui les attendent autour des poches de concentrations des guerriers de plâtre du
Fatah.
Mais honte et désillusion : cent morts au combat pour 14 000 soldats ! 14 000 profiteurs, qui avaient englouti des fortunes, des années durant, en
soldes, équipement et entraînement. Ils n'ont pas combattu pour leur peuple, leur nation, leur président, ni même, pour leur propre vie.
Finies les après-midi à l'anglaise au Club d'équitation pour officiers de Gaza, avec la petite famille habillée sur son 31, qui jurait tant avec les
guenilles des gosses des camps. A la Sécurité Préventive, le fleuron des forces de l'AP, sur 1 500 hommes, cent se sont battus. Lors de la dernière bataille pour le contrôle de leur PC, une
trentaine sont morts, la plupart des autres s'étaient évaporés depuis longtemps. Il faut toutefois que vous sachiez, chers lecteurs, que cette unique Sécurité Préventive, armée, payée et
entraînée à l'occidentale, aurait pu, en termes militaires, si elle s'était battue, mettre en échec les 5 000 miliciens du Hamas. Mais elle ne s'est pas battue. Comme ne se sont pas battus les
éléments de la Garde Présidentielle, de la Force 17 et tous ces autres soldats de papier, présents à Gaza.
La bataille pour la prise de leurs positions dans toute la bande aura duré 24 heures, ils ont déguerpi comme des lapins en voyant s'approcher les islamistes.
Celle pour le PC de Dahlan-le-poltron (chef de la Sécurité préventive, Ndlr.), six heures.
Surtout, que personne ne vienne s'imaginer que les miliciens d'Hanya et de Mashal se sont comportés avec la moindre humanité suite à leur triomphe. Des mises
à mort particulièrement sauvages se sont multipliées, témoin ces gens, précipités vivants des étages supérieurs des buildings ; témoin l'assassinat de ce héros du Fath', Samir Madoun, dont
le corps supplicié a été montré dans tout Gaza-city' tiré par une corde attachée à sa jambe, derrière une jeep. Un imam avait auparavant signé une Fatwa, un décret religieux, autorisant les
cannibales du Hamas à prendre la vie de Madoun.
A l'heure d'écrire ces lignes, je reste sans nouvelles de dizaines de connaissances qui vivaient dans la bande, et je crains pour leur existence. Par
ailleurs, les débits de boissons alcoolisées ont tous été brûlés, de même que les cybercafés, considérés pas les intégristes, désormais au pouvoir, comme des succursales de Satan et de la
dépravation licencieuse. Les gérants et les propriétaires de ces commerces qui n'avaient pas fui à temps en Egypte ont été pris à parti.
A la lâcheté des vainqueurs a répondu la lâcheté des vaincus : les membres du Fatah en Cisjordanie se sont vengés contre des responsables et des
sympathisants connus des islamistes, allant parfois jusqu'à les exécuter.
Fin, fin de toutes illusions. Avec cette débâcle, Gaza et la Cisjordanie sont désormais totalement séparées, et non plus uniquement du point de vue
géographique. Le Hamas s'intéresse à la Djihad islamique, non à une solution avec Israël. Les partisans islamiques de Gaza, semblant inconscients de ce que leur survie dépend entièrement des
approvisionnements israéliens, sont occupés à piller le "palais du gouverneur". Des images télévisées les ont montrés débarrassant les villas gigantesques des tribuns de Abbas de toutes les
richesses qu'elles pouvaient contenir. Ils ont volé jusqu'aux tuiles des toits. Ce sont ces images qui font penser à une révolution.
Abou Mazen a déclaré l'état d'urgence, a dissout le gouvernement Hamas et a nommé un nouveau cabinet de gens respectables mais privés de tout pouvoir. Abou
Mazen, le marchand de vent.
Nous avions reçu Gaza pour commencer à y bâtir l'Etat de Palestine, et voyez ce que nous en avons fait ! Une prison pour islamistes heureux, oui, qui
s'est déjà vidée d'un bon tiers de ses habitants. Soyons cohérents : la chute de Gaza, l'exposition de l'immatérialité des barons du Fatah, la scission de Gaza et de la Cisjordanie mettent
un terme quasi définitif à la notion d'Etat palestinien. Un Etat mort avant d'avoir été. D'ailleurs, la plupart des habitants arabes de la berge occidentale du Jourdain souhaitent leur
intégration à Israël ? ce que cette dernière refuse ? voire au Royaume hachémite. Les incrédules se référeront aux sondages qui suivent, habituellement, mes articles de quelques
jours.
Israël, qui possède, depuis hier, un véritable ministre de la Défense en la personne d'Ehoud Barak, ne va rien tenter à Gaza tant que le Hamas respecte le
statu quo et sa trêve des tirs de roquettes contre le Néguev. Du point de vue stratégique, la victoire militaire du Hamas renforce aux yeux de l'Occident la nécessité de la présence d'Israël.
Quant à prétendre, comme le font plusieurs media arabes, que Jérusalem a favorisé la déroute du Fatah, c'est une énième contrevérité absolue qu'on peut ajouter à la liste de nos
délires.
Aujourd'hui, le peuple palestinien a perdu le contrôle de son destin national, et peut-être beaucoup plus que
cela : la légitimité morale de construire son Etat.
Le ministre des Affaires Etrangères saoudien, le prince Saud el-Fayçal, a résumé mieux que quiconque le nouvel état de
fait : « Aujourd'hui, les Palestiniens ont, de leurs propres mains, quasiment planté le dernier clou dans le cercueil de la cause palestinienne ».
Vrai, aujourd'hui, nous avons perdu notre statut d'hommes en voie d'émancipation pour reprendre nos haillons de réfugiés
à la merci des décisions des autres.
A cela, il ne faut chercher qu'un responsable : nous.
Sami El Soudi pour Metula News Agency
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