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Blog : Lettres d'Israel

Toutes les musiques de Jour de Sharav à Jérusalem, de Pierre I. Lurçat

Avec son livre si poétique, Pierre Itshak Lurçat nous offre toute une palette de couleurs d'émotions. Parfois, c'est la musique que l'on entend presque tant sa présence revient comme une nostalgie lancinante de ses années de jeunesse, mais aussi comme la résonance de son intégration en Israël.

Dans ce très beau recueil de nouvelles, plusieurs amours transparaissent au fil des pages. Outre l'amour de la ville de Jérusalem et de celui d'Israël, l'auteur partage avec le lecteur celui de la musique, qu'il offre à ses sens comme une ?uvre impressionniste, par touches successives. Même les cordes du pont sur la photo de Marc Israël Sellem peuvent nous faire penser à des cordes à piano.

Différentes musiques traversent les récits de Pierre Lurçat. La musique classique ouvre à l'auteur le chemin de la mémoire de ses émotions de jeunesse, tandis que les chansons modernes d'Israël accompagnent sa vie sur la Terre d'Israël. Enfin, d'autres musiques savent consoler, rendre joyeux ou apaiser l'âme des différents personnages de ces nouvelles.

L'auteur espère rompre avec son passé en renonçant à écouter de la musique classique. Il abandonne le piano, oublie même les vers appris par c'ur à Paris, Automne malade ou le pont Mirabeau d'Apollinaire et les ?uvres des compositeurs de musique classique, allemands ou russes.

Mais la musique a le pouvoir de raviver les souvenirs et les absences. Bien après son installation en Israël, dans « Chopin à Jérusalem », à l'écoute de la « grande valse brillante » il se demande où sont « passés ses rêves de jeunesse ». Au son d'un impromptu de Schubert, il retrouve ses souvenirs, en particulier celui de son professeur de piano, Mme Chargorovski. Les notes d'une valse de Chopin lui font éprouver « un sentiment de bonheur » ou de lointains souvenirs, comme à l'écoute d'une sonate de Beethoven (dans « Jour de Sharav » et dans « Célébrations d'automne »).

En Israël, il retrouve son amour pour la musique grâce à la prière. Le son du chofar lui évoque « un écho lointain de ses premières émotions musicales », et dans « le rabbin et le philosophe » il est sensible à « la musique des paroles de Torah ».

On n'échappe pas à son passé. Ainsi, dans « l'héritage de l'oncle Moshé », il découvre une « collection de disques de musique classique ». Moshé est même retrouvé « en train d'écouter un disque de musique classique ? les sonates pour piano et violoncelle de Rachmaninov interprétées par deux jeunes artistes scandinaves. »

La musique c'est la vie aussi et l'auteur relève tristement que David Gritz le jeune Français mort dans un attentat à Jérusalem en 2002 était un musicien.

D'autres musiques habitent sa vie nouvelle en Israël, des vieilles chansons sionistes ou des chansons modernes. On imagine facilement la musique orientale entendue à la radio dans les autobus de Jérusalem (dans « Chopin à Jérusalem ») ou, dans « la Bible et le fusil », lors de la prestation de serment militaire du fils de Leonid, au moment où passent dans les haut-parleurs les « chansons à la mode de chanteurs orientaux » ou celles, plus traditionnelles, d'Eretz-Israël.

La musique apporte la joie, elle soulage le c'ur et console. Il y a ainsi le joyeux « oncle Samuel » qui chante « à tue-tête des chansons tsiganes dans son taxi. » Dans « la journée d'un soldat », la musique « forte et joyeuse » des hassidim chasse le désespoir d'Alex, dû à des souffrances familiales, des blessures d'amour et des vexations subies à l'armée.

Finalement la musique fait le lien entre le passé et le présent pour Pierre Lurçat, comme pour les personnages de ses récits. Ainsi dans « Place Theodor Herzl à Paris », il entre dans le cabinet de son ami le Dr Schwarz (dont le père, déporté, avait brodé la draperie recouvrant le cercueil de Herzl lors de son transfert en Israël) et est « accueilli par une musique familière, la Première Symphonie de Gustav Mahler ».

Grâce à l'amour de la musique que Pierre Lurçat nous livre à travers ses belles phrases, je referme ce livre en pensant que l'harmonie entre le passé et le présent, entre son pays natal et Israël, vient d'abord de l'écoute de toutes ses musiques intérieures'

Julia Ser, Paris

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 15 minutes