Blog : Michelle Goldstein

L'Autriche peine à tourner la page de l'Anschluss A l'occasion des commémorations du 12 mars 1938, jour de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie (Anschluss), un discours d'Otto de Habsbourg crée la polémique à Vienne. Le fils du dernier empereur d'Autriche-Hongrie a minimisé le soutien des Autrichiens au régime nazi. Der Standard (Autriche) "Nous pensions que tout avait été dit sur l'Anschluss. Et l'ÖVP, le Parti populaire conservateur, a laissé Otto de Habsbourg, âgé de 95 ans, proférer de dangereuses inepties au Parlement à propos de cet événement de 1938", écrit Hans Rauscher. "Les Autrichiens sont en partie responsables de l'Anschluss, nul ne le conteste. Une des raisons en est que, si les dirigeants autrichiens de l'époque ont lutté contre les nazis, ils s'y sont pris de telle sorte qu'ils étaient assurés d'échouer. Le 'grand patriote' Dollfuss [alors chancelier] a détruit la démocratie et anéanti la social-démocratie, alors qu'il aurait eu besoin de s'appuyer dessus pour opposer une résistance efficace. [L'ex-chancelier Wolfgang] Schüssel a certes corrigé les propos [d'Otto de Habsbourg]. Mais le fait que les minimisations des Habsbourg (...) aient été accueillies par les rires et les applaudissements de l'ÖVP montre bien que la situation n'est pas clarifiée." Le Soir (Belgique) "L'Autriche, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, éprouve les pires difficultés à assumer le legs de cette période la plus sombre de son histoire. [Pour la commémoration de l'Anschluss], le gouvernement autrichien avait bien tenté, pourtant, de mettre l'accent sur la 'repentance' de tout un peuple pour sa collaboration active avec le IIIe Reich, et l'élimination de ses élites. Malgré ces bonnes intentions, le coeur, apparemment, n'y est pas", commente Maurin Picard, correspondant du quotidien à Vienne. "Est-ce parce que '60% des Autrichiens n'ont pas connu la guerre', comme l'a affirmé le maire de Vienne Michael Häupl ? Ou parce que l'évocation de ces heures sombres reste toujours pénible pour le plus grand nombre ? (...) Pour les autorités autrichiennes, régulièrement accusées de tarder dans l'indemnisation des victimes du nazisme ou de laisser s'éteindre dans leur lit des criminels de guerre avérés, le chemin vers la 'repentance' est encore long." Süddeutsche Zeitung (Allemagne) Michael Frank estime que l'Autriche bénéficie d'un regain de confiance qui lui permet d'affronter plus sereinement son passé : "On peut considérer que l'Autriche vient de finir le voyage qui fait d'elle une vraie nation. Deux autres éléments viennent conforter cette confiance récemment acquise par la petite république qui brille aujourd'hui de mille feux. Ses performances économiques, tout comme ses petits magasins spécialisés qui coexistent avec des chaînes de hard-discount, ont fait de l'Autriche l'un des pays les plus prospères. Avec, en toile de fond, l'appartenance à l'Union européenne. Bizarrement, l'Europe a mauvaise réputation auprès des Autrichiens, même s'ils lui doivent le fait d'être considérés en égaux par n'importe quel pays du monde. (...) Grâce à cette Union qui met tout le monde sur un pied d'égalité, la question allemande, ce poison, s'est dissipée, ainsi que l'impression que l'Autriche était trop petite et trop faible. Nous n'avons plus besoin de notre grand frère, que ce soit comme modèle ou incarnation de l'ennemi." 13/03/2008 11/03/2008 10/03/2008 07/03/2008