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Blog : Yonathan Arfi

Rien ne sert de se compter !

Il y a une fâcheuse tendance dans le monde juif à vouloir se compter... Et le plus souvent, quand on se compte en Diaspora, c'est pour aboutir au raisonnement suivant : "Nous sommes de moins en moins nombreux dans un environnement de plus en plus hostile. L'assimilation fait des ravages. Le monde juif n'a d'avenir qu'en Israël." CQFD. Le plus souvent, ce discours est renforcé des chiffres issus des grandes études sur les Juifs de France : 1988 - environ 700 000 Juifs. 2002 (étude menée par Erik Cohen) - environ 500 000 Juifs en France. Nous voilà donc promis à la disparition, engloutis par les affres de l'assimilation... :) J'ai toujours émis quelques réserves face à ces chiffres : ma première réserve porte sur les méthodes choisies pour chacune de ces études, la seconde sur l'instrumentalisation de ces chiffres. La méthode de recensement a en effet évolué : l'étude de 1988 s'était appuyée sur un sondage téléphonique où l'on avait demandé aux sondés, je crois, "De quelle religion vous sentez-vous le plus proche'". En 2002, Erik Cohen a utilisé une méthode patronymique. Comment a t'il trouvé son résultat de 500 000 Juifs en France ? Il a en fait utilisé comme base de départ la liste des donateurs de l'Appel Unifié Juif de France, puis en a extrait les 20 racines patronymiques les plus courantes (avec leurs dérivés). Ces 20 racines patronymiques représentaient environ 17% de la liste de l'AUJF. Il a ensuite compté le nombre de personnes dans l'annuaire des principaux départements qui portaient un de ces noms et en a déduit le nombre de Juifs du département. A mes yeux, le simple changement de méthode entre les deux études devrait nous inciter à ne faire aucune comparaison entre les deux chiffres. C'est une question d'honnêteté scientifique. Ensuite, je pense que la méthode choisie par Erik Cohen sous-estime mécaniquement le nombre de Juifs. Première raison : sa méthode ne comporte pas de correction en fonction du nombre de personnes qui sont sur liste rouge. Hors, il y a fort à parier que la proportion de Juifs sur liste rouge est plus importante que dans le reste de la population. Il aurait pu au moins corriger du chiffre de la proportion de listes rouges au niveau national. Il ne l'a pas fait. D'où une sous-estimation mécanique. Deuxième écueil : la méthode patronymique à partir du fichier de l'AUJF part du principe que tous les tous les Juifs de France ont un rapport similaire à l'AUJF. Hors, peut-être que certaines catégories de population (les personnes aux patronymes ashkénazes' ou d'autres types de noms) sont moins représentées dans la liste des donateurs car ayant un rapport plus lointain avec la communauté. Ou de la même manière des patronymes que l'on retrouve plus souvent dans certaines catégories plus paupérisées, moins enclines à faire des dons à l'AUJF.... Bref, il me semble que ce chiffre de 2002 est très attaquable, alors que, par ailleurs, l'étude qualitative qui l'accompagne est, elle, remarquable. Ma conviction est qu'il est très difficile de compter les Juifs autrement que sur le mode déclaratif. Tout en restant aléatoire. Le récent sondage de l'hebdomadaire La Vie (publié le 1er mars) arrive ainsi au chiffre de 0,6% de juifs en France soit... 350 000 personnes. Il apparaît ainsi clairement que tous ces chiffres sont assez peu crédibles. Par ailleurs, il est très difficile d'évaluer les conséquences des mariages mixtes : une récente étude de l'Université Brandeis aux Etats-Unis a ainsi conclu qu'il y avait plutôt 7 millions que 5,2 millions de Juifs aux Etats-Unis. L'American Jewish Committee a également revu ses estimations à la hausse. Toutes les études précédentes sous-estimaient en effet les enfants de mariage mixte, qui reste plus souvent que ce que l'on croyait dans la communauté juive. Bref, les estimations ont surtout de l'importance sur la manière dont se perçoit la Diaspora. Le discours du déclin numérique est souvent associé au discours sioniste de "l'alyah ou la fin du peuple juif". Je ne nie pas les difficultés de la vie juive en Diaspora, mais considère qu'il y a un sens historique et philosophique à être juif en Diaspora et que la pérennité juive en Diaspora n'est menacée que par le manque confiance dans son propre destin. Il y a de nombreuses bonnes raisons de choisir de vivre en Israël. Comme il y en a de bonnes de choisir d'être Juif en Diaspora. Ne laissons pas la vie en Diaspora être délégitimée par des chiffres contestables... La pérennité juive, puisque c'est cela dont on parle, s'évalue, hors période de menace physique existentielle, à la vitalité de la vie juive : or, la vie juive en France est plus riche que jamais, quand on regarde le nombre d'enfants en école juive, le nombre de restaurants cachers, de synagogues, de publications ou d'événements sur des thèmes juifs... Pas besoin donc de savoir combien l'on est pour être un juif vivant. Et c'est là la principale garantie de la pérennité de la vie juive.
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 49 minutes