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Blog : Michelle Goldstein

"Ce n'est pas un vieux mur quelconque, c'est le mur du ghetto"

"Ce n'est pas un vieux mur quelconque, c'est le mur du ghetto" - © Michelle Goldstein
"Ce n'est pas un vieux mur quelconque, c'est le mur du ghetto" Depuis trois décennies, Mieczyslaw Jedruszczak veille sur les derniers vestiges du mur du ghetto de Varsovie, dans lequel les nazis ont enfermé les 450.000 juifs de la capitale polonaise entre 1940 et 1943.

"Ce n'est pas un vieux mur quelconque", explique le vieil homme en passant la main sur un morceau de muraille de briques rouges, située juste à côté de son appartement de rez-de-chaussée. "Ce mur était quelque chose de réel, c'était le mur du ghetto, derrière, les gens mouraient de faim", dit-il.

Agé de maintenant 87 ans, Jedruszczak a déménagé là en janvier 1950. C'était alors un quartier en ruines. Ce n'est que par hasard que cet ancien graveur, non juif, a consacré toute sa retraite à la préservation du mur.

Démolition
A la fin des années 1970, la mairie démolit un pan de mur dans la cour de son immeuble afin de faciliter l'accès à la rue. Les ivrognes du coin en profitèrent pour s'y donner rendez-vous. Quand la municipalité voulut abattre un autre pan, Jedruszczak a tenté de l'en empêcher, une rude tâche dans la Pologne communiste où l'Etat était tout puissant.

Enceinte du ghetto
En étudiant des cartes de la ville, il réalisa que le mur menacé constituait une partie de l'enceinte du ghetto entre novembre 1940 et novembre 1941, date à laquelle les nazis ont réduit encore l'espace dévolu aux juifs. "Je leur ai dit Nous ne pouvons pas toucher à cela", se souvient-il.

Erigé par les nazis
La muraille érigée par les nazis mesurait à peu près trois mètres de haut et était surmontée de morceaux de verre brisé. L'enceinte était parfois formée par les murs extérieurs des immeubles. Après avoir sauvé les 38 derniers mètres du mur de la démolition, Mieczyslaw Jedruszczak entama un long combat pour le préserver. "J'ai le caractère un peu obstiné. Une fois que je suis lancé, il n'y a pas moyen de m'arrêter", dit-il.

Armé de ténacité, de ciment et de peinture rouge, il a consolidé le mur, colmaté les joints et marqué d'une ligne les pans disparus dans sa cour. Plus récemment, il a remplacé une partie de la ligne rouge par des pavés scellés au sol. Il a aussi parcouru à pied dans tous les sens les rues de l'ancien ghetto, dont l'agencement a été en partie changé.

Après avoir exterminé la plupart des juifs de la ville, les nazis ont tout rasé en 1943. Après la guerre, les communistes y ont construit des logements sociaux grisâtres. Mieczyslaw Jedruszczak connaît tous les vestiges de l'histoire disparue du quartier. Ignoré du temps du communisme, son travail a été reconnu après la chute de la dictature en 1989. Le vieil homme a été aussi distingué par le Mémorial de l'Holocauste de Yad Vashem en Israël.

"Je ne me serais probablement pas autant intéressé à cette histoire si le ghetto n'avait pas été là juste devant mon nez", avoue-t-il.
Quand on le presse un peu plus, il reconnaît que sa propre histoire l'a sensibilisé au tragique destin des juifs de Varsovie. "Je sais ce que c'est que la faim", dit-il.

Résistant
Combattant dans la résistance non communiste dans la région de Lublin, Mieczyslaw Jedruszczak a été arrêté en 1944 par l'Armée rouge soviétique, comme des milliers d'autres résistants polonais. Il a survécu trois ans dans un camp de détention en URSS. Il se souvient aussi de son ami d'enfance à Varsovie, Szymon Goldfarb, le fils d'un boucher cachère, dont il n'a jamais pu connaître le destin. "Quand j'ai été libéré du camp, j'ai essayé de le retrouver, mais je n'ai pas pu", dit-il. (belga/7sur7)

Et aussi
Que reste-t-il de l'ancien ghetto de Varsovie ? if (document.getElementById('surTitre615220').innerHTML == "") document.getElementById('surTitre615220').style.display = "none"; cacheNePasAfficher('615220');
Une photo prise en avril 1943, quelques jours après le soulèvement du ghetto de Varsovie. : Archives AFP
OAS_AD('Position1'); cachePubVide('pubDetailArt'); Demain, sera célébré le 65e anniversaire de l'insurrection du ghetto de Varsovie, où quelques centaines de juifs prirent les armes contre les nazis. Aujourd'hui, peu de traces subsistent de ce quartier, rasé et incendié en mai 1943. VARSOVIE (correspondance). Les paroles résonnent comme une incantation à la prière mais la voix ne parvient pas à couvrir le bruit des tramways et des voitures qui passent. « Pourquoi les juifs se sont-ils laissé emmener à Treblinka ? », s'écrie le rabbin. Une quarantaine de jeunes filles écoutent attentivement, assises tout autour de l'Umschlagplatz, cet endroit du ghetto où étaient rassemblés les juifs avant d'être conduits à Treblinka, camp d'extermination, à 100 km de là, pour y être aussitôt gazés.

« Il y avait deux manières de résister : par les armes et par l'esprit, c'est-à-dire en allant dignement à la mort, expliquera plus tard le rabbin. Les nazis étaient opposés à ce qu'est l'être humain ; face à cela, la meilleure résistance était de montrer que l'homme est divin. » Son auditoire est composé de jeunes Américaines. Elles étudient dans une yeshiva (centre d'étude religieux) à Jérusalem : comme de nombreux groupes juifs, elles sont venues se recueillir devant le peu de traces restant du ghetto de Varsovie.

En 1940, les nazis enferment 450 000 juifs dans une enceinte de 4,2 km et érigent des murs de briques, de 3 à 6 mètres de haut, tout autour. Les trois-quarts des juifs sont envoyés à Treblinka à l'été 1942. Le 19 avril 1943, alors que les Allemands veulent liquider le ghetto, quelques centaines de juifs armés se soulèvent. La réponse est immédiate : le quartier est entièrement rasé et incendié. Le 16 mai, le général SS Jürgen Stroop à la tête de l'opération fait sauter la plus grande synagogue de Varsovie. « Le quartier juif de Varsovie n'existe plus », écrit-il à Hitler.

Aujourd'hui, sur l'emplacement de cette grande synagogue s'élève une tour de bureaux. Jouxtant le bâtiment, l'Institut historique juif où, pendant la guerre, l'historien Emanuel Ringelblum constitua les archives clandestines du ghetto pour garder la mémoire de ce qui se passait et dont les Allemands ne voulaient laisser aucune trace. Dans le bureau du directeur de la documentation, Jan Jagielski, les étagères débordent de classeurs volumineux : les photos de tout ce qui a un rapport avec la communauté juive d'avant-guerre sont ici conservées. Jagielski déplie une carte du ghetto. Une quarantaine de bâtiments colorés en violet : c'est tout ce qu'il en reste aujourd'hui.

Parmi ces vestiges, un morceau de mur du ghetto, à 1,5 km au sud, au milieu d'une résidence privée. Les quelques mètres de briques ont été conservés grâce à l'un des habitants, Mieczyslaw Jedruszczak, dont le bout de jardin proprement entretenu se trouve au pied du mur. « Ce mur fait partie de l'Histoire. Il faut savoir ce qui s'est passé. Une nation sans connaissance de soi cesse d'être une nation », dit-il. Quand les autorités communistes ont voulu détruire le pan de mur, en 1978, Mieczyslaw a passé son temps à échanger des lettres avec une administration obtuse. Il a aujourd'hui 87 ans. « Moi je vais mourir mais ce mur restera. »
Feliks Tych, lui, se souvient d'un élément qui a complètement disparu : le manège de la place Krasinski, dans la partie dite « aryenne » de Varsovie, à quelques mètres du mur. Jeune juif alors âgé de 14 ans, il vit sous une fausse identité à l'extérieur du ghetto. « Quand l'insurrection éclate, le ghetto est couvert de fumée, on entend les hommes tirer. Et les gens tournent sur le manège juste à côté... C'était profondément choquant. » La scène a été décrite à plusieurs reprises dans la littérature polonaise. « Heureusement, dit Feliks Tych, sinon j'aurais pu croire que je l'avais imaginée tant elle est niée par certains Varsoviens. » Le manège est devenu une métaphore de l'attitude des Polonais pendant la guerre...

A 500 m de là, dans le dernier carré de résistance aux nazis, se trouve aujourd'hui la place des Héros du Ghetto, sur lequel un projet de musée juif doit voir le jour d'ici à deux ans. Dans les rues alentour, quelques blocs de granit rendent hommage aux insurgés. Le quartier est légèrement surélevé par rapport au reste de la ville : les immeubles ont été bâtis à la va-vite, après la guerre, sur les débris même du ghetto. Marek Edelman est aujourd'hui parmi les tout derniers survivants de cette insurrection. « Nous ne voulions pas passer pour des sous-hommes, donc nous avons tiré », dit le vieil homme, fatigué de témoigner.

L'insurrection a duré à peine trois semaines. 7 000 juifs y ont trouvé la mort. Seule une quarantaine de combattants réussirent à s'échapper. Plusieurs d'entre eux sont morts avant la fin de la guerre dans d'autres combats contre le régime nazi. Ayant survécu, Marek Edelman est le seul à avoir choisi de rester vivre à Varsovie. Demain, à l'ambassade de France de Varsovie, il recevra la Légion d'honneur.

Amélie POINSSOT.
SOURCE
Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 1 minute