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Blog : Torah-Box

L'écho de la Haftara Chemot

L'écho de la Haftara Chemot - © Torah-Box

La Haftara de cette semaine, selon la coutume séfarade, constitue l’ouverture du livre de Jérémie. Comme chacun le sait, ce dernier occupe une place particulière dans notre tradition et incarne à bien des égards la figure type du prophète. Son nom est tout un symbole à la fois pour le peuple Juif mais aussi pour les nations.

Cette Haftara nous rappelle justement l’origine du prophète Jérémie, et notamment la lignée prestigieuse dont il est issu, celle des Cohanim, et son père ‘Hilkiyahou était même Cohen Gadol. Nos Sages nous rappellent que notre texte mentionne cette ascendance vertueuse de Jérémie afin de mettre un terme à ceux qui n’évoquaient que son lien avec son ancêtre Ra’hav (la « courtisane », aubergiste), qui avait sauvé les explorateurs envoyés par Josué avant d’épouser ce dernier, en faisant une Téchouva exemplaire.

Il y aurait beaucoup à dire au sujet de Jérémie, notamment au niveau de sa vie mouvementée confrontée au mépris de ses contemporains et à des épreuves particulièrement difficiles. Nous aurons, avec l’aide d’Hachem, l’occasion d’y revenir lors des prochaines Haftarot. Mais intéressons-nous cette semaine au destin extraordinaire de Jérémie, né véritablement pour être prophète.

C’est ainsi que l’exprime notre texte lorsqu’il évoque sa prédestination par D.ieu, avant même sa naissance, à porter la parole de D.ieu : « Avant que Je t'eusse formé dans le sein de ta mère, Je te connaissais ; avant que tu fusses sorti de ses entrailles, Je t'avais consacré, Je t'avais désigné comme prophète des nations. » (Jérémie, 1 ,5)

Cet aspect extraordinaire de la vie de Jérémie est renforcé par le fait qu’il serait né circoncis, à l’image de quelques autres rares Tsadikim du peuple Juif. Sa naissance aurait ainsi donné lieu à plusieurs miracles : notamment, des paroles seraient sorties de sa bouche comme s’il était un jeune homme, et même des admonestations à l’endroit du peuple, nous dit un Midrach.

Mentionnons également que Jérémie a prophétisé à la même époque que deux autres prophètes. Alors que ce dernier prophétisait au sein du peuple dans les marchés et les places publiques, Tséfania se rendait davantage dans les synagogues pour délivrer son message, tandis que la prophétesse ‘Houlda admonestait les femmes.
 

Liens entre la Haftara et la Paracha

La Paracha et la Haftara de cette semaine sont marquées par l’apparition de deux personnages aux destins extraordinaires : Moché d’une part, et Jérémie d’autre part. Tous deux vont d’abord décliner l’invitation qui leur est faite de jouer un rôle de premier plan dans l’histoire juive, en invoquant des arguments similaires. Moché objecte : « Je ne suis pas un homme de paroles », alors que Jérémie dit : « Je ne sais pas comment parler ». Ces premiers arguments sont repoussés par Hachem Qui les assure de Son aide dans l’accomplissement de leur mission. Il leur rappelle également à tous deux que c’est Lui qui met la parole dans la bouche de l’homme.

La naissance de Moché et Jérémie est perçue à chaque fois comme un évènement extraordinaire : la maison des parents de Moché s’emplit de lumière et de bonheur devant ce bébé né déjà circoncis et promis à devenir le plus grand prophète d’Israël ; de même, Jérémie naît aussi circoncis et D.ieu le prédestine à sa mission prophétique avant sa naissance, comme nous l’avons vu.

D’autres points communs peuvent être relevés entre les figures de Moché et Jérémie. Tout d’abord, la même durée de 40 ans pour leur mission. Ensuite, ils durent affronter une opposition interne parfois violente et furent amenés à adresser de sévères reproches à leurs contemporains. Enfin, tous deux durent leur survie à un sauvetage miraculeux : par le Nil pour Moché par l’intermédiaire de Bitya, et par un puits profond pour Jérémie grâce à l’entremise de son fidèle serviteur Baroukh ben Néria.

Mentionnons également que Moché et Jérémie semblent passer rapidement de la petite enfance à l’état de jeune homme ou « Naar » en hébreu. Notre Paracha qualifie ainsi Moché de Naar alors qu’il n’est qu’un enfant : « Elle l'ouvrit (le panier), elle y vit l'enfant : c'était un garçon (Naar) vagissant » (Exode, 2,6) ; de même, comme nous l’avons vu, un Midrach nous enseigne qu’à peine Jérémie était-il né qu’il s’exprimait déjà tel un jeune homme (Yalkout Chimoni).

Enfin, notre Haftara s’achève sur un passage poétique où Hachem assure au peuple Juif qu’il viendra à son secours en souvenir notamment des périodes de « fiançailles », et de la jeunesse du peuple Juif où il a suivi Hachem avec confiance lorsqu’Il le mena dans le désert. La Paracha, elle-même, décrit ce secours miraculeux accordé par Hachem au peuple Juif en souvenir notamment de ses ancêtres.
 

L’écho de la Haftara

Il est significatif que ce dernier verset de la Haftara soit également récité lors de nos prières de Roch Hachana. Rappelons le explicitement : « Ainsi parle l'Eternel : Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu Me suivais dans le désert, dans une région inculte. » (Jérémie, 2-2)

La prière du Moussaf de Roch Hachana est effectivement très particulière dans la mesure où elle invite l’homme à réciter des versets tirés de la Torah, des prophètes, ou des Hagiographes, relatifs d’abord à la royauté d’Hachem que nous célébrons ce jour-là (Malkhouyot), au souvenir d’Hachem à l’égard du peuple (Zikhronot), et enfin au son du Chofar et sa dimension libératrice (Chofarot).

Ce verset de Jérémie fait donc partie des versets relatifs au souvenir. Il est intéressant de noter que notre Paracha a aussi fourni à cette même Téfila (prière) de Moussaf de Roch Hachana un des versets de la Torah relatifs au souvenir : « Le Seigneur entendit leurs soupirs et Il se ressouvint de son alliance avec Avraham, avec Its’hak, avec Yaakov » (Exode, 2-24)

Pourquoi notre tradition nous a-t-elle demandé de réciter différents versets en ce jour du jugement ? Tout se passe comme si, ce jour-là, l’homme n’était plus capable de s’adresser à Hachem de la même manière que les autres jours de l’année. Il faudrait donc changer et adapter les règles traditionnelles de la Téfila, de la prière.

Et, de fait, au jour du jugement où chaque homme passe devant Hachem, qui peut trouver la force de rester debout face à Hachem et de s’adresser à Lui comme les autres jours de l’année ? Voilà pourquoi Hachem nous a confié un secret susceptible de nous aider à traverser ce jour-là avec apaisement et de manière adéquate.

« Imrou Léfanaï Bé-Roch Hachana Malkhouyot, Zikhronot Vé-Chofarot », Dites devant Moi des versets de Royauté, du Souvenir, et du Chofar, nous enseigne nos Sages dans le traité Roch Hachana. Il suffit donc que nous prononcions certains versets pour nous placer dans l’état d’esprit qu’Hachem attend de nous au moment de la Téfila.

Nous pouvons comprendre les versets relatifs à la royauté d’Hachem puisque le jour de Roch Hachana consacre cette royauté, de même pour les versets relatifs au Chofar qui est la Mitsva essentielle de ce jour. Mais que signifient les versets relatifs au souvenir ?

La notion de « Zikhron », souvenir, est un principe récurrent dans notre tradition, et il importe de ne pas se méprendre sur sa signification. Il ne s’agit pas de « commémorer » un évènement passé qui appartient à l’histoire, mais au contraire d’actualiser cet évènement, de s’inscrire dans sa continuité spirituelle, de recevoir à nouveau le flux de bénédictions et de sainteté dont cet évènement est porteur. A travers le souvenir, l’homme est invité à s’inscrire dans une continuité, dans une « durée », et non dans un temps isolé. Il s’agit en quelque sorte de vivre le moment présent dans la continuité d’un évènement fondateur passé, tout en se projetant vers l’avenir.

Nous pourrions peut-être voir une allusion à cette approche dans la graphie même de la racine « Zékher » (souvenir) qui semble indiquer que pour être solidement ancré dans le présent (à l’image de la lettre Khaf), il faut se souvenir de son passé (à l’image de la lettre Zaïn légèrement incliné vers la droite), tout en se projetant vers l’avenir (à l’image de la lettre Rèch, ouverte vers la gauche).

Ces éléments permettent d’appréhender cette notion de souvenir d’une nouvelle manière et de prendre la mesure de la démarche dans laquelle Hachem veut nous placer, au commencement de ce nouveau livre de Chémot.

Ce deuxième livre de la Torah va nous mener de l’esclavage à la libération miraculeuse, d’une famille de descendants de Jacob à la constitution du peuple Juif, en passant par une expérience spirituelle extraordinaire : le don de la Torah.

Il s’agit d’évènements fondateurs qui sont vécus à l’échelle du peuple Juif et vont contribuer à forger l’ossature éternelle du peuple Juif. Mais, à bien d’autres échelles, ils peuvent être vécus par chaque homme au cours de sa vie. Et, à tout le moins, ces idéaux de libération, de grandeur spirituelle, d’arrachement à une servitude oppressante peuvent être l’ambition de tous les hommes à différents niveaux.

Hachem, à travers le prophète Jérémie, nous livre ici probablement un des leviers susceptibles de nous aider à y parvenir. Loin de compter sur ses seules forces, l’homme est invité à se replacer dans la chaine historique à laquelle il appartient, et à se souvenir que ce que les mérites des pères ont réussi à faire par le passé, peut se renouveler aujourd’hui. L’homme n’est pas seul. Les mérites des générations antérieures l’accompagnent et le soutiennent, aussi bien à Roch Hachana que chaque jour de l’année, et lui permettent de porter ses ambitions spirituelles le plus haut possible.

N’oublions pas que cette grâce qui traverse les siècles et les générations, nous la devons à une chose : l’amour que porte Hachem à chacun de Ses enfants, se souvenant de notre enfance commune avec une infinie tendresse. Ce souvenir qui ne quitte pas les yeux d’Hachem nous oblige à essayer de donner le meilleur de nous-mêmes.

Relisons ces versets à nouveau et la promesse de protection qu’ils renferment : « Ainsi parle l'Eternel : Je te garde le souvenir de l'affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu Me suivais dans le désert, dans une région inculte. lsraël est une chose sainte, appartenant à l'Eternel, les prémices de sa récolte : ceux qui en font leur nourriture sont en faute ; il leur arrivera malheur, dit l'Eternel. » (Jérémie, 2, 2-3)

Puisse Hachem nous aider à retrouver rapidement la proximité du temps de nos fiançailles selon la si belle expression du prophète, et nous donner le mérite d’accueillir rapidement notre Libérateur.

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 55 minutes