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Blog : Michelle Goldstein

Il était temps. - les dernières nouvelles de l'AJCF, Amitié Judéo-Chrétienne de France

Il était temps. - les dernières nouvelles de l'AJCF, Amitié Judéo-Chrétienne de France - © Michelle Goldstein
Il était temps. - les dernières nouvelles de l'AJCF, Amitié Judéo-Chrétienne de France:

Il était temps.

Éditorial de Après Auschwitz, mars 2008, n° 305, bulletin de l'UDA, Union des déportés d'Auschwitz, par Raphaël Esrail, Secrétaire Général de l'UDA

Publié avec l'accord de l'UDA et de l'auteur.

A Auschwitz, la vie et la mort se tutoyaient, se jouant de notre être au gré de la volonté des Nazis, de la fatalité ou du hasard.
Ce qui se passait alors, à quelques centaines de kilomètres d'Auschwitz, pour les Juifs d'Ukraine était semblable et différent. Après avoir parcouru l'exposition « La Shoah par balles » au Mémorial, après avoir entendu le Père Patrick Desbois et lu son ouvrage, « Porteur de mémoires . Sur les traces de la Shoah par balles » (Paris, Michel Lafon, 2007) : l'esprit ne peut demeurer au repos. Sa qualité de prêtre a facilité et même permis au Père Desbois d'approcher et de recueillir dans les villages ukrainiens le témoignage d'hommes et de femmes sur « l'autre Shoah ». Enfants ou adolescents à l'époque, ils ont assisté de près aux tueries organisées par les Einsatzgruppen.
Aujourd'hui âgés, ces témoins n'avaient jamais été sollicités pour raconter le passé. Grâce à leurs souvenirs, le Père Desbois a été en mesure d'identifier des centaines de fosses communes et de reconstituer les faits. Les Allemands avaient mis au point un scénario qui a été appliqué à la lettre. Ravitaillées par la Wehrmacht, les colonnes d'Einsatzgruppen agissaient sur leurs arrières. Après avoir préalablement « ciblé » un village, évalué la population juive, ils arrivaient, regroupaient les Juifs avant de les tuer.

La plupart du temps les Juifs eux mêmes durent creuser les fosses au fond desquelles ils furent fusillés après s'être dévêtus. Ils furent exécutés rangée après rangée, puis chacune d'elles était recouverte d'un peu de sable ou de terre, par de jeunes Ukrainiennes ou des enfants réquisitionnés pour effectuer ces horribles besognes.
Par mesure d'économie, une seule balle devait être tirée par personne : un Juif, une balle. Beaucoup furent ensevelis encore vivants. Plus d'un million d'hommes de femmes et d'enfants furent ainsi anéantis.
A la différence de l'assassinat dans les chambres à gaz à Auschwitz Birkenau, les Einsatzgruppen ne firent aucune sélection. Tous les Juifs sans la moindre exception furent exterminés. Les témoignages concordants se recoupent et les preuves matérielles sont nombreuses : les fosses par centaines, les douilles de balles, les perforations des ossements retrouvés.

Toutes ces preuves, jointes aux documents d'archives seront-elles de nature à faire taire définitivement les négationnistes ? Reconnaîtrons-ils la barbarie nazie en Ukraine tout en niant celle de Sobibor, Belzec, Treblinka, Chelmno, Maidanek, Auschwitz ? Birkenau ?
Le Père Desbois rapporte, par ailleurs, qu'en ce moment, une Fondation privée allemande a pris l'initiative d'offrir une sépulture décente aux seuls anciens soldats de la Wehrmacht, de la Waffen SS ou de la SS tués en Ukraine.
Décidément la solitude ancestrale des Juifs demeure jusque dans la nuit des cimetières.

Dans les confins oubliés de l'Europe, les Juifs furent ensevelis comme des bêtes. Le Père Desbois a été sollicité dans plusieurs pays européens pour connaître cette enquête minutieuse qu'il mène avec une équipe. Partout en Europe, la presse a volontiers relayé leur travail, partout, sauf en Allemagne.

Pourquoi ce silence ? Les Allemands d'aujourd'hui sont-ils las et honteux d'affronter leur passé avec lucidité, qu'ils en détournent volontairement leur regard ?
Cette cécité apparente de l'Allemagne est pour nous choquante , voire indécente. Les Allemands d'après guerre nous avaient habitués à assumer leur histoire.
Amis Allemands, l'éloignement du passé ne peut marquer du sceau de l'oubli les crimes du régime hitlérien et aujourd'hui évacuer les responsabilités. A vos yeux, les hommes redeviendraient-ils inégaux ?
Un prête seul a permis de mieux lire l'histoire de la Shoah, merci à lui. Il était temps.


Raphaël Esrail était un jeune étudiant lyonnais. Il a été arrêté à 18 ans à Lyon comme résistant, par l'équipe de Francis André dit "Gueule Tordue", agissant avec l'équipe de Barbie. Il a été torturé puis envoyé à la prison Montluc. Reconnu juif, il a été dirigé sur Drancy, puis déporté à Auschwitz en février 1944, jusqu'au 18 janvier 1945 date à laquelle a commencé "la marche de la mort" qui l'a conduit au camp de Gross Rosen puis celui de Dachau et au Valt Lager. Il est libéré le 1er mai 1945. Il a repris ses études en octobre 1945 à l'Ecole Centrale de Lyon. Il est aujourd'hui secrétaire général de l'Union des Déportés d'Auschwitz (association qui regroupe environ 80% des déportés victimes de la Shoah vivant en France) et vice-président du Comité International d'Auschwitz.

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 12 minutes