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Blog : Alain Azria

PORTRAIT ARCADI GAYDAMAK

 

 

 

e suis un homme étrange", déclarait-il en 2000. Sept ans après, l'"étrange" Arcadi Gaydamak est toujours autant sollicité. Aujourd'hui, à peine arrivé dans ce grand hôtel de Tel-Aviv, l'homme que certains Israéliens appellent "melech" (le roi) est immédiatement entouré. Avant d'arriver, il nous avait prévenu : "Vous allez voir, ils vont tous se précipiter." Ce fut le cas. Alors le voilà qui écoute les quémandeurs et promet de se pencher sur les requêtes. Le voilà donc, ce milliardaire d'origine russe qui se définit lui-même comme "l'homme le plus populaire d'Israël". //
Cette popularité, réelle, il l'a construite pas à pas, jusqu'à devenir, dit-il, la personnalité "la plus citée dans les médias". Lundi 9 juillet, le milliardaire a décidé de mettre cette célébrité au service de ses ambitions. Les premières assises de son parti, baptisé "Justice sociale", devraient se tenir jeudi 12 juillet à Jérusalem.

La popularité d'Arcadi Gaydamak est montée au zénith en 2006 lorsqu'il a décidé de devenir le philanthrope numéro un d'Israël. Il s'est découvert une "âme de bienfaiteur" lors de la guerre des 33 jours, au Liban, pendant l'été 2006. Estimant que l'Etat ne remplissait pas ses devoirs, il s'est proposé d'accueillir dans des camps de vacances les réfugiés de Galilée qui fuyaient les roquettes Katioucha du Hezbollah. L'opération ayant particulièrement bien marché, il a décidé de la renouveler chaque fois que nécessaire. Et d'abord pour venir en aide à la population de Sdérot, ville frontalière de la bande de Gaza et cible des tirs du Hamas.

Au printemps, pour la deuxième fois en moins d'un an, il a donc affrété des autobus pour évacuer les habitants, loué des chambres d'hôtel pour les accueillir et installé, à ses frais, des camps de tentes pour offrir un toit à ceux qui ne supportaient plus de vivre sous la menace.

L'"Ange d'Israël", ainsi baptisé par les bénéficiaires de ses largesses, estime qu'il ne s'agit là que de "l'expression de la tradition juive de solidarité. Apporter aide et soutien à ceux qui en ont besoin : c'est comme cela que nous avons survécu pendant des millénaires". "Nos dirigeants sont irresponsables", poursuit-il. "Le gouvernement est incapable de protéger ses citoyens. Que va-t-il se passer lorsque des bombes tomberont sur Ashkelon, Ashdod ou Tel-Aviv ?" Gaydamak se veut l'"homme-providence". Il sait utiliser tous les événements pour faire parler de lui. Il organise des barbecues géants à l'occasion du Nouvel An juif ou de la fête nationale. Son nom est sur toutes les lèvres. Pour quel bénéfice ? Voilà la question.

Il avoue presque timidement avoir récemment décidé de devenir "un homme public". Pas un politicien, car "c'est artificiel". Lui, il est "un homme de la vie réelle". S'il le voulait, dit-il, il pourrait obtenir 40 députés sur 120 à la Knesset (Parlement). Il veut créer le bien-être social. Il est persuadé que c'est la seule manière de résoudre les crises. "La prospérité économique permettra d'éliminer les tensions et de réconcilier Juifs et Arabes. Les extrémismes naissent du désespoir." Les problèmes politiques, la création d'un Etat palestinien, la tension à Gaza, tout sera réglé par le développement. "Regardez en Russie, lance-t-il, depuis qu'il n'y a plus d'idéologie, il n'y a plus de confrontation. Ce qui compte, c'est le consumérisme. Tout le monde doit faire de l'argent."

Mais comment fait-on "de l'argent" ? Comment Arcadi Gaydamak est-il devenu si riche ? Né au centre de Moscou, ancien membre des Jeunesses communistes, il débarque en Israël à 20 ans, profitant de la "loi du retour", et travaille dans un kibboutz. Deux mois plus tard, il part en France. Traducteur-interprète, son parcours se perd ensuite dans les méandres des affaires. Gaydamak se définit d'abord comme un homme d'affaires international. "Lorsque vous êtes né dans un village, vous n'avez que les opportunités que vous offre ce village. Moi, je suis un homme du monde et je saisis les opportunités au niveau mondial." Pour ce faire, il a beaucoup voyagé, s'établissant à Londres, à Paris, à Moscou. Il refuse de dire s'il est riche : "C'est un mot que je n'utilise pas, comme celui de "pauvre" d'ailleurs."

Le secret de sa réussite ? "Il n'y en a pas. Il faut avoir de la dignité. Les gens qui gagnent de l'argent ont l'esprit de dignité plus développé que les autres." Comment ça ? "L'argent vous procure une défense contre l'humiliation. L'argent vous protège." Et d'expliquer que lorsque l'on n'a plus envie de prendre le bus, on s'achète une voiture. Que lorsqu'on ne veut plus prendre les avions de ligne, on s'achète un jet privé. "Mon objectif, c'est d'être libre, ne plus subir d'humiliation." Tel serait le moteur d'Arcadi Gaydamak. Souvent accusé de collusions mafieuses, de trafic d'armes, ce karatéka de 55 ans balaie ces "médisances" d'un revers de main.

Soupçonné de blanchiment d'argent en Israël, il affirme que c'est "une histoire totalement imaginaire" et qu'il attend toujours d'être inculpé. "Que la justice me dise exactement ce qu'on me reproche." Il dément qu'une somme de 4,9 millions de dollars soit toujours consignée par la justice israélienne dans l'attente de la conclusion de l'enquête. Quant au mandat d'arrêt international délivré par le juge Philippe Courroye, le 6 décembre 2000, pour un trafic d'armes à destination de l'Angola, il explique : "C'est une manipulation politique montée contre moi par la DGSE. (...) Je suis prêt à m'expliquer. Je suis prêt à être jugé. Je suis prêt à accepter la décision du tribunal, mais je ne veux à aucun prix être placé en détention préventive." C'est pour cela qu'il aurait fui la France, tandis que Pierre Falcone, son complice présumé, était inculpé et écroué sept mois à partir du 1er décembre 2000 pour "commerce d'armes illicite, fraude illicite, fraude fiscale, abus de biens sociaux, abus de confiance et trafic d'influence". L'"Angolagate" débute. L'instruction durera plus de cinq ans et s'achèvera en juin 2005. Elle permet d'établir qu'en 1993 et 1994 plus de 600 millions de dollars de matériels militaires ont été vendus au régime angolais de José Eduardo Dos Santos. C'était l'époque de la guerre contre les rebelles de l'Unita dirigée par feu Jonas Savimbi. Les soldats cubains étaient partis. Le pouvoir en place à Luanda avait besoin d'armes en échange de pétrole.

Michel Bôle-Richard

Article paru dans l'édition du 11.07.07.

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Dernière mise à jour, il y a 26 minutes