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Blog : Carnets d'actualitéQuel monde après Bush ? 1. « Certains semblent croire que nous devrions négocier avec les terroristes et les radicaux. Certains suggèrent que si les Etats-Unis rompaient les liens avec Israël, tous les problèmes du Proche Orient disparaîtraient. » C'est ce que George W. Bush a notamment déclaré le 15 mai au Parlement israélien de la Knesset. Il prononçait ainsi son premier discours testamentaire et annonçait ce que serait la future campagne de John McCain. Il a poursuivi en disant : « C'est là un argument éculé qui nourrit la propagande des ennemis de la paix et que l'Amérique rejette absolument. La population d'Israël ne dépasse peut-être pas les 7 millions. Mais lorsque vous affrontez la terreur et le mal, vous êtes forts de 307 millions parce que l'Amérique est à vos côtés. » On devine avec quelle chaleureuse gratitude les députés de la Knesset ont accueilli un tel discours. Sans doute peut-on observer avec l'humour oblique de Tony Blair qu'Israël est désormais le seul pays au monde où le président des Etats-Unis en fin de mandat soit encore populaire, ce qui l'empêche de jamais rien exiger de ses amis. Et de fait, il n'a même pas osé évoquer la promesse solennelle que lui avaient faite il n'y a pas si longtemps les responsables israéliens de ne pas accroître les colonies de peuplement pour ne pas gêner les négociations devant aboutir à un Etat palestinien. Mais George Bush, à la Knesset, se trouvait chez lui. Et sa déclaration d'amour n'a pas été interrompue moins de quatorze fois par une ovation. On se doute qu'il n'en a pas été de même dans les mondes arabe et musulman mais cela n'a pas été le cas non plus aux Etats-Unis. Les leaders du parti démocrate, en particulier l'état-major de Barack Obama, se sont sentis perfidement visés par l'allusion de George Bush à ceux « qui semblent croire que nous devons négocier avec les terroristes et les radicaux ». Car si personne, surtout aux Etats-Unis, n'a jamais demandé à la Maison-Blanche de « rompre les liens avec Israël », il est vrai que le sénateur de l'Illinois, déjà vulgairement malmené sur ce point par Hillary Clinton, a parfois laissé entendre que l'on ne pouvait exclure d'explorer les voies d'une conciliation avec « les radicaux quels qu'ils soient ». Une telle éventualité a d'ailleurs bel et bien été envisagée avec plus ou moins de prudence par la France, l'Union européenne et Condoleeza Rice elle-même. 2. La perfidie de l'actuel président américain consistait surtout à chercher à nuire à Barack Obama personnellement et à lui seul, dans l'esprit des juifs américains désormais appuyés par les sionistes chrétiens. Mais l'intention de George Bush était tout autant de contraindre Barack Obama à en remettre, pour se justifier, du côté de sa solidarité avec l'Etat d'Israël et de son engagement à ne pas négocier « avec les terroristes et les radicaux ». Au moment où chacun est persuadé que tout pourparler avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dont les Israéliens ont sapé l'autorité, doit s'accompagner désormais d'une caution plus ou moins indirecte du Hamas, cela revient à compromettre la marge de manoeuvre politique des successeurs de George Bush. Le discours du président américain est également intéressant à un autre titre. On peut y voir en effet autant de sincérité que de stratégie. C'est la première fois que, de manière aussi cohérente et aussi publique, un homme d'Etat américain déclare considérer toute menace contre Israël comme mettant en danger les Etats-Unis, la démocratie en Occident et la civilisation dans le monde. La menace en question pourrait avoir la forme d'une concession faite au régime iranien actuel et qui rappellerait la lâcheté des Européens lorsque, à Munich, en 1938, ils ont cru pouvoir échanger avec Hitler la paix dans le déshonneur contre la cession d'une partie de la Tchécoslovaquie. George Bush a proclamé que permettre à l'Iran, premier soutien mondial du terrorisme, « d'entrer en possession de l'arme la plus mortelle au monde reviendrait à trahir les futures générations de façon impardonnable. » Argument fort défendable mais qui eût été plus convainquant s'il n'avait déjà servi à justifier l'intervention en Irak. « D'autant que, comme l'écrit un confrère du « New York Times », l'émergence de l'Iran comme une menace contre Israël aujourd'hui est en relation directe avec la faillite de Bush à Bagdad. » 3. On peut trouver en effet assez stupéfiant que le président des Etats-Unis n'ait pas cru devoir une seule fois évoquer la désastreuse guerre qu'il a pris la responsabilité de déclencher en Irak, les mensonges qu'il a exposés dans ses discours au Congrès pour arracher les crédits militaires, et son incapacité à obtenir des Israéliens qu'ils fassent, au moins dans le domaine des implantations et des libérations de prisonniers, les moindres concessions. La conclusion de Thomas L. Friedman dans le « New York Times », déjà cité, tombe comme un couperet : « Jamais les Etats-Unis n'ont été si peu redoutés, respectés, aimés au Proche Orient, et le président américain laisse au bout de sept ans les ennemis d'Israël et de l'Amérique plus forts que jamais ». Il n'est pas indifférent d'observer, enfin, que, tandis que le président des Etats-Unis s'exprimait ainsi à la Knesset, un ministre israélien affirmait de son côté : « L'armée israélienne n'a jamais été aussi préparée pour lancer une opération militaire d'envergure dans la bande de Gaza. » Quant à M. Haïm Ramon, numéro deux du gouvernement, il s'est demandé pourquoi on tolèrerait à la frontière sud d'Israël un « Hamastan » qui ressemblerait à un Etat taliban ou à un Etat Al-Quaeda. 4. Sauf que ni les « neo-cons » américains ni les « faucons » israéliens ne peuvent se permettre, comme jadis, n'importe quoi. D'abord, ils sont impopulaires dans leurs pays respectifs. Ensuite, il y a encore plus grave. Voici ce qu'un expert écrit dans le dernier numéro du « New York Review of Books » : « Nous sommes engagés en Afghanistan. Nous sommes loin d'être en situation de pouvoir quitter l'Irak. Dans ces deux pays, nos amis sont en danger. L'orgueil des forces armées américaines est à l'épreuve. Le monde nous attend. Or pour moi, la logique des événements paraît incontournable : à moins que quelque chose de tout à fait inattendu n'arrive, dans quatre ans, les nouveaux candidats aux élections présidentielles débattront sur les deux guerres d'Irak et d'Afghanistan. La première en sera à sa neuvième année, la seconde à sa onzième. Le choix sera toujours celui que les Américains détestent le plus : abandonner ou continuer à faire la guerre. » Cela veut dire, dans l'esprit de l'auteur de cet article, que ni Barack Obama ni Hillary Clinton ne seront en mesure de régler ces problèmes. Pour ce qui est du candidat républicain John McCain, la question n'a pas d'importance parce qu'il a prévu qu'il n'y aurait pas de solution irakienne avant 2011. 5. Plusieurs autres experts alarment aussi les élites économiques américaines en multipliant les bilans sur le coût des guerres en Irak et en Afghanistan. L'un des livres dont on parle le plus est celui dont le titre est « The three-trillion-dollar war ». Les deux auteurs de ce livre, Joseph Stiglitz et Linda Bilmes, déclarent que l'on a déjà dépensé sept cents milliards de dollars. De toute façon, ajoutent les auteurs, une décision d'arrêter les guerres supposerait que nous ayons remporté une victoire sur Al-Quaeda ou sur l'Iran, ou qu'une négociation nous aient rendus plus forts, ou que nous ayons retrouvé l'approbation du monde et que les populations abandonnées aient été aidées de telle manière qu'elles ne puissent attribuer aux Etats-Unis leurs éventuels nouveaux malheurs. Voilà donc le monde tel qu'il est, les Etats-Unis tels qu'ils seront encore dans six mois, quel que soit le vainqueur des élections, et la gauche française telle qu'elle sera dans quatre mois lorsque le Parti socialiste aura élu un premier secrétaire. Je ne rabaisse pas ici le débat. Il faut que les Français soient préparés à surveiller les rapports que Nicolas Sarkozy et l'Union européenne entretiendront, pendant les quatre ans qui viennent, avec le nouveau président des Etats-Unis, dont on peut sans doute désormais prévoir qu'il hésitera beaucoup avant de déclencher une nouvelle guerre. Mais il faut tout faire pour que personne, ni en Iran ni au Liban ni ailleurs, ne donne aux Israéliens et aux Américains l'envie d'en découdre et de provoquer des affrontements en chaîne. 3 commentaires
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