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Blog : Torah-Box

La Yéchiva : au c'ur d'un village arabe

Chaque semaine, Déborah Malka-Cohen vous plonge au cœur du monde des Yéchivot pour vivre ensemble les intrigues passionnantes de 4 étudiants, sur fond d’assiduité et d’entraide…

Dans l’épisode précédent : Les amis de David le rassurent quant au fait qu’Avraham possède en cachette un Smartphone. Yona leur qu’il doit rencontrer une jeune fille le soir même et il raconte alors qu’il a récemment rompu des fiançailles avec une jeune fille. Nos amis se rendent à la bibliothèque de la Yéchiva pour préparer un devoir. C’est sous leur regard médusé qu’Avraham s’est livré à un petit exercice de piratage informatique...

Suite à la demande de son père, David avait contacté un ancien employé qui travaillait en face de la Makolet de son ancienne Yéchiva. C’était un jeune homme d’une vingtaine d’années qui se nommait Medhi. Tout le monde à la Yéchiva le connaissait car il se montrait toujours très chaleureux avec les étudiants qui venaient lui acheter régulièrement de la petite marchandise.

Pendant plusieurs mois, David et lui avaient eu l’occasion d’échanger quelques mots et faire plus ample connaissance. Medhi avait la particularité d’avoir une balafre profonde autour de l’œil droit qui formait un cercle. Certains jours, quand il en avait assez que les gens le fixent, pour cacher sa cicatrice il lui arrivait de porter un bandeau noir par-dessus sa plaie, ce qui lui donnait des airs de pirate.

Au cours de leurs nombreux échanges, David avait appris que Medhi habitait le village arabe d’à côté. Fervent religieux, celui-ci priait cinq fois par jour et allait tous les vendredis à la mosquée. Deux mois avant les vacances d’été, le patron de la Makolet s’était séparé de son employé modèle.

Avant son départ de cette Yéchiva, notre Ba’hour avait eu le temps d’enregistrer son numéro de téléphone et lui avait envoyé un message pour lui souhaiter bonne chance pour la suite. Medhi, touché par son geste, lui avait dit qu’au cas où, si un jour il décidait d’acheter une voiture ou la faire réparer, il pouvait venir dans le garage de son oncle. Là où désormais il travaillait.

C’est ainsi que David avait repris contact avec lui. Il l’entendait lui dire au téléphone : “Je peux t’avoir rapidement les pièces que tu m’as demandées. Quelques-unes sont disponibles immédiatement mais il faut que tu viennes les chercher cette après-midi même. Je pourrai m’arranger avec mon oncle pour qu’il te fasse un bon prix. Et puis, cela me fera plaisir de te revoir.

– C’est d’accord ! Je vais m’arranger pour venir vers dix-sept heure. Le client de mon père en a besoin rapidement. Donne-moi l’adresse du garage.”

Avant de raccrocher, David avait pris les coordonnées. Connaissant les consignes de sécurité élémentaires, il avait demandé à Yossef de l’accompagner pour cette expédition. Même s’il connaissait bien Medhi, il était très imprudent qu’un Ba’hour Yéchiva, avec le look qui va avec, se rende dans des territoires pour le moins hostiles. Surtout qu’étant donné sa haute taille et son poids, il ne passait pas inaperçu :

“Yossef, tu fais quoi en fin d’après-midi ?

– Je ne sais pas, pourquoi ?

– Ça te dit de venir m’accompagner faire une course ?”

David mit au courant Yossef de leur destination et sa réaction fut pour le moins radicale.

“Crois-moi, j’aurais voulu te rendre ce service mais comment dire… Vois-tu je ne suis pas d’humeur à faire du tourisme !

– J’ai besoin de quelqu’un qui prenne le volant comme ça je pourrai faire le co-pilote et indiquer la route.

– En demandant à moi, tu as choisi la mauvaise personne. Je ne te serai d’aucune utilité étant donné que je n’ai pas mon permis et je ne suis pas près de le passer.

–Tu plaisantes !? Pourquoi ?”, avait demandé Avraham qui revenait du petit déjeuner.

“Est-ce que vous êtes au courant du nombre de morts qu’il y a eu l’année dernière sur la route ? Trois cent quinze personnes tuées en 2018 ! Et encore, il y a eu une baisse de 12% en comparaison avec les autres années. Ils roulent tous comme des fous en se prenant pour des pilotes de Formule 1. En plus, vous entendez dehors toute la journée le bruit incessant des klaxons ? Et je ne suis que piéton ! Je ne souhaite même pas imaginer la pression que l’on doit avoir quand on essaye d’effectuer un créneau. Conduire ne fait définitivement pas partie de mes priorités. 

– Arrête ne soit pas ridicule, tout le monde conduit !, avait balayé Yona d’une phrase tout l’argumentaire de Yossef.

– Et quand Béézrat Hachem, je te le souhaite, tu devras conduire ta femme à l’hôpital parce qu’elle devra accoucher, que lui diras-tu ? ‘’Hamouda, j’appelle un taxi, ne bouge pas ! Ah non désolé, il n’y en a pas, on va plutôt prendre un Chirout’ ?

– Et quand tu auras des enfants et que tu devras les emmener aux différentes activités ou juste à l’école ?

– Je vous assure, je n’ai pas besoin de savoir conduire pour devenir un bon mari ou un bon père.” 

Avraham, qui avait lui-même passé son permis pendant l’été, insistait auprès de son ami pour qu’il apprendre à conduire :

“Mis à part ces deux casquettes, tu dois savoir conduire ! C’est comme marcher ! C’est obligatoire. On ne sait jamais dans la vie, il peut y avoir une urgence et tu n’auras pas le choix que de prendre le volant. Si tu veux je viens avec toi cette après-midi pour qu’on aille t’inscrire à l’auto-école la plus proche.

– C’est hors de question et puis même si je le voulais, avec quel argent me paierais-je les cours de conduite ?”

Les trois amis s’étaient regardés et sans même se concerter, ils avaient proposé à Yossef de lui prêter l’argent nécessaire que chacun avait mis un peu de côté.

Yossef, ému, leur avait répondu :

“Vous feriez ça pour moi ?

– Puisqu’on te dit que c’est important !”

Pour convaincre Yossef, Yona s’était empressé d’ajouter :

“En parallèle de tes cours avec un moniteur, quelques fois par semaine, on pourrait à tour de rôle t’entraîner à conduire sur un terrain vague.” 

Devant cet élan de Ahavat Israël, Yossef acceptait finalement qu’Avraham vienne avec lui pour se renseigner et pourquoi pas s’inscrire. C’est alors que David se retourna vers Yona pour lui demander s’il pouvait venir avec lui au village arabe :

“Euh… La question, c’est pourquoi moi ?

– Tu vois bien, tu es le seul disponible cette après-midi !

– Tu n’as pas entendu ce que j’ai raconté hier soir ?

– À quel propos ? Yona, tu parles beaucoup donc ne m’en veux si je n’arrive pas toujours à retenir tout ce que tu dis.

– Ah ah, très drôle ! Oui, je suis bavard et alors ? Je vais peut-être me marier très rapidement. J’ai l’impression que mon Chiddoukh d’hier soir s’est très bien passé. Depuis ce matin, j’attends avec impatience que la Chadkhanit me rappelle pour me faire son retour. Si les choses vont comme je l’espère, je devrais dès demain soir Béézrat Hachem la revoir.

“Qu’est ce qui t’empêche de m’accompagner alors ?

– Je veux rester tranquille. Je ne veux pas tenter une expédition commando dans un village arabe. Surtout la veille de mon mariage.”

Yossef résonna Yona :  

“Allez, va avec lui. Je t’assure que tout va bien se passer. Si j’arrive à surmonter ma peur de la conduite, tu devrais probablement surmonter la tienne.

– Bon très bien, mais on n’y reste pas longtemps, David !

– Je ne comptais pas prendre une nuit dans une auberge de jeunesse là-bas. On y va tchik-tchak et on revient.”

Un peu plus tard, alors qu’Avraham et Yossef arrivaient à l’auto-école, un prof de conduite libre proposait à Yossef de prendre sa première leçon. Ce dernier acceptait mais demandait à Avraham de rester avec lui car il n’en menait pas large... Sauf qu’Avraham paraissait plus préoccupé que d’habitude.

“Ça va ? Tout va bien ?

– Très bien. En fait non.

– Raconte-moi ce qu’il se passe.

– Je suis convoqué chez le Roch Yéchiva.

– Ce n’est pas inhabituel. C’est normal que le Rav nous convoque régulièrement.

– Tu as probablement raison. Je dois me faire du souci pour rien.

– Quand est-ce que tu dois le voir ?

– Demain matin, avant la Téfila.

– D’accord. Tu verras, cela doit être simplement pour faire le point.”  

Une fois derrière le volant, Yossef fut complètement paniqué. Avraham, qui était stressé depuis le matin, s’était mis à rire tant ses réactions étaient totalement exagérées :

“On est sur un parking ! Il n’y a même pas un chat. Allez, monte à 30 km/h, l’ami !

– Je crois que je vais tout lâcher, ce n’est pas pour moi.

– Allons, allons, ton ‘Haver a raison. Appuie sur la pédale. Regarde, j’ai la même que toi, de mon côté. Aie confiance !

– JE NE PEUX PAS ! AU SECOURS ! SORTEZ-MOI DE LÀ !”

Du côté de nos explorateurs... 

Pendant toute la durée du chemin qui menait jusqu’au garage, Yona émettait des hypothèses quant aux impressions qu’il avait laissées à Éden :

“Imagine, en réalité elle m’a trouvé très lourd ou pire, pas assez à son goût. Pourtant j’ai bien vu que je l’ai faite rire au moins trois fois. Non, deux ! Sur deux fois !

– Je suis certain qu’elle t’a trouvé très bien. Peut-être un peu trop bavard, tourne à droite. On y est dans huit minutes. La Chadkhanit va sûrement t’appeler pour te confirmer que tout s’est bien passé, ne t’inquiète pas.

– Elle aurait dû le faire depuis ce matin. J’ai attendu son appel toute la journée. Oh, et puis à quoi bon, de toute façon je ne suis même pas sûr de revenir vivant de cette expédition ! 

– ‘Has Véchalom. Détends-toi un peu. J’ai suivi à la lettre les instructions que Medhi m’a données.

– Tu es sûr que tu ne t’es pas trompé ? Il n’y a pas une pancarte écrite en hébreu.

– Je ne pense pas m’être trompé. Ah regarde ! Il y a une station-essence. Celle dont il m’a parlé. Cela confirme qu’on y est presque.

– Redis-moi d’où tu le connais, déjà ?

– C’est un ami. C’est quelqu’un de très bien, très honnête, qui ne fait pas d’histoires.”  

Comme prévu, nos deux amis arrivèrent quelques minutes plus tard. Une fois sur place, Medhi les avait accueillis et avait indiqué à David qu’il avait réussi à trouver la quasi-totalité des pièces. Les manquantes, il pouvait les trouver dans un autre village un peu plus éloigné. Ils étaient restés discuter un peu puis Yona et David remontèrent dans la voiture pour rallonger leur voyage de vingt minutes.

“C’est quoi cette expédition ? Tu es sûr que ton père a besoin de ces tous ces trucs spécifiquement ?

– Apparemment. Si j’arrive à acheter toutes ces pièces aujourd’hui, cela fera un argument de plus à mettre sur la table auprès du client. Si on y arrive, mon père signera un beau contrat.”  

Sous une chaleur écrasante, non sans mal, ils se retrouvèrent devant le deuxième garage. Avec la volonté de ne pas s’attarder dans cet endroit peu familier, ils se présentèrent à un vendeur qui s’était avéré être le cousin de Medhi :

“Oui, il m’a prévenu que vous viendrez. Je vais appeler le patron, c’est lui qui s’occupe des commandes. Vous pourrez négocier le prix des pièces avec lui.”

Monsieur Benlawoui arriva et les emmena dans l’arrière-boutique. Voyant les deux garçons transpirer à grosses gouttes dans leur chemise blanche et pantalon noir, dans un élan de bonté, il leur proposa de se rafraîchir avant de parler affaires.

“Volontiers. Deux verres d’eau dans des verres en plastique, ce sera très bien.”

Le propriétaire appela :

“Ysma ? Ysma ? Viens ici !”

Une jeune fille portant un voile qui ne laissait apparaître que son visage se présenta presque immédiatement :

“Apporte à ces messieurs des rafraîchissements.”

Alors que Yona et David écoutaient ce que le patron avait à leur proposer, ils n’avaient pas pu observer les yeux de la jeune fille s’animer. Ils ne lui prêtèrent même aucune attention. Elle revint avec deux verres remplis à ras bord d’eau.

Maladroitement, elle avait presque renversé la totalité de l’un des verres sur le pantalon de celui qui avait les cheveux bruns, les yeux verts et qui était le plus grand de taille. Elle s’était confondue en excuses sourdes comme si elle avait reçu l’ordre de ne pas parler. A moins qu’elle ne soit muette ? D’un pas précipité, celle qui se nommait Ysma était partie chercher des serviettes en papier pour les tendre au grand jeune homme.

Juste avant de regagner leur voiture, David avait conclu le deal avec Monsieur Benlawoui. Il devait revenir la semaine suivante car le propriétaire du garage allait recevoir des nouvelles pièces qui pourraient éventuellement l’intéresser.

Trop occupés à débriefer de leur entretien, ni Yona ni David n’avaient remarqué le petit papier accroché avec un trombone à la facture qui se trouvait dans une chemise…

Sur ce bout de papier étaient parfaitement inscrites en hébreu cinq lettres : Hatsilou ! Au secours !

A suivre Mercredi prochain...

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 30 minutes