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Blog : Torah-Box

'Haïm Walder : "Toute ma vérité" (2ème partie)

‘Haïm Walder, vous dirigez depuis presque 10 ans le « Centre pour L’Enfant et la Famille » à Bné Brak. Quels sont les problèmes que vous traitez dans ce centre ?

Les enfants qui viennent ici ont des problèmes de confiance en eux, ils ont été blessés par des attaques dans leur milieu scolaire ou familial, ou souffrent de difficultés dans le relationnel, face à leurs parents, à leurs camarades, aux enseignants.

La première chose que je fais lorsqu’un enfant vient me voir, c’est de l’écouter : « Raconte-toi ! ».

Et, Baroukh Hachem, je sais écouter. Entre parenthèses, un bon conseil pour être un homme de dialogue, c’est savoir écouter. Il m’est arrivé de discuter avec des adultes et, à la fin de la conversation, ils ont pu me dire : « J’ai vraiment eu un échange intéressant avec vous », alors que je n’avais pas dit un mot, je les ai juste écoutés.

Mais fermons la parenthèse et revenons à l’enfant qui est dans mon bureau. Si je lui pose une question et qu’il ne répond pas, je ne panique pas. Je suis avec lui, j’ai du temps. Et quand il commence à parler, je le dirige doucement à trouver ses points forts pour qu’il puisse tout seul régler ses difficultés, qui ne sont pas toujours si grandes. Et si elles le sont, on va essayer, en parlant, de les réduire et de leur trouver des solutions.

Parlez-nous de votre « régime sans copains »...

Il y a des enfants qui ne savent pas se mouvoir en société. Il faut leur apprendre comment se comporter avec justesse entre amis, et, pour ça, j’ai une technique. Il s’agit souvent d’enfants qui ne savent pas comment, spontanément, se faire des amis et vont, par leur attitude, les faire fuir. La société des enfants est très cruelle et renifle vite celui qui cherche à tout prix à plaire et celui qui peut vivre sans elle. Elle poursuit d’ailleurs ceux qui sont bien avec eux-mêmes, bien dans leur peau, et elle fuit ceux qui la recherchent désespérément.

J’apprends à l’enfant à se détacher des camarades de classe pendant un mois. Qu’est-ce que ça veut dire ? Il ne commence aucune conversation avec eux, répond par oui, non, peut-être, je ne sais pas, et commence à regarder autour de lui, à s’ouvrir d’autres horizons. Je lui enseigne à ne pas craindre la solitude, chose très difficile pour un enfant, mais uniquement ainsi, lorsqu’il cessera de vouloir à tout prix plaire aux autres, et qu’il trouvera en lui des sujets d’intérêt, il sera ensuite recherché par les copains.

Un autre point qui revient, ce sont des parents qui sont chez eux dans un chaos indescriptible et il faut rétablir la hiérarchie à la maison. 

Il faut également que les parents cessent de toujours punir le grand, c’est un schéma qui revient lors de disputes entre les enfants. Je dis aux parents de défendre l’aîné.

Prenons un exemple : Yéhouda est le grand frère, Binyamin le petit ; je dis au grand : « Quoi !!! Binyamin t’as tiré la langue !!? Yéhouda, je suis fier de toi, tu t’es vraiment comporté en grand et tu ne lui as pas rendu ! ».

Du moment que l’on montre au grand qu’on le respecte et qu’on respecte sa place de « grand », ça rétablit l’ordre, ça influe sur tous les petits et ça évite les disputes.

Vous avez tant écrit dans vos livres sur les épreuves de la vie, et voilà qu’il y a un an et demi, vous êtes passé par l’épreuve suprême, la maladie et le décès de votre fils Tsvika, à 28 ans.

D.ieu m’a attribué vraisemblablement un rôle dans ce monde et me fait traverser des épreuves également pour être une aide à autrui.

Mais, confronté au deuil, je ne suis plus écrivain, ni éducateur, ni rien du tout, seulement un papa qui souffre, et c’est très difficile, comme pour tout papa.

Mais je pense que notre famille a su traverser cette épreuve aussi bien que possible, ce qui ne contredit en rien le sentiment de tristesse et de manque terrible que la disparition de Tsvika provoque. Nous sommes restés une famille joyeuse et nous trouvons une consolation en cela que Tsvika a laissé derrière lui une descendance, deux adorables enfants.

Vous faites souvent l’éloge de la transparence et de l’honnêteté : se montrer tel qu’on est. C’est très important pour vous. 

Très. Jamais je ne pourrais donner « des leçons » sur quelque chose que je ne fais pas moi-même. Jamais je n’écrirai quelque chose auquel je ne crois pas, que ce soit dans mes livres, ou dans ma page hebdomadaire du journal Yated. Je n’aborde que des thèmes que je maîtrise. 

Le Rav Steinman m’a dit une fois : “Ton rôle, c’est de t’occuper du psychique, laisse le spirituel à d’autres.”

Comment vous, ‘Haïm Walder, le papa, réagissez-vous lorsque votre propre enfant vous fait une scène en public…

Je dois vous répondre honnêtement et vous avouer que le regard des autres m’importe peu, en tout cas, bien moins que la leçon que je veux donner à ce moment à mon enfant. Ça m’est arrivé, et lorsqu’il a fini sa scène, je lui ai demandé : « Tu as fini ? Non ? Bon, alors continue le spectacle encore 5 minutes. »

Mes enfants savent que je suis relativement indifférent au qu’en-dira-t-on.

On ne peut pas terminer sans parler du Corona. Comment toute cette période d’épidémie a été vécue par les enfants, vous qui les côtoyez au quotidien dans votre centre ?

Un chaos total. Avant le Covid, nous étions confrontés à Internet qui s’acharnait à briser les protections dont la société orthodoxe s’entourait pour éviter les influences extérieures. Et on s’en est bien sorti.

Mais le Corona, malheureusement, a réussi à atteindre ce que nous avons de plus cher : le Limoud (étude de la Torah) dans les Yéchivot et tous les établissements toraniques.

Ce que D.ieu veut de nous, je n’en ai aucune idée, mais ce que je dis aux parents est la chose suivante : n’essayez pas en ce moment d’agir trop à contre-courant de ce que vous traversez. C’est comme une vague. Baissez le niveau de vos exigences au maximum pour éviter les cassures et que les enfants ne se retrouvent « de l’autre côté ». C’est comme des vacances prolongées, ça passera. Le virus n’est pas dans nos mains, nous voyons bien que les choses nous échappent.

Faisons ce qui nous incombe, et, parfois, c’est tout simplement : se taire. 

Il faut continuer à respecter l’enfant, lui donner de l’amour, de la stabilité, de l’estime, essayer de montrer l’exemple de bonne entente entre les parents, garder des limites et conserver une autorité parentale.

Un grand merci à vous ‘Haïm Walder, au plaisir de vous lire et de vous relire, nous vous souhaitons de continuer d’apporter à ‘Am Israël votre expérience si riche et de voir nos enfants grandir sereins et confiants au sein de leur famille.

Traduction et adaptation : Jocelyne Scemama

Remerciements : Magazine Kol Play / Yonathan Rigler

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 10 minutes