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Blog : Torah-Box

A l'air du smartphone, sommes-nous (plus) libres ?

Nous vivons dans un monde merveilleux où la technologie est au service de l’homme. Plus besoin d’affûter sa lance pour aller chasser le gibier, il ne suffit plus que de quelques clics pour en commander un bon filet saignant dans son assiette. Plus besoin d’aller au lavoir ou au ruisseau par tous les temps pour laver ses vêtements, aujourd’hui nous mettons tout dans des machines qui les lavent sans que nous ayons besoin de faire le moindre effort. Et puis, les moyens de transport, quelle formidable invention ! Autrefois, pour aller rendre visite à sa famille, il fallait compter des jours ou des mois. Aujourd’hui, en moins de vingt-quatre heures, nous pouvons atteindre pratiquement tous les continents… Quelle chance de vivre une telle époque !

Mais s’il y a bien une technologie à qui nous devons principalement notre bien-être, c’est sans conteste le smartphone : que ferions-nous sans lui ? Il nous maintient en contact avec nos proches, nous informe de tout ce qui se passe dans le monde en temps réel, nous divertit par ses contenus ludiques, ses films, ses articles, ses matchs, ses publicités... Il ne nous laisse jamais seul, pas un instant.

Vous vous imaginez la vie sans lui ? Essayons…

Assis dans le métro sans écran, plongé dans ses propres pensées ou occupé à observer les gens qui vous entourent, quel ennui ! Et ça n’est pas tout, car une fois sorti de la bouche souterraine, il faut encore trouver votre chemin, et cette fois-ci pas de Google Maps pour nous aider… Il faudrait donc demander aux gens, non mais vous vous rendez compte ?

« Pardon monsieur, excusez-moi… » Et bien non, il n’a pas entendu, ses oreilles sont occupées par des écouteurs…

Une fois arrivé chez le dentiste, on vous fait patienter dans la petite salle d’attente où il n’y a plus de journaux pour passer le temps puisque tout le monde est scotché sur son écran… Vous regardez la montre : encore 12 minutes, quel supplice ! 

Vous tapotez nerveusement sur la chaise, votre regard photographie la pièce de fond en comble, vous observez le cadre au mur, c’est une réplique d’un Monet, plus que 6 minutes…

Le dentiste vous ouvre enfin la porte de son cabinet le sourire aux lèvres, mais ce n’est pas pour vous : il est en train de consulter une image qu’on vient de lui envoyer sur WhatsApp et vous lance un bref « Comment allez-vous, monsieur Taieb ? » sans même vous décrocher un regard. Une fois à l’intérieur, il vous dit « Installez-vous, j’en ai pour une minute ». D’ordinaire, vous auriez consulté vos emails ou votre compte Facebook mais là, rien. Vous êtes allongé tête en l’air à regarder le plafond. Et vous vous dites que cette journée est interminable, bon sang !

Après votre soin dentaire, vous regagnez le métro dans le sens inverse. Rien n’a changé : les gens ont tous la tête baissée sur leur téléphone, vous êtes invisible. Le seul qui vous adresse la parole est le sans-abri sur le quai pour vous demander si vous n’auriez pas une petite pièce.

19h30. Vous franchissez le pas de la porte de votre appartement. Votre femme finit de mettre la table et vos deux enfants sont assis sur le canapé dans le salon. Votre fille aînée est sur sa série préférée et votre fils regarde le résultat du match qu’il a manqué la veille. 

« C’est prêt ! » annonce votre femme d’un ton mélodieux. « On arrive, M’man ! » répondent les enfants, la tête encore dans l’écran. Ils se lèvent, le regard encore absorbé par leur navigation, et passent devant vous comme des ombres. « Salut P’pa ! ».

Une fois à table, tout le monde a son téléphone à côté de soi, proche de son assiette, et le consulte entre deux bouchées. Après une inspiration, vous vous lancez : « Alors les enfants, comment s’est passée votre journée ? » Votre adolescente vous dit plein d’enthousiasme : « C’était génial, regarde toutes ces photos qu’on a prises avec Sarah… » Et elle fait défiler devant vous les photos une par une…

« Et toi David ? » L’air boudeur il vous tend son téléphone : « Regarde ce qu’il m’est arrivé au foot ! » pour vous montrer la vilaine éraflure qu’il s’est faite sur le tibia. Puis, vous vous tournez vers votre femme : « Et toi chérie ? ». « Moi super, j’ai fait mes mèches chez Gloria et je suis rentré tôt à la maison (sonnerie de message). Attends, c’est sûrement ta mère qui me rappelle pour que je lui donne la recette des aubergines farcies… »

Et le repas s’écoule comme tous les autres, chacun absorbé par son écran, à rire, à enregistrer des audios, des notes vocales et à se demander pour la énième fois des : « et toi alors, raconte ? » ou des « à part ça, qu’est-ce que tu racontes ? »

Les enfants débarrassent rapidement leur assiette, vous souhaitent bonne nuit et courent s’enfermer dans leur chambre : il y a l’émission d’un influenceur sur Youtube à ne pas manquer ce soir... Vous montez dans votre chambre et, après une bonne douche chaude, vous vous allonger aux côtés de votre épouse, qui lit un article sur la communication dans le couple dans le magazine Elle sur son portable. Puis vous lui dites « Tu te rappelles de nous la première année de mariage ? » Elle vous murmure un « Hmmm… » que vous prenez pour un oui. « On n’avait pas de téléphone à cette époque… », dites-vous le regard pensif. Elle vous rend un « Ouais… quel dommage parce qu’ils sont supers, ces articles sur la communication dans le couple…bon, allez chéri, bonne nuit, je me lève tôt demain. »

S’il vous semble que j’exagère peut-être, la réalité est bien pire. La surconnexion nous happe bien plus que nous ne le pensons. Des algorithmes sont mis au point par les meilleures sociétés de marketing pour nous suggérer tous les contenus que nous serions susceptible d’aimer, nos goûts sont soigneusement étudiés par les sites et nos données enregistrées pour que nous passions le plus de temps possible sur leurs plateformes.

Des sites comme Youtube, Instagram, Snapchat, Twitter, TikTok, Google, Pinterest, Linkedin et d’autres vendent aux annonceurs notre temps passé sur leurs espaces afin que les publicistes aient tout le loisir d’influencer notre pouvoir d’achat, de nous séduire. Nous sommes le produit vendu… Et tous les moyens de manipulations neurologiques sont permis dans cette traque numérique, cela porte même un nom : le capitalisme de surveillance.

Prenons Youtube par exemple. Lorsque vous rafraîchissez la page, cela entraîne d’autres vidéos qui vous sont suggérées dans le but de vous maintenir connecté sur leur site, cela s’appelle le renforcement positif alternatif. On a la sensation que la prochaine fois, on tombera sur La vidéo qui nous fera du bien ; c’est le même engouement que ressentent les joueurs du casino pour les machines à sous... Un procédé soigneusement étudié pour sécréter dans notre cerveau une certaine dose de dopamine dans la région de la gratification.

Maîtrisons-nous notre navigation sur le web ? Avons-nous constamment l’œil rivé sur nos téléphones à l'affût du moindre message ?

Qui est la véritable victime de ce système numérique ? L’homme ? Sa famille ? Son bien-être ? Peut-être tout cela à la fois… ?

Ne sommes-nous pas déshumanisés à cause de cette société digitale qui drogue notre cerveau par des informations ludiques et alléchantes ? A quand remonte la dernière fois que nous avons passé du temps hors connexion, à laisser vagabonder nos pensées, à réfléchir sur notre vie, sur nous-même ?

A quand remonte notre dernière balade en pleine nature ? Notre dernière discussion profonde avec notre femme, notre meilleur ami ? Notre dernier livre en date ?

La question est encore plus délicate pour nous les juifs, qui avons pour devoir de nous attacher à notre Créateur, d’être en permanence relié à Lui… Sommes-nous capables de le faire lorsque nous sommes addicts à une connexion internet non-stop ?

Membre Juif.org





Dernière mise à jour, il y a 13 minutes