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Blog : Torah-Box

L'ange au fond de la pièce

En hébreu, c’est Pessa’h ; en français, c’est la Pâque. Mais dans tous les cas, cela paraît un nom étrange pour une fête. Vous par exemple, l’auriez-vous nommée ainsi ?

Imaginez-vous 3 000 ans en arrière. Vous êtes un ange dans les cieux et vous avez été invité à vous joindre au Comité d’Appellation de D.ieu afin de nommer les nouvelles fêtes. Un jour, vos collègues, les anges du comité, et vous-même apprenez que le Maître de l’univers voudrait créer une nouvelle et magnifique fête célébrant Sa délivrance miraculeuse des Hébreux de l’esclavage en Égypte. Vous vous mettez tous immédiatement au travail en lançant des idées de noms possibles.

L’ange à votre gauche propose le Jour de l’indépendance. La plupart d’entre vous hochent la tête en signe d’acquiescement : c’est joli, c’est court, cela va droit au but. Quelqu’un d’autre suggère : « Nous pourrions l’appeler le Jour de la liberté ! Qu’en pensez-vous ? » Un groupe d’anges approuve. Vous écrivez Jour de la liberté au tableau, juste en dessous de Jour de l’indépendance.

Mais, ensuite, un autre ange au fond de la pièce lève la main et lance : « J’ai une bonne idée. Bien mieux que tous ces noms. Appelons-la la Pâque (« Passover »). C’est vraiment un nom parfait ! »

Vous dites alors, aussi poliment que possible : « Pourriez-vous nous expliquer ? Ce nom paraît étrange. Pourquoi devrions-nous l’appeler la Pâque-Passover ? »

L’ange au fond de la pièce reprend la parole : « Eh bien, c’est une sorte de jeu de mots. » Il semble déçu d’avoir à expliquer sa petite plaisanterie. « Vous savez bien que D.ieu a réalisé toutes ces plaies pour laisser partir les Hébreux, et ensuite, il y a eu cette dixième plaie, n’est-ce pas ? Au cours de celle-ci, tous les premiers-nés des Égyptiens moururent. Et les Juifs ? Ils furent sauvés. Alors, on pourrait dire que D.ieu est, en quelque sorte, passé au-dessus des premiers-nés juifs cette nuit-là, et qu’Il ne les a donc pas tués. Vous saisissez ? Il a esquivé (pass over) leurs premiers-nés ? Donc, appelons-la Pâque-Passover ! »

Vous vous seriez attendu à ce que bien peu de vos collègues soient impressionnés par cette explication. Quel genre de nom est-ce là ? Oui, bien sûr, c’est très bien que nos premiers-nés aient été sauvés de la mort cette nuit-là, mais dans le processus général, il s’agit juste d’un détail particulier concernant l’une des plaies. Un détail important, certes, car personne ne souhaiterait que nos premiers-nés fussent tués. Néanmoins, il s’agit d’un détail, ne faisant pas référence à l’essence de la fête, à son ensemble. Cela n’évoque ni la liberté, ni l’indépendance, ni la délivrance, ni la naissance d’un peuple.

Mais, imaginez ensuite que D.ieu décide effectivement de choisir la suggestion de cet ange au fond de la pièce : le nom de Pâque-Passover remporte la compétition. Vous avez du mal à croire à cette histoire, et, bien entendu, il ne s’agit absolument pas d’un exercice mental, mais ni plus ni moins de la réalité. La Torah a effectivement ordonné une fête pour célébrer notre Exode d’Égypte, et, curieusement, cette fête a fini par s’appeler Pâque-Passover !

Remarquable. Comment comprendre cela ?

Peut-être le nom nous suggère-t-il d’ajuster quelque peu notre façon de voir les choses. Nous avons tendance à percevoir la Pâque de la manière dont je vous l’ai décrite : comme une fête durant laquelle nous avons obtenu la liberté. Et pourtant, le nom particulier que donne la Torah à la nuit où nous avons été délivrés ne se focalise pas sur cet aspect de « liberté », mais sur le fait d’avoir été « esquivés ». Serait-il possible que, d’une manière ou d’une autre, l’essence de cette fête tourne en réalité autour du mystérieux acte de salut dont ont bénéficié nos premiers-nés cette nuit-là ?

Nous aurions de bonnes raisons de le croire. On peut voir que le rôle des premiers-nés dans le récit de l’Exode est loin d’avoir été anecdotique. Ce qui leur est arrivé durant la nuit où le peuple d’Israël a acquis la liberté semble représenter bien davantage, comme si leur sort avait été crucial, comme s’il montrait du doigt une idée ou une mission plus large.

Nous allons démontrer cela avec un deuxième effort d’imagination…

Les petites boîtes noires

Imaginons qu’un jour vous décidiez de créer votre propre religion (n’essayez pas de faire ça chez vous). Vous rédigez un grand nombre de commandements à l’intention de votre groupe de disciples, ainsi qu’une série de principes théologiques auxquels vous aimeriez qu’ils adhèrent. Vous consignez tout pour en faire un gros livre. Puis, vous avez une merveilleuse idée : pourquoi ne pas offrir des moyens pour vos disciples d’exprimer leur fidélité aux principes de ce livre ? Vous décidez donc de créer quelques rituels. Dans l’un d’entre eux, vos disciples devront se fabriquer de petites boîtes noires. À l’intérieur, ils y placeront un rouleau de parchemin sur lequel ils inscriront des passages représentatifs du livre. Le parchemin renfermera les principes les plus fondamentaux de votre nouvelle foi. Vos disciples témoigneront ainsi leur dévotion envers ces préceptes en attachant ces boîtes sur leurs bras et leur tête, au moins une fois par jour.

Comme vous le savez, le Judaïsme possède un tel rituel. Les petites boîtes noires sont appelées des Téfilines et contiennent des parchemins sur lesquels sont inscrits de courts extraits de la Bible.

Revenons à présent à notre exercice imaginaire : parlons un peu de ce que vous pourriez mettre dans ces boîtes. Si le livre contenant toutes ces lois était le Pentateuque, quels passages auriez-vous choisi de faire figurer sur les parchemins ?

Eh bien, on pourrait citer un texte court, connu sous le nom de Chéma'. En effet, celui-ci proclame le principe fondamental de foi en D.ieu et est généralement considéré comme le credo de la religion juive : « Écoute Israël, l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est Un. » Ce serait une bonne chose à mettre dans les boîtes, n’est-ce pas ?

On pourrait continuer sur la même voie en ajoutant le paragraphe suivant de la déclaration du Chéma'. Il s’agit d’un passage ordonnant aux fidèles d’aimer D.ieu de tout leur cœur et de toute leur âme. Voilà encore quelque chose de pas mal à mettre dans les boîtes !

Que pourriez-vous ajouter d’autre ? Souvenez-vous, il n’y a pas beaucoup de place sur ce petit parchemin. Il faut être sûr de son choix.

Pour revenir à notre exercice précédent, imaginez que notre ami, l’ange au fond de la pièce, soit de retour. Il lève la main et émet la suggestion suivante :

« Pourquoi ne pas inclure la loi de Péter ‘Hamor, la loi de l’âne au cou brisé ?

– Je vous demande pardon ? répondez-vous, assez perplexe.

– Bien entendu, affirme-t-il, vous connaissez cette loi. Elle figure dans l’Exode au chapitre 13. Vous savez, la Bible dit que lorsque les Enfants d’Israël ont un premier-né mâle, qu’il soit humain ou animal, il doit être considéré comme sanctifié et consacré à D.ieu. S’il s’agit d’un enfant humain, il doit être racheté à D.ieu avec de l’argent pour en reprendre possession, si l’on peut dire. Si c’est un animal, cela dépend. S’il s’agit d’un animal pouvant être sacrifié sur l’autel, comme un mouton, alors le premier-né est abattu en tant qu’offrande à D.ieu. Si l’animal n’est pas Cachère pour être sacrifié, comme un âne, le propriétaire peut le racheter avec de l’argent et employer cette somme pour acquérir un animal pouvant être offert, comme un agneau. Toutefois, concernant l’âne, il existe une loi spécifique : si vous ne rachetez par votre âne premier-né, il doit être tué ; la Bible ordonne que son cou soit brisé. »

L’ange prend une profonde inspiration et lance d’un ton catégorique :

« J’affirme donc que nous devons inclure cette loi-là dans les petites boîtes ! »

Si vous étiez responsable du comité des rituels, vous auriez sans doute prié cet ange d’aller se dénicher un autre job. Vous lui diriez sûrement qu’il s’agit d’une loi intéressante, cette idée de rachat du premier-né ainsi que toutes ces discussions au sujet de l’âne et tout ça. Ce serait magnifique d’insérer le Lévitique quelque part, mais nous avons si peu de place dans les petites boîtes ! Nous devons réserver l’espace pour ce qui est vraiment essentiel, pour des lois et des idées définissant l’essence même de l’identité d’un Juif. Il n’y a pas de place pour cette loi dans les boîtes.

Oui, mais voilà, il y a effectivement de la place pour cette loi dans les boîtes, car lorsque nous sortons de cet exercice d’imagination pour retrouver la vie réelle, nous découvrons que les Téfilines, tels qu’ils sont décrits dans la Torah, contiennent, entre autres, la loi de l’âne au cou brisé. Curieusement, la Torah a ordonné que les Téfilines renferment ces lois. Pourquoi ? Parce qu’elle vise à rappeler que D.ieu a épargné nos premiers-nés la nuit où nous avons quitté l’Égypte et sommes devenus libres (Exode 13:14-16).

Alors nous y voilà. La menace envers les premiers-nés durant la nuit où nous avons acquis la liberté, et leur salut qui s’ensuivit, ces idées sont bien évidemment plus fondamentales que nous l’aurions supposé et ont donné le nom de Pâque-Passover. Et elles ont été sélectionnées pour faire partie de la liste ultime : le parchemin des Téfilines contenant les principes fondamentaux de la Bible. Comment expliquer cela ?

Au-delà de la poésie biblique

J’ai mentionné ci-dessus la possibilité que la Torah ait employé l’idée des premiers-nés comme une sorte d’abréviation menant, peut-être, à un concept plus large. Je voudrais attirer votre attention sur un passage étrange semblant la confirmer. Il apparaît au tout début du récit de l’Exode, avant même que la première des dix plaies ne frappe l’Égypte :

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Alors tu diras à Pharaon : « Ainsi parle l’Éternel : "Israël est le premier-né de Mes fils." 

Et Je te dis : "Laisse partir Mon fils, pour qu’il Me serve…" » (Exode 4:22-23)

Si vous vous attardez un moment pour réfléchir, vous verrez que le contenu de ce verset est curieux. Il est clair que D.ieu a ordonné à Moïse de se rendre chez Pharaon et d’employer ces mots exacts : « Israël est le premier-né de Mes fils » pour formuler au monarque sa demande de libération d’Israël. Mais ces mots sont difficiles à comprendre : en quoi Israël est-il le premier-né de D.ieu ?

Peut-être que le fait d’appeler Israël premier-né n’est rien d’autre qu’un élan de poésie biblique. En ce cas, cela indique simplement que D.ieu apprécie particulièrement les Enfants d’Israël, et voilà tout. Quoi qu’il en soit, pourrions-nous réfuter, personne ne donne à la poésie biblique un sens si littéral. La Bible parle d’une terre où coulent le lait et le miel, mais personne ne se rend en Israël en emportant des bottes de caoutchouc pour pouvoir marcher plus facilement dans les rues inondées de miel. Là de même, en lisant une phrase biblique telle qu’« Israël est le premier-né de Mes fils », notre première réaction pourrait être de la percevoir comme une sorte d’image poétique, dénuée de son sens littéral.

Toutefois, bien que cette explication soit pratique, le reste du verset révèle qu’elle n’a pas sa place dans ce contexte. En effet, après avoir nommé Israël le premier-né de D.ieu, le verset continue :

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« Et si tu refuses de le laisser partir, alors Moi, Je ferai mourir ton fils premier-né. » (Exode 4:23)

Le Tout-Puissant établit une comparaison directe entre Israël, Son premier-né, et les véritables premiers-nés des Égyptiens. En se fondant sur cette comparaison, Il affirme que si ceux-ci ne laissent pas partir le premier-né de D.ieu, ils finiront par subir la perte de leurs propres premiers-nés, une prophétie parvenue à son effrayante réalisation lors de la dixième plaie.

Soyons bien clairs : des gens vont mourir à cause de cette comparaison entre premiers-nés. Tu prends mon premier-né, Je prendrai le tien ! Eh bien, excusez-moi, mais cela ne ressemble plus du tout à de la poésie. Cela paraît tout à fait réel. Il semble là que D.ieu soit plutôt sérieux quant à l’idée qu’Israël soit réellement un peuple premier-né. Mais, pour quelle raison ? Israël ne fut pas le premier peuple à exister. De nombreux autres étaient déjà là au moment où il est entré en scène. De quelle manière est-il un premier-né ?

Un peuple, premier-né

À ce stade, nous l’ignorons, mais nous tenons une chose pour certaine : le thème du premier-né se retrouve partout dans l’histoire de l’Exode. Le récit débute avec l’affirmation Divine à Moïse qu’Israël est Son premier-né. Il s’achève avec la plaie des premiers-nés. Cette histoire est commémorée à l’aide des Téfilines et de rituels comme le rachat du premier-né. La fête célébrant cette notion est nommée d’après ce qui est advenu à nos premiers-nés. Ce thème est le fil à partir duquel cette histoire est tissée. Connaître l’Exode, c’est connaître cette spécificité de premier-né.

Le récit de l’Exode recèle peut-être donc bien davantage que ce que nous pourrions soupçonner. Parle-t-il de liberté ? Oui, assurément. D’indépendance et de la naissance d’un peuple ? Oui, cela aussi. Mais c’est encore bien davantage.

Dans cet ouvrage, je voudrais montrer que l’histoire de l’Exode nous raconte qui nous sommes. C’est un récit qui ne nous parle pas simplement de notre passé, mais également de notre futur. Il ne rapporte pas seulement notre naissance, mais notre destinée. Il nous dévoile pourquoi nous sommes ici et ce que nous sommes censés atteindre. Cette histoire relate ce que signifie être un peuple premier-né.

Dans les pages suivantes, nous allons examiner le récit de l’Exode en nous efforçant de dévoiler certains de ses mystères, dont le sens du thème du premier-né. Nous nous efforcerons d’aborder ce récit avec un regard frais et d’apprécier sa nouveauté. Je vous invite à me suivre dans ce voyage, afin qu’ensemble, nous puissions frissonner à la découverte de plaisirs inattendus, dévoilant les secrets cachés de cette antique saga sacrée. 

Extrait du livre :
« L’Exode à côté duquel vous avez failli passer »  du Rav David Fohrman édité par les Editions Téhila

Dans cet ouvrage, L’Exode à côté duquel vous avez failli passer, Rav Fohrman nous invite à examiner le récit de l’Exode avec un nouveau regard, à nous joindre à lui pour une nouvelle aventure guidée : une lecture attentive et précise de l’ancien texte biblique. En chemin, Rav Fohrman nous révèle un aspect de cette histoire, faisant lumière non seulement sur notre passé, mais également sur notre avenir, sur notre destin. Ce livre, L’Exode à côté duquel vous avez failli passer, dévoile les secrets enfouis de cette saga ancienne et sacrée. Il vous raconte l’histoire de l’Exode que vous pensiez connaître.

Le livre du Rav Fohrman est disponible dans les librairies juives en France et en Israël ainsi que sur Amazon et le site des Editions Téhila – www.editionstehila.com ainsi que sur Whatsapp +972586961824

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Dernière mise à jour, il y a 9 minutes