Blog : Balagan

Mr Jacques Brassard, l'ancien MP indépendantiste québecois, qui est aussi lecteur occasionnel de Balagan m'a fait parvenir la dernière chronique qu'il a publié dans le journal Le Quotidien. Elle est consacrée au pacifisme des québecois qui est problématique puisqu'un contingent de soldats québecois vient de partir relever des contingents de canadiens anglophones en Afghanistan. En effet, 70% des québecois sont contre cette mission anti-terroriste.

Le pacifisme des québecois

Depuis le 11 septembre 2001, nous sommes entrés dans une guerre mondiale, la Quatrième, après celles de 14-18 et de 39-45, et la Troisième, que l'on a désignée sous le nom de Guerre Froide, opposant le Monde Libre au totalitarisme communiste ( responsable, rappelons-le, de 100 millions de morts : lire le Livre Noir du Communisme). La Quatrième, elle, ne ressemble pas aux précédentes. Il n'y a pas de lignes de front. L'ennemi porte rarement un uniforme et il a surtout recours aux attentats terroristes. Et cet ennemi, c'est l'islamisme. « L'islam radical, écrit Daniel Pipes, un spécialiste de la question, dérive de l'islam, mais en fait une vision antimoderne, millénariste, misanthrope, misogyne, antichrétienne, antisémite, triomphaliste, djihadiste, terroriste et suicidaire. C'est un totalitarisme à la saveur islamique ». Et l'islamisme voue une haine féroce à l'Occident et à toutes les valeurs qui sont les fondements de notre civilisation : liberté, démocratie, état de droit, égalité des sexes, droit de propriété et droits fondamentaux de la personne.

Cette nouvelle guerre mondiale prend diverses formes : attentats terroristes contre des civils innocents partout à travers le monde ( Londres, Madrid, Istambul, Alger ); renversement de la dictature taliban en Afghanistan; démantèlement du régime tyrannique de Saddam Hussein; opérations des brigades de la terreur au Moyen Orient visant à anéantir Israël, cet avant-poste de l'Occident dans cette partie du monde; efforts des Mollahs pour se doter de l'arme nucléaire; actions conjuguées de l'Iran et de la Syrie pour faire du Liban un refuge des islamo-terroristes. Et cette guerre ne sera pas courte. Le Président Bush n'a pas cessé de le répéter.

La première et la plus essentielle des attitudes à adopter, c'est de se sentir concerné par cette guerre. C'est d'être pleinement conscient que c'est nous ( en tant qu'occidentaux) qui sommes visés par les actions de cette nouvelle barbarie idéologique que constitue l'islamisme. Je dis « nouvelle » parce qu'elle avait été précédée de deux autres qui, elles, ont été enfantées par l'Occident lui-même, la barbarie nazie et la barbarie communiste. Les Québécois, eux, par exemple, se sentent-ils concernés par cette Quatrième Guerre Mondiale' Pas le moins du monde. Le dernier sondage en fait foi : 70% des Québécois sont opposés à la présence militaire canadienne en Afghanistan. Pour les Québécois, le Canada ne doit pas se considérer comme partie prenante de cette guerre : ça ne nous regarde pas! Il faut dire que la dernière guerre dans laquelle les Québécois ( nos ancêtres en fait) se sont vraiment impliqués, c'est la guerre de la Conquête ( 1755-1760). J'exagère à peine, car pour toutes les autres qui ont suivi, et tout particulièrement les deux premières grandes guerres mondiales, ce fut toujours « la guerre des autres ».

Pas étonnant dans ce contexte que le pacifisme bête et naïf trouve preneur chez nous. Pourtant, comme le signalait l'Institut Hayek, « notre mode de vie, les valeurs de liberté et de démocratie qui le sous-tendent sont aujourd'hui exposés à une force fondamentalement malveillante, condensé de haine absolue et de barbarie à l'état chimiquement pur : l'islamisme ». Mais le déni du danger et de la menace est un vieux réflexe des sociétés démocratiques. Rappelons-nous comment à Munich, en 1938, les États démocratiques d'Europe ont cru bêtement au désir de paix du Führer et se sont couchés devant lui. Souvenons-nous aussi de la vague pacifiste déferlante dans les années 80 au moment où l'empire soviétique pointait sur l'Europe de l'Ouest ses fusées à têtes nucléaires.

Quand on prend en compte cette perspective historique, on comprend mieux pourquoi une large partie de notre classe politique ( Bloc, PQ, NPD, PLC) est tentée de voir une dérive aventureuse dans l'intervention militaire canadienne visant à protéger et à consolider la fragile et embryonnaire démocratie afghane. Pourquoi, se disent bien des politiciens, ne pas flatter complaisamment le peuple hostile à l'implication du Canada dans des terres lointaines et laisser à d'autres ( les Américains surtout) la responsabilité du combat contre la terreur islamiste' Heureusement, le PM Harper, malgré les sondages, demeure fermement convaincu que le Canada a un rôle à assumer dans le cadre de cette Quatrième Guerre Mondiale. Et il maintient le cap. Pour lui, il ne fait aucun doute que le Canada a le devoir et la responsabilité d'apporter sa contribution à la lutte contre la terreur et l'obscurantisme islamiste. Le courage et la lucidité ne se retrouvent certainement pas dans l'assujettissement à la logique pacifiste qui est une logique de capitulation et de défaitisme. L'Esprit de Munich plane encore sur l'Occident. Les capitulards y sont toujours légions.

Jacques Brassard